Le Maître et Marguerite – Mikhaïl Boulgakov

Maitre-et-Marguerite.jpgPrésentation de l’éditeur

« Écrit sous la terreur par un homme malade et désespéré, Le Maître et Marguerite a mis 25 ans pour s’imposer comme l’un des chefs-d’oeuvre de la littérature russe et devenir un livre culte dont la construction diabolique n’a pas fini d’enchanter les lecteurs.

 

Comment définir un mythe?  Les personnages de ce roman fantastique sont le diable, un écrivain suicidaire et un chat géant, Jésus et Ponce Pilate, la plus belle femme du monde… On y trouve meurtres atroces et crucifixions (sérieux??  Où, ça ces crucifixions, je n’en ai vu aucune, moi…).  C’est une satire acerbe, une comédie burlesque, une parodie politique, un poème philosophique dévastateur avec des fantômes et des transformations magiques. 

 

Mais cette fantasmagorie baroque, ce film noir, cette vision d’apocalypse est aussi l’une des plus belles histoires d’amour jamais écrites. »

 

Commentaire

Lire « Le maître et Marguerite, ça a été toute une expérience.  J’ai d’abord été étonnée et déboussolée par l’abondance de personnages… Non, sérieusement, il y a autant de personnages, avec patroymes russes, of course,  dans ce roman que de rues à Barcelone, ce qui n’est pas peu dire.  Heureusement, le roman n’a pas subi le même sort que la carte de la dite ville.     J’ai été aussi un peu perplexe face à l’absence du Maître (et de Marguerite) qui apparaissent assez tardivement dans le roman.  Et bon, j’avoue, ça allait dans tous les sens… Un homme qui perd la tête, un mystérieux inconnu, un magicien,  un chat qui parle, Ponce Pilate… hmmm… weird.  Puis j’ai décidé de laisser couler et de voir où ça allait m’amener sans trop chercher à comprendre… et pour finir, ça a été la bonne méthode pour moi: j’ai beaucoup aimé. 

 

En gros, qu’est-ce?  Satan qui débarque à Moscou pendant quelques jours, et qui va y foutre un bordel pas croyable.  Avouons que ce Satan a un petit côté facétieux et que ses interventions sont parfois cruelles mais le plus souvent assez hilarantes.  À tel point que je me suis prise à le trouver « sympathique », malgré sa propension à faire du trouble partout où il passe et à envoyer les gens à l’asile de fous.  Il faut dire que ses victimes sont souvent assez bien choisies… Certaines scènes sont délirantes, carrément burlesques (la sortie du théâtre m’a fait mourir de rire.  Et que dire du choeur d’employés…) tandis que d’autres sont fantasmagoriques, remplies de symboles, et magnifiques.  Je pense par exemple au bal chez Satan ou aux passages à Jérusalem.   D’autres plus courts passages, plus philosophiques, qui parlent de bien et de mal, m’ont fait réfléchir et teintent tout le roman malgré leur brièveté.  C’est foisonnant et la plume de l’auteur s’adapte à merveille aux différents types de scènes.   Ça m’a donné une envie folle – again –  de visiter Moscou. 

 

Mais « Le Maître et Marguerite », c’est aussi une satire et une critique de la vie en Union Soviétique dans les années 30.  C’est le règne de Staline, l’époque des appartements communautaires, de la propagande, de l’usage de l’art pour la dite propagande, des interrogatoires ridicules et « stagés » ainsi que des arrestations en masse pour de futiles prétextes.  Et tout ceci, on le ressent à travers les allusions de Boulgakov où l’histoire est réinventée, où personne ne s’étonne de la disparition des gens et où la crainte de l’étranger est omniprésente.  Bon, avouons, j’ai été bien aidée par les notes de bas de page et par mes lectures subséquentes parce que je n’aurais vraiment pas tout vu si j’avais lu toute seule.  L’auteur fait passer son message sans jamais paraître lourd ou plaqué.  On parodie des slogans, des habitudes, des modes de vie.  Et ça passe ma foi fort bien.  

 

Le Maître serait une représentation de le l’auteur, personnage ma foi difficile à cerner, qui se trouve lâche et qui ne sait plus trop quelle est sa place.  Le Maître qui aime Marguerite, prête à tout pour retrouver celui qu’elle aime.   C’est cet amour que j’ai trouvé le moins crédible dans le roman, en fait…  Des âmes soeurs, certes, mais bon, on se demande bien ce que Marguerite peut trouver au Maître, à part son écriture, qu’elle vénère.  L’art a une place très importante dans le roman, que ce soit en raison des professions des personnages, du thème de Faust, omniprésent ou de l’écriture, de la musique.  En effet, en Union Soviétique, l’art devait servir le parti…  la censure faisait rage et les mouvements anti-religion aussi.  On sent cette préoccupation partout dans le roman et sous les blagues, les folies et le grand n’importe quoi qui s’en va un peu partout, il y a réellement une ligne directrice claire. 

