Je continue ma découverte des Rougon-Maquart avec « Le ventre de Paris », le troisième tome. Dans celui-ci, nous sommes encore une fois à Paris, mais dans un Paris tout différent de celui de la Curée. Nous sortons en effet du monde des spéculation et des bals pour entrer tête première dans celui des Halles de Paris, un débordement de nourritures en tous genres, presque indécentes dans leur opulence.
Comme d’habitude, on rencontre un membre de la famille. Lisa, cette fois, la fille d’Antoine Macquart (qui est le fils d’Adélaïde Fouque et de Macquart… faut suivre). Lisa est charcutière au Halles. Elle est l’une des figures marquantes du quartier et est connue comme « la belle Lisa », grasse au milieu de ses saucisses et bien sanglée dans son corset. Avec son mari, Quenu, elle possède une belle boutique et s’embourgeoise graduellement, voulant vivre sa petite vie calme en restant tout à fait honnête. Du moins, en le paraissant.
Pourtant, Lisa n’est pas le personnage principal. Le protagoniste, c’est Florent, le frère de Quenu. Arrêté lors des événements du 2 décembre, il avait été condamné à l’exil et s’est évadé. De retour à Paris, il veut au départ se fondre dans la foule… mais va rapidement se laisser emporter par sa rage d’égalité sociale. Et comme c’est Zola, on peut se douter que tout ne va pas aller comme sur des roulettes pour tout le monde, n’est-ce pas. En effet, si les Halles sont le ventre de Paris, elles semblent manquer gravement de coeur.
Le ventre de Paris, c’est la bataille des Gras contre les Maigres (une théorie de Claude Lantier, que l’on retrouvera dans L’oeuvre, qui restera bien mystérieux) mais aussi la bataille quotidienne des vendeuses entre elles, les querelles interminables et les commérages incessants du quartier ou la vie de chacun est du domaine public. Les Maigres sont regardés de façon suspicieuse par les Gras qui s’engraissent encore et encore… et le pauvre Florent, idéaliste et ayant des rêves frôlant l’utopie, fait peur aux Halles et à sa foule grouillante.
J’ai donc aimé, malgré les répétitions et les descriptions assez longues des étals de légumes et des caractères des personnages, que nous découvrons petit à petit. Ici, personne n’est parfait. Lisa, qui se veut si honnête, laisse petit à petit entrevoir son côté Macquart et on a le goût de secouer Florent et Quenu. Mais le pire, le pire, ce sont les vilaines commères, Mme Lecoeur, Mademoiselle Saget et la Sariette, il y avait LONGTEMPS que je n’avais pas détesté autant des personnages, surtout Mlle Saget. Assez pour que je me sois exclamée d’une vois retentissante (devant public, sinon ce ne serait pas drôle) : « Ah, Fucking Bitch »! Imaginez les regards autour de moi!
La preuve que Zola peut faire réagir encore en 2016, même si pour plusieurs, c’est « daté »!
14 Commentaires
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Oui, Émile Zola, c’est daté, mais pas comme un roman qui aurait mal vieilli. C’est daté parce que ça évoque une époque et que ça s’inscrit pleinement à l’intérieur.
Un de mes volumes préférés de la saga Rougon-Macquart ! 🙂
Auteur
Oui, pour ça, tu as tout à fait raison. C’est tellement représentatif d’une époque, on dirait une véritable toile, en fait!
Moi j’avais beaucoup aimé celui-ci. Bonne poursuite dans les Zola. J’ai un peu honte mais j’ai commencé La conquête de Plassans il y a au moins six mois et je n’ai pas terminé car je le laisse au boulot pour lire pendant ma pause mais finalement je finis par aller sur l’ordi au lieu de lire et il me reste donc quelques 50 pages à terminer. Tu vas finir par me rattrapper.
Auteur
J’en suis au tiers de la conquête de Plassans… qui est dans mon ipod! Il faudrait que je me remette à l’écouter hein!
Tu jures en anglais, toi !
Auteur
Oui… ça me semble moins vulgaire, en fait… silly me!
Zola, mon auteur-préféré-de-tous-les-temps (au moins) ! J’aime beaucoup « Le ventre de Paris », même si j’avoue qu’il m’a été difficile de me représenter les Halles à la première lecture (parce que moi, tu me dis « Les Halles », je visualise le trou béant à côté de Saint-Eustache). Mais les personnages sont abominables de noirceur, de rancœur, de petitesse… Zola est toujours très moderne dans son propos (j’ai lu « L’Argent » au moment de la crise de 2008, c’était savoureux).
J’ai hâte de connaître ton avis sur ses autres œuvres.
Auteur
Pour être abominables de petitesse, ils le sont… Zola nous montre tous les aspects de la nature humaine, et pas que les bons. En effet, dur de voir ce qu’étaient les Halles… mais avec ce roman, on y parvient presque. Avec un peu d’aide de notre ami Google!
Un de mes préférés de l’auteur !!
Auteur
J’ai aimé aussi… c’est un roman qui marque, je trouve.
Je me souviens avoir lu en diagonale quelques descriptions d’étalages de bouffe un peu longuettes, mais sinon j’avais beaucoup aimé!
Comme j’aime ce roman ! A tel point que je l’ai choisi pour le premier cours que j’ai donné à la fac de lettres !!!
Relu il y a peu et il est pour le moment mon préféré des trois que j’ai relus. Même si tout de même j’ai beaucoup d’affection pour La fortune des Rougon, avec Silvère, Miette et la Tante Dide.
Pour l’anecdote, vivant à Paris, je suis allée prendre le livre en photo avec Saint Eustache en arrière-plan XD Je l’ai mise en photo d’illustration sur mon billet à propos du bouquin.
Auteur
Je l’ai relu depuis (je me demandais pourquoi j’avais moins aimé) vu que c’est l’un de ceux qui m’ont laissé les souvenirs les plus forts, après coup! Et oui, ça m’a fait bizarre de voir St-Étienne et les Halles du moment ensuite… limite que j’ai trouvé ça dommage! Cool pour la photo!