Imaginez-vous donc que j’ai pu lire ce roman au Japon, et que je l’ai fini le même matin où j’ai pu visiter le pavillon d’or en question. Il faut donc vous imaginer que cette lecture a un petit goût très particulier pour moi. C’était un moment… fort japonais, quoi que c’était ma foi pas mal plus glauque dans le roman que dans le voyage.
De quoi ça parle
Ce roman raconte l’histoire du prêtre qui a brûlé le Pavillon d’Or en 1950. Mizogushi, fils d’un prêtre boudhiste, a grandi avec l’idée, inculquée par son père, que le Pavillon d’or était le summum de la Beauté, avec un grand B. Cette image va devenir pour lui la référence du Beau, alors qu’il se voit comme laid et surtout handicapé par un bégaiement important. Petit à petit, le bâtiment va tourner à l’obsession.
Mon avis
Comme je vous l’ai dit ci-haut, j’ai lu ce roman à Kyoto. Et parce que je suis bizarre, je m’imaginais les personnages du roman se balader dans les rues d’aujourd’hui. Le novice Tsurukawa et son pas joyeux, le cynique Kashiwagi qui pose son regard cynique sur le monde et bien entendu Mizogushi, errant dans les rues en réfléchissant à la philosophie, à la beauté et à sa propre place dans ce monde, lui qui se considère laid et disgracieux.
C’est avant tout un roman psychologique, que nous passons dans l’esprit d’un homme profondément perturbé, qui se pose beaucoup de questions et qui a l’impression que son bégaiement et le délai qu’il impose à sa parole crée une barrière entre lui et le monde, qu’il ne sait pas comment appréhender. Sa vision de l’univers est teintée de son auto-perception et de sa vision très particulière du Bien et du Mal et de son évolution éclairée par ces thèmes. Il se laisse prendre par les apparences et sera secoué quand il réalisera que parfois, tout n’est pas visible. Il a une relation amour/haine avec le Pavillon d’or, qui représente ce qu’il ne pourra jamais être.
La langue est magnifique et les descriptions très évocatrices. On se croirait dans ce monde mouvant et flottant, faire cette lecture est un véritable voyage dans le temps. Je n’ose même pas m’imaginer ce que ça doit être de lire le roman en japonais, langue truffée d’images et d’expressions poétiques. Entendons-nous, c’est une lecture exigeante, qui demande du temps et de l’attention. C’est loin d’être un roman réjouissant de plus. L’atmosphère est poisseuse, certaines pensées ne sont clairement pas confortables. Mais c’est pour moi une lecture marquante, très ancrée dans son époque vu que Mishima a imaginé l’un de ses contemporains.
Bref, je relirai du Mishima. Confession d’un masque m’attend.
2 Commentaires
quel beau rapprochement , lire un roman dans le lieu qui a inspiré l’auteur .
Auteur
Écoute, ça a été un Expérience, avec un E majuscule!