 

Certes, on pourrait reprocher certains trucs incohérents à la fin du roman… sauf que bon, l’auteur est mort avant la dernière relecture, ce qui n’a certainement pas aidé. 

 

Une lecture particulière, mais beaucoup mois classique que la littérature russe que j’ai lu jusqu’à date et surtout ma foi très drôle et très riche. 

 

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Roman lu dans le cadre du Blogoclub de lecture de Sylire et Lisa auquel je n’avais pas participé depuis un moment. 

 

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Et aussi valide pour le challenge de Pimpi!

52 Commentaires

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  1. On a eu la même lecture à ce que je vois (et oui encore !) Puis, je me dis, ouah, elle a réussi à voir plein de symboles et de choses que je n’ai pas décrypté. Mais tu me rassures en disant que les notes en bas de pages t’ont aidées Je ne les avais pas, car contrairement à l’image insérée dans mon billet, je l’ai lu en version électronique sur mon reader et je n’avais donc pas ces notes

    1. Manu: Yep, même lecture… pourquoi je ne suis pas étonnée, hein!  Dans ce cas, je pense que les notes m’ont vraiment aidée à apprécier ce roman et à voir où l’auteur voulait en venir.  Certains qui connaissent mieux l’époque n’en auraient peut-être pas eu besoin mais bon, moi, c’était nécessaire!

  2. je l’ai lu il y a un an environ, et c’est vrai qu’au début on est un peu perdu, mais au final c’est une lecture très agréable et instructive sur la Russie à l’époque…

    1. Kathel: Tout à fait d’accord.  Quand on comprend un peu où ça s’en va, ce que vient faire Ponce Pilate dans l’histoire… tout s’éclaire.  Et je suis allée lire ton billet et on a quand même ressorti plusieurs scènes semblables!

  3. Je l’ai acheté récemment… en me disant que je ne connaissais pas assez de classiques russes ! je vois que j’ai bien car tous les points que tu abordes aussi bien la présence des arts que la critique stalinienne m’intéresse… J’ai hâte de me plonger dans ce roman en attendant le jour (qund je serai à la retraite ou le jour où je gagnerai au loto !!!!) où je pourrai voir Moscou !!!

    1. Maggie: Si tu aimes la critique de l’époque, tu seras servie.  ET dis, si tu gagnes à la loto et que tu vas à moscou, tu m’amènes?  J’en rêve!

  4. J’avais adoré ce roman et notamment son côté foutraque ! C’est un peu perturbant au début mais je m’y étais bien faite. Un excellent souvenir de lecture pour moi.

    1. Titine: Foutraque, voilà, c’est tout à fait ça.  Il nous faut un moment pour trouver des repères, c’est déstabilisant mais ça m’a beaucoup plu!

  5. Un coup de coeur pour moi que ce roman. Excellent commentaire Kikine.

    1. Suzanne: C’est vraiment un roman qui m’a fait un drôle d’effet… et qui m’a fait rêver de bizarres de choses.  J’ai beaucoup aimé, j’ai été « impressionnée », je crois!  (Et bon, c’est Karine, pas Kikine… mais on a le même nom dans la vie alors j’avoue, c’est mêlant!)

  6. je viens de lire les avis de mango et manu, je pense que je vais le mettre sur la LAL

    1. Niki: Je ne suis pas encore passée chez Mango… j’y cours!  C’est une lecture particulière, il faut se donner le temps de s’y plonger.  Mais pour moi, ça a valu le coup!

  7. Pas de pb lol !!!! Moi aussi j’en rêve ! Mais tu n’y es pas déjà allée ?

    1. Maggie: Nope, je ne suis jamais allée.  Il faudra que je profite d’un voyage à Paris pour aller passer quelques jours à Moscou… un jour ;)))  Je ne trouve personne qui veut venir pour un log voyage en Russie!

  8. C’est un livre que j’ai beaucoup aimé relire pour le blogoclub. C’est vrai qu’il est foisonnant, mais je ne m’y perds pas. Et quelle éciture !

