Le bal est une nouvelle d’Irène Némirovsky qui m’a fait ressentir un réel malaise. C’est court comme tout, ça raconte une histoire toute simple, mais elle a réussi à m’atteindre d’une étrange façon. Du coup, j’ai apprécié, mais je suis restée un peu marquée par ce sentiment qui me faisait voir le désastre imminent… et de ne rien pouvoir y faire.
Mais je m’explique un peu.
Nous rencontrons donc au début du roman Antoinette Kampf, jeune adolescente de 14 ans. Ses parents sont riches, mais nouvellement riches. Son père a débuté comme portier dans une banque, mais a fait des placements et travaille maintenant à la bourse (je pense). Quant à la mère, elle a un passé un peu flou… et pas toujours glorieux. N’empêche qu’ils souhaitent être acceptés dans le « beau monde » , sont un peu maladroits (et snobs)… et décident de donner un bal. Un grand bal. Un bal qui coûte cher. Un bal où Antoinette n’aura pas le droit de se pointer. Pas même une minute. Imaginez la colère de cette adolescente en pleine crise. Vous savez, ce moment où PERSONNE (surtout pas les parents) ne vous comprend, où la vie est vraiment TROP injuste. Imaginez la suite.
Irène Némirovsky réussit à dépeindre parfaitement cette famille, ces parents qui « essaient » un peu trop et cette fille qui voudrait être considérée. Le personnage de la mère m’a beaucoup touchée, malgré son côté détestable, malgré le fait qu’elle ignore sa fille et qu’elle ne veut pas lui céder un pouce de place pour vivre, elle. Le mal-être de ce personnage me semblait tellement fort que j’avais mal pour elle. Surtout sachant comment ça allait se terminer. J’ai eu honte avec elle (et pour elle), eu pitié de ses tentatives pour sauver la mise. Et, comme elle est détestable, je me suis sentie étrange de ressentir tout ça. De là le malaise.
Un texte fort, avec une finale triste, très triste. Mais ma foi fort réaliste. Je relirai Némirovsky.
11 Commentaires
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J’ai adoré découvrir Némirovsky (pour ma part avec Suite française) quelle auteure ! quelle intensité ! j’ai lu « le bal » plus jeune et j’en garde un fort souvenir !
Bon souvenir de lecture. On ne sait pas qui de la mère ou de la fille est la plus terrible ! Le malaise est bien écrit.
Je ne suis pas très nouvelle, mais là, tu donnes envie ! Je note !
Je veux connaitre la suite… Bon, il ne me reste plus qu’à acheter le livre.
Une lecture qui ne m’a pas laissé un souvenir impérissable, finalement.
Moi aussi j’ai découvert Némirovsky mais avec Les chiens et les loups. C’est rare de s’identifier au personnage négatif et antipathique.Je comprends ton malaise. Cela vient peut-être du fait que le personnage de la jeune fille est terriblement jeune ; c’est plus normal d’être du côté des adultes?
Si j’ai bien compris, c’est sa mère que Irène Nemerovsky met en scène dans la Bal et pas seulement; Une vengeance envers cette mère égoïste et sans amour.
J’ai beaucoup aimé « Le bal ». Je l’ai lu en version audio et c’était vraiment extra comme écoute. Le personnage de la mère est effectivement calqué sur la mère d’Irène Nemirovsky. Connaissant un peu l’histoire de la romancière, c’est de la fille que j’ai eu pitié, surtout.
J’ai trouvé la mère odieuse, la fille également, mais elle avait ses raisons … et son jeune âge ! Je savais que la nouvelle était autobiographique, donc j’ai trouvé quelques excuses à la fille, mais pas du tout à la mère. Au total, c’est du grand art, concentré, mais tout y est. C’est aussi très triste, comme tu le dis.
J’ai beaucoup aimé cette nouvelle, cette revanche. Mais je comprends ton malaise.
Ke viens juste de découvrir Nemirovski à travers l’adaptation de Suite française… Et j’ai envie de tout lire 🙂
J’ai beaucoup aimé ce roman. Très fort, très dur, très lucide.