Le peintre d’éventail – Hubert Haddad

peintre-d-evantail.jpgComment ne pas se laisser charmer par un tel titre, hein, comment?   Je ne connaissais pas du tout l’auteur (mais je vois qu’il a quoi… 21 romans/essais/poésies publiés chez Zulma, qui fait généralement des choix éditoriaux que j’apprécie) alors je n’ai pas hésité.  Et j’ai bien fait parce que j’ai beaucoup aimé.

 

Nous sommes donc au Japon, de nos jours.  Pourtant, c’est dans un univers un peu hors du temps que nous amène l’auteur.  Hors des grandes villes, dans une auberge tenue par Dame Hison, une ancienne prostituée, où plusieurs ne veulent être vus, pres d’Atôra.  Conséquemment, c’est une bulle un peu étrange peuplée de personnages hors-normes et fantasques.  Il y a Monsieur Ho, commerçant un peu vulgaire dans ce contexte.  Aé-Cha, une vieille fille semblant perdue dans un autre monde.   Osaki, jardinier artiste vivant dans une cabane au fond du jardin.  Sans oublier Matabei, dont l’histoire nous est aussi contée par Hi Han, son ancien élève.

 

Matabei a abouti à Atôra en raison d’un fugace sourire qui a disparu brutalement.  Il a coupé les ponts avec son ancienne vie, son passé d’artiste et d’homme du monde à Kobe et Kyoto.  Petit à petit, il devient l’ami d’Osaki, qui a créé un jardin magnifique, presque onirique, respectant la nature, ses lois, ses beautés naturelles.  Sans trop savoir pourquoi ou comment, Matabei se fondra à ce décor et à cette vie, lui qui n’était plus de nulle part.  Jusqu’à ce que tout bascule.

 

Je vous le dis d’emblée, c’est de l’écriture dont je suis tombée amoureuse.  Pleine d’images, elle rejoint nos sens et réussit à nous transporter dans ce jardin avec ses couleurs, ses bruissements, ses jeux de perspectives et ses chants.  La scène où il décrit la forêt de bambous est juste magnifique.  Le tout dans un style fluide, détaché, à l’instar de plusieurs auteurs japonais que j’ai lus (même si bon, le style reste différent….)  La vie de Matabei nous est racontée par fragments, alors que Hi Han la récole pendant la nuit ultime.  Et ça dépasse le jardin, l’art, les évantails et les haïkus qui y sont inscrits (j’aime les haïkus qui saisissent l’instant.  D’amour).   C’est une quête de soi, de sérénité, d’apaisement malgré les bouleversements du pays, son instabilité et les tremblements de terre réels et métaphoriques qui le secouent.  C’est une histoire d’apprentissage, de passage.  C’est le leg des connaissances, des visions, d’une génération à l’autre.  C’est préserver la sagesse et la mémoire.

 

Un très beau livre tout en délicatesse, qui se lit d’un souffle.  J’ai réellement apprécié.

36 Commentaires

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  1. Je ne suis pas très tentée par la culture asiatique, mais j’aimerais un jour découvrir cet auteur. Zulma n’est pas un éditeur que je lis souvent.

    1. Sandrine: Ah non?  Pour ma part, j’aime bien leur ligne éditoriale, je découvre souvent des trucs que je n’aurais jamais lus autrement.

  2. Il me le faut celui-là ! j’avais beaucoup aimé « vent printanier », recueil de quatre nouvelles. Il a une plume sensible et magnifique.

    1. Aifelle: Je pense alors que ça peut te plaire!

  3. C’est le titre qui m’a attirée aussi et puis le thème sur le Japon bref il a tout pour me plaire! Il est dans ma pile à lire dans les jours prochains…Après ton billet j’ai encore plus envie de le découvrir !

    1. Fleur: Depuis le temps, tu l’as lu??  Comment tu as trouvé?

  4. J’ai lu Vent printanier aussi, et j’ai été séduite, enchantée par la langue française d’Hubert Haddad. Du coup, celui-ci (avec le livre de haikus) a rejoint mes étagères…

    1. Anne:  Si tu aimes la plume, je suis pas mal certaine que ça va te plaire.

  5. Ah, le titre…! Il me tente vraiment moi aussi. 🙂

    1. Amélie: N’est-ce pas que ce titre est magnifique!

  6. Il faudrait que je découvre cet auteur. 

    1. Valérie: Ca a été une belle découverte pour moi.

  7. Je n’ai entendu/lu que de très bons échos sur ce roman. De l’auteur, je n’ai lu que « Opium Poppy » dont j’avais beaucoup apprécié la plume.

    Je vais attendre la sortie en poche du peintre d’éventail.

    1. Aaliz: Je note Opium Poppy, donc.  Je veux vraiment découvrir autre chose de l’auteur.

  8. Celui-là est fait pour moi on dirait 🙂

    1. Yue: Tu as pu le dérober à ton Papou??

  9. J’en ai envie !

    Le Papou

    1. Le Papou: Tu vois, je t’ai écouté… et je t’ai lu bien avant de répondre au commentaire, comme tu peux le constater!

  10. je crois aussi que je vais aimer ! merci pour ce compte-rendu !

    1. Aurélie: Je me croise les doigts pour que ça te plaise alors.

  11. Pareil : je ne connaissais pas du tout l’auteur. J’ai bien aimé même si je préfère les auteurs japonais.

    1. Lewerentz: J’ai trouvé ça assez différent des auteurs japonais, en fait… j’ai beaucoup aimé cette façon de décrire différente.

  12. Ca y est, tu as réussi à me convaincre.

    1. Alex: Yéééé!

  13. Déjà, le titre est un poème!

    S’il croise ma route, il est certain que je ne lui résisterai pas.

    1. Lucie: N’est-ce pas que le titre est magnifique!  Et j’ai aussi beaucoup aimé le roman.

  14. je pense que j’aimerais beaucoup ce roman

    1. Denis: Selon ce que j’ai lu de tes lectures, je pense aussi que ça pourrait te plaire!

  15. Je suis depuis longtemps amoureux de l’écriture d’Hubert Haddad, tellement sensible et magnifiquement imagée. Un grand monsieur !

    1. Jérôme: Je ne peux que plussoyer!

  16. Ah ah, il va bien falloir que je me décide à le lire !!

    1. Stephie: Je conseille en tout cas.  Je suis curieuse de voir ce que tu vas en penser!

  17. Ça y est, il est commenté et passé à qui de droit. J’ai même mis un L = un petit coeur.

    Merci Karine,

    Le Papou

     

    1. Le Papou: Ravie alors!

  18. Hum non toujours pas !

    1. Fleur: :)))

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