    1. Gambadou: J’avoue m’être un peu perdue dans les noms au départ.  Mais c’est un livre que je relirai certainement un jour, j’y trouverai sans doute encore plus de choses!

  9. Ah ce roman! Effectivement il détonne un peu pour un « classique », mais justement j’avais aimé cette surprise du burlesque et délirant dans un roman russe. Je me souviens, juste pour le bémol, ne pas avoir été convaincue par la fin. Ma lecture remonte, alors les détails sont flous maintenant…

    1. A girl from earth: J’ai vu dans la fin une réaction à l’anti-religieux qui était de mise à l’époque et bon, il y a des incohérences, j’avoue… mais c’est vrai que c’est un classique un peu particulier, pour ne pas dire very particulier!

  10. J’aime beaucoup ton billet et ta lecture très « cool ». Merci d’avoir participé cette fois. Il y a moins de monde que d’habitude. Le titre a fait peur sans doute.

    1. Sylire: J’ai tendance à rendre plusieurs lectures assez « cool » en fait.  Je pense que la littérature russe fait quand même peur et qu’elle n’intéresse pas tout le monde non plus…  Moi, j’adore alors je ne vais pas me plaindre hein!  Merci de tenir encore le club, même si je ne participe plus si souvent qu’avant…

  11. Désolée d’avoir écrit en gras

    1. Sylire: No problem… je réponds toujours en gras sur mon blog alors j’ai tendance, du coup, à faire la même mise en page chez les autres… I can totally relate!

  12. Je réponds aussi en gras et j’ai le même travers que toi

    1. Sylire: J’en étais certaine ;))

  13. Pour ce qui est de la participation, je comprends. On est très sollicité quand on tient un blog et quand les lectures communes sont une corvée, il ne faut pas se forcer. Tu n’es pas obligée de participer si le livre ou le thème ne te plait pas.

    1. Sylire: En fait, c’est surtout que je ne veux plus acheter de livres pour une lecture commune.  J’aime encore ça, de temps en temps, mais ma pile fait carrément peur et comme je n’ai aucun sens de la mesure, je fais attention… un tout petit mini peu.  Sur ce, je suis consciente que je me prive de découvertes…

  14. Quelle joie cette lecture!  Finalement elle est drôle et pas du tout si difficile qu’on se plaît parfois à le dire, une fois passé le désir de tout comprendre au début. Il faut se laisser aller. On sait bien que pour vraiment bien cerner ce genre de livre de toute une vie d’auteur ou presque,  il faudrait le relire plusieurs fois mais nous ne sommes que des lectrices qui lisons pour le plaisir (je pense que tu es comme moi) et vraiment ce livre ne devrait pas faire si peur. Je m’attendais à une plus grande participation au blogoclub. 

    1. Mango: Oui, je suis tout à fait comme toi, je lis pour le plaisir et je prends ce que le livre m’apporte à ce moment précis.  Il fait peur mais au fond, il n’est pas si difficile à lire, ce roman.  ET quand on se laisse aller dedans, c’est un vrai plaisir!

  15. Un roman très complexe semble-t-il mais pourquoi pas !

    1. Iluze: Complexe oui, mais pas « difficile ».  Oui, li y a beaucoup de personnages, et on se demande où ça va mais je me suis laissée porter… et ça a très bien fonctionné pour moi.  J’aime le grand n’importe quoi alors bon, ça aide, hein!

  16. Comme toi j’ai été déboussolée au début et j’ai trouvé les notes essentielles pour la compréhension de la satyre politique et pour l’aspect symbolique (toutes les références à Faust, à Dante, etc.). Le seul hic c’est que dans mon édition les notes étaient regroupées à la fin ce que je trouve toujours agaçant car on doit toujours interrompre sa lecture! Les passages à Jérusalem sont absolument magnifiques, c’est ce que j’ai préféré! J’ai ressenti la même chose face au couple Maître-Marguerite, on dirait qu’il manque quelque chose pour qu’on adhère à 100%…

    1. Grominou: Exact pour les références à Dante pour moi.  Je ne les aurais pas toutes saisies, loin de là.  Dans mon édition, les notes de bas de page était vraiment au bas de la page.  Soupir de soulagement, j’aime pas les notes à la fin.  J’ai aimé les passages à Jérusalem mais aussi les scènes complètement folles, quand les gens sont face aux conséquences des actes de Woland (et de leur propre connerie, souvent)… my god que j’ai pu rire à la sortie du théâtre!

