J’ai lu ce roman parce qu’il devait être dans une liste de prix littéraire quelconque. Des fois, je fais des fixations sur les listes. Êtes-vous surpris?
De quoi ça parle
Youssef est enseignant en France. Il est homosexuel, né au Maroc, et il doit revenir à Salé, sa ville natale, à la mort de sa mère, matriarche solide et ayant mené sa famille d’une main ferme. Là-bas, il va se souvenir. De ses soeurs et de Najib, qu’il croit avoir aimé.
Mon avis
Je n’ai jamais lu Abdellah Taïa. Quand j’ai lu ce roman, j’étais certaine que c’était un premier roman. C’est que nous sommes ici dans le retour aux sources, aux traumatismes originels. Ceci dit, ce n’est pas du tout le cas. Mais même si j’ai quelques petits bémols, j’ai globalement passé un très bon moment de lecture.
Je suis toujours partante pour les romans un peu nostalgiques, Et j’aime aussi les constructions un peu floues, qui nous baladent entre passé et présent, et parfois entre fantasme et réalité. C’est le cas ici, avec un homme qui revient dans la ville qui l’a vu grandir et qui revit son enfance et son adolescence dans un pays où être gay n’est pas bien vu. Ce qu’il a vécu, presque au vu et au su de tous sans que personne ne fasse quoi que ce soit, a influencé sa façon de considérer famille et passé.
Entendons-nous, on est dans le flou-mou, C’est un homme blessé qui nous parle du destin des hommes gays au Maroc, du poids des familles et des traditions et sur la nécessité, parfois, de partir pour survivre. Les soeurs sont presque un choeur antique, qui sont presque la voix de la bien-pensance, celle qui a occasionné la souffrance de Youssef. Au départ, leur traitement étonne tant il peut sembler misogyne mais je l’ai perçu comme le reflet de valeurs qui se sont imposées à elles, les jeunes filles vivantes ayant été laissées derrière parce que c’est ce qu’il faut faire.
Le style ne plaira pas à tout le monde mais pour ma part, il m’a beaucoup touchée, oscillant entre l’intime et le plus grand. C’est rempli de trigger warnings, ce qu’on a fait subir à Youssef est indicible alors qu’on le condamne parce que gay. Haram. J’ai beaucoup aimé le fantôme de Najib, qui a tenté tirer le meilleur de sa situation alors que les choix étaient limités ainsi que le lien entre les événements et l’histoire de la ville et du fameux bastion des larmes.
Bref, un bon moment de lecture. Floris n’a pour sa part pas du tout été convaincu.
2 Commentaires
ET bingo ! Prix Décembre 2024 !! 😉
Pour le Maroc, je le lirai sans doute.