Depuis que j’ai lu « Scènes d’enfant« , l’an dernier, je fouine toujours en bouquinerie pour voir si je ne trouverais pas un Normand Chaurette. Et j’ai été ravie de trouver celui-ci lors de mon avant-dernier passage à Montréal. Ma petite maman d’amour adorée (oui, elle me lit… il faut bien que je la flatte dans le sens du poil un tout petit peu) a en plus eu la chance de voir (et d’aimer) la pièce il y a peu. Du coup, j’avais bien envie de voir ce dont il s’agissait… surtout que j’avais entendu chuchoter le nom de Shakespeare derrière tout ça.
Cette pièce ressemble fort à une réécriture de Richard III de Shakespeare du point de vue des femmes. Ces femmes à la fois dépendantes des hommes mais aussi assoiffées de pouvoir, de grandeur et pour certaines, d’amour. La piece se passe en 1483, pendant l’agonie d’Edouard IV. Tout Londres est sous la neige, le vent est fou et seule la plus haute tour du palais émerge encore de l’océan de neige. Les hommes, nous ne les verrons jamais. Il n’y a que les femmes.
Elisabeth, reine et épouse d’Edouard
Anne Warwick, qui accepte d’épouser Richard
Isabelle Warwick, épouse de George
Marguerite, ancienne reine d’Angleterre, étrangère aux yeux de tous
Cécile, duchesse d’York et mère d’Edouard, George, Richard et Anne Dexter
Anne Dexter, muette et soeur du roi
Dans cette pièce où la couronne semble être le Graal, on se passe joyeusement les enfants d’Elisabeth, on pratique la médisance et l’insulte avec art, on intrigue, on invente des rumeurs. Ces femmes sont prêtes à tout. Du moins, certaines d’entre elles. Reliées les unes aux autres, les actes de chacune débalançant les autres, elles tentent de faire leur place, tout en étant submergées par leurs fantasmes et désirs. La scène qui oppose Anne Dexter à sa mère est poignante, la fin de la duchesse d’York l’est également, d’une tout autre façon. Presque triste.
C’est donc la trame Shakespearienne, où les années n’ont guère d’importance (si j’ai bien compris certains férus d’histoire, George est mort quelque 10 ans avant la fatidique année 1983…). Il y a symboles à foisson (le vent qui repousse Marguerite encore et toujours vers l’Angleterre m’a particulièrement parlé) et j’avoue que je ne suis pas certaine d’être assez connaissante de l’oeuvre de Shakespeare et de l’histoire d’Angleterre pour réellement bien saisir tous les tenants et aboutissants, toutes les allusions, les images de la pièce. L’écriture m’a encore une fois réellement impressionnée. Sans imiter Shakespeare, on le sent quand même parfois très près derrière. Malgré la forme, il y a quelque chose de résolument moderne dans la langue utilisée.
Une lecture dont je ressors un peu perplexe mais tout de même satisfaite!
8 Commentaires
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Du point de vue des femmes ? Girl power !
Alex: Power… c’est encore drôle! Mais j’ai beaucoup aimé cette version.
Du moment que tu parles de shakespeare, j’aimerais pouvoir la lire encore mieux la voir sur scène. Est-ce une auteure très connue? Au festival d’avignon on peut voir des pièces québécoises de Carole Frechette et de Moujdi Mouawad; ce dernier a été l’invité d’honneur du festival, il y a quelques années.
ClaudiaLucia: C’est un auteur bien connu dans le domaine du théâtre québécois. Moujdi Mouawad est très « in » ces temps-ci… il faudrait que j’essaie!
Bravo! J’admire le style d’écriture.
De la piece? Mais je n’ai rien cité!
alors celui-là me tente beaucoup beaucoup 🙂
Yue: Pourquoi je ne suis pas surprise??