  17. il est dans ma PAL! la profusion de personnages dont tu parles me fait un peu peur… on verra!

    1. Violette: En fait, au début, il ne faut pas se laisser intimider.  On finit rapidement par les démêler et anyway, l’auteur nous précise à chaque fois ou presque de qui il s’agit.  Alors bon, ça va! ;))

  18. J’ai essayé de te répondre hier mais mon commentaire n’est pas passé. J’ai lu les deux tiers de ce roman puis je l’ai laissé de côté alors que je le trouvais vraiment fascinant, autant dire que vu sa complexité je vais pouvoir le reprendre depuis le début 😉 C’est un roman vraiment très curieux !

    1. Lou: ah oui, les mystères des commentaires sont impénétrables…  Mais je pense que tu as raison, tu risques de devoir le reprendre du début… sinon, tu vas être complètement perdue dans tous ces personnages et le comique de certaines situations risque de t’échapper!

  19. c’est bien de lire ton avis après celui de Gambadou, ultra enthousiaste. Cela m’évitera, maintenant que j’ai très envie de le lire de chercher Le Maitre (et Marguerite). Voilà bien une chose dont j’ai horreur: les titres qui ne correspondent que de très loin à l’histoire. Bref. Ce sera donc ma prochaine lecture venue du froid!

    1. Choupy: En fait, au final, je trouve le titre bien choisi.  Sauf que bon, au début, on se demande d’où il sort!

  20. Curieux que ce « mythe » n’est pas envahi la blogo plus vite, notamment lors de challenge russie ou autre ! Bon, dans ton billet, y’a des trucs qui m’inquiète (comme la quantité des personnages), mais pourquoi pas, un jour !)

    1. Géraldine: Je pense qu’il fait un peu peur, en fait.  Pourtant, bien qu’il soit bourré de symboles, on peut apprécier sans tout saisir… j’en suis la preuve!  Et bon, les personnages, ça vient tout seul, même si c’est déstabilisant au début, comme dans plusieurs romans russes!

  21. ah, quand même… je suis rassurée alors, parce qu’il n’y a rien de plus agaçant qu’un titre ou une couverture hors de propos par rapport au contenu du livre!

    1. Choupy: Tu verras bien!  Mais bon, ils ne sont pas là avant la seconde moitié du roman!

  22. Tout comme toi, j’ai eu quelques difficultés à entrer dans le roman, mais je ne regrette pas de m’être accrochée ! Ce roman a été un vrai coup de coeur, j’ai vraiment adoré le mélange entre burlesque, critique sociale, et petite touche de fantastique.

    1. Jana:  C’est un mélange qui détonne mais c’est ma foi très réussi.  On doit s’accrocher, se laisser aller… et c’est vraiment bien!

  23. C’est un livre que j’ai lu il y a quelques années maintenant. Il fait partie de mes livres favoris et je le recommande à tout va ! 😉

    1. Lounima: C’est toute une expérience de lecture, en tout cas!  Je le recommanderai aussi, mais pas à n’importe qui!

  24. Mon chum me l’a offert Noël dernier et je ne l’ai pas encore ouvert, mais en général il est ma référence en littérature russe. Je ne m’attendais donc pas à ce texte un peu loufoque dont tu nous parles, car cela ne semble pas son genre, mais fort probablement que je vais beaucoup aimé pareil.

    1. GeishaNellie: J’ai hâte d’avoir ton avis, alors.  Bon, ce n’est pas seulement loufoque, hein, il y a aussi toute une critique de société derrière ce grand n’importe quoi apparent.

  25. C’est clair qu’il y a une critique de société. Les Russes ont beaucoup souffert et on le sent dans leurs oeuvres, il n’y a qu’à lire même les poèmes de Pouchkine. Ils ont rêvés d’une meilleure société, ils se sont battus pour et ils ont finis avec l’union soviétique. Je pense que les auteurs ne pouvaient pas passer à côté de ça.

    Oups … je me suis laissée emporté 🙂

    1. GeishaNellie: L’histoire de la Russie est passionnante pour ça (bon, pour ceux qui ont vécu le truc, c’était probablement moins passionnant).  C’est incroyable ce qu’on sent de souffrance et oui, ça se ressent dans tout le domaine artistique. 

  26. Un excellent roman en effet. Riche, dense, foisonnant, parfois déroutant, mais un roman qui reste en mémoire. Une visite originale de Moscou !

    1. Yohan: C’est en effet une façon tout à fait originale de visiter Moscou.  Une expérience de lecture déstabilisante mais très agréable.

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