Si c’est d’abord la couverture, cette femme floue qui tente de regarder vers l’avant, qui m’a attirée, j’ai fini par écouter ce roman en audio car je suis tombée dessus à la bibliothèque. J’en avais un peu entendu parler, je savais que l’autrice était une féministe camerounaise… et c’est à peu près ça. Cette écoute a donc été une bonne surprise pour moi.
De quoi ça parle
Cameroun, région du Sahel. Trois femmes s’entrecroisent. Deux d’entre elles s’apprêtent à se marier, de passer de possession paternelle à possession du mari. Une autre voit son quotidien changer avec l’arrivée d’une nouvelle personne dans sa vie. Ramla, Hindou et Safira tenteront de faire entendre leurs voix dans ce monde où elles ont si peu de place.
Mon avis
Certains ont reproché à ce roman de ne pas offrir de vrai arc narratif, de ne faire qu’explorer le sujet. Je ne suis pas d’accord. Certes, il aurait pu, mais il aurait été autre chose. J’ai eu l’impression de trois fenêtres entrouvertes pendant un moment, fenêtres qui se referment par la suite sur ce qui est le quotidien de ces femmes. Ici, pas de miracle. Les filles font ce que disent leurs pères, puis leurs maris. Mounyal. Patience. Quand on t’impose une volonté. Quand on te reproche tout. Quand on te bat. Qu’on te viole. Patience. Patience.
Pour moi, c’était assez. Suffisant. Je ne sais pas si j’aurais pu en prendre davantage de toute façon. Le roman s’ouvre sur les discours qui sont faits aux filles lors de leur mariage et c’est effarant pour l’occidentale que je suis. Je ne suis pas là pour juger une culture qui m’est inconnue mais l’autrice a grandi dans cet environnement et le portrait qu’elle en fait frappe fort. Vers qui se tourner quand on perd pied? Quand la famille se fait complice? Les filles sont toujours fautives. Toujours. Même quand clairement, ce sont les hommes qui déconnent. C’est parfois d’une violence inouïe.
Ce qui lie ces femmes? La révolte, le désir de fuite, chacune à leur manière, avec un succès tout relatif. Chaque petit pas compte : apprendre à lire, à conduire, vouloir étudier, oser parfois parler, questionner. Parfois l’espoir pointe. Un frère qui se révolte, une réflexion qui fait du bien, certaines idées sur la condition féminine qui pointent le bout de leur nez.
Un texte qui touche, qui fait mal sans pour autant tomber dans le misérabilisme et qui nous fait entrevoir la vie derrière ces concessions fermées, dans ces familles polygames. Quand on n’y connaît rien, c’était assez. Je ne sais pas si j’aurais pu en prendre davantage. Toutefois, je me souviendrai de cette litanie, mounyal, mounyal…
6 Commentaires
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Une litanie que l’on n’oublie pas.
Auteur
Oui, une litanie qui marque et qui bouleverse.
Je n’ai pas lu ce roman là mais le second de Djaïli Amadou Amal, 3Coeur du sahel ». La romancière y dénonce la condition des domestiques employées dans les riches concessions (maisons des familles polygames) des Peuls musulmans.
Auteur
Je l’ai reçu en service de presse celui-là. Je vais laisser un peu passer Les impatientes et je le prendrai certainement!
Il est dans ma liste de mes envies 🙂
Auteur
Il est dur à lire. C’est tellement éloigné de mes valeurs!