Le miroir des courtisanes – Sawako Ariyoshi

À mon retour du Japon, j’ai eu envie de rester dans cette atmosphère si particulière, dont les codes et les coutumes diffèrent tellement des miennes. Du coup, une plongée dans le Japon de l’ère Shôwa était tout indiquée.

De quoi ça parle

Née dans la péninsule de Kii, Tomoko est élevée par sa grand-mère suite au remariage de sa mère, femme magnifiquement belle mais aussi vaine que dénuée d’instinct maternel. Elle sera vendue comme apprentie geisha et devra toute sa vie composer avec cette relation mère-fille houleuse et souvent malsaine.

Mon avis

Quel plaisir que de retrouver l’atmosphère d’un Japon rêvé, maintenant disparu, à travers ces pages. C’est tout le milieu du 20e siècle qui nous est raconté à travers la relation de Tomoko et de sa mère, dans un monde où les femmes ne sont qu’épouses et qui, si elles ne correspondent pas à ce modèle de douceur, de féminité et de dévotion, nageront toujours à contre-courant. Il ne faut pas s’attendre à beaucoup de « closure », il ne faut pas non plus s’attendre à voir les bonnes actions récompensées car nous sommes face à des femmes qui prennent des décisions très pragmatiques, logiques selon leur situation. Est-ce que ce sont toujours des bonnes décisions? Qui sommes nous pour juger? La culture est différente, l’époque est différentes et le monde des geishas et du quartier des plaisirs nous est pratiquement inconnu. Tout est tellement codifié.

Bref, lire ce roman, c’est être ailleurs et laisser notre cadre de référence à l’entrée. On y retrouve la délicatesse japonaise, le soin apporté aux détails, notamment à ceux des kimonos qui prennent énormément de place dans l’histoire et qui sont souvent révélateurs de la relation entre la mère et la fille. La vie de Tomoko ne sera pas toujours facile mais elle est travaillante, intelligente et réussira à se relever, envers et contre tous. Blessée par la relation avec sa mère, elle souffrira énormément par sa faute et sa personnalité s’en trouvera influencée. Et nous, comme lecteur, on a le goût de la secouer pour être si naïve, pour tomber dans le panneau même si au font, elle sait ce qui l’attend… bref, rien de simple.

Et je crois que ce qui m’a le plus plu est de voir le passage des années, de voir les traditions changer petit à petit et de les voir à travers le regard de la protagoniste qui perd par moments ses repères. On saute parfois plusieurs années, on se demande où nous en sommes, mais ça a très bien passé pour moi. Je ne sais pas si j’aurais saisi tant de détails si je n’arrivais pas tout juste du Japon et si je n’avais pas entendu parler de la culture par des japonais… mais j’ai eu un excellent moment de lecture.

4 Commentaires

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  1. Les femmes japonaises sont, à l’image de la culture japonaise, complètement étrangères à nos valeurs. Elles ne vivaient que dans l’ombre des hommes. Il en reste encore quelque chose aujourd’hui.

    1. Oui, je pense que oui. C’est vriament particulier comme socité et quand on visite de l’extérieur, on reste étrangement extérieur et on sent qu’on nous montre seulement ce qu’ils veulent bien.

  2. Une lecture qui me tente, pour me rappeler mon voyage de l’an dernier.

    1. Ah, si tu es allée au Japon en plus… je pense que ça peut te plaire!

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