C’est la couverture qui m’a vendu ce roman. Ça et l’idée du réalisme magique transposé au Bornéo du milieu du 20e siècle. Non, mais comment puis-je résister à ça.
De quoi ça parle
Nous sommes à Bornéo, dans l’actuelle Malaisie. Dans le village du Bouk aux Sangliers, Dans ce village entouré par la jungle, les gens vivent au rythme des légendes locales, entre des villageois opiomanes et des enfants portant des masques de yokai. En 1941, ce n’est pas une horde de sangliers qui va déferler sur le village mais plutôt une horde de Monstres. L’armée japonaise débarque… et tout va basculer
Mon avis
Imaginez un tableau du Douanier Rousseau, châtoyant et plein de vie, se faire massacrer par un sabre Muramasa. À plusieurs reprises. C’est l’impression que ce roman touffu et foisonnant m’a laissée. Entendons-nous, c’est un roman qui demande de l’attention et de l’énergie. Il a presque 800 pages et j’ai mis près d’une semaine à le lire. En effet, j’ai mis un moment à comprendre qui était qui au début de l’histoire et après l’arrivée des Japonais (qui agissent ici vraiment comme des Monstres), je devais souvent le reposer parce que c’était trop violent pour moi. Je suis parfois une petite nature!
J’ai particulièrement aimé à quel point ce roman nous transporte dans un univers sensuel, où le lecteur est plongé dans la le Vivant avec un grand V. Nous sommes dans une jungle luxuriante et l’auteur porte une attention à chaque odeur, chaque brut, chaque mouvement, chaque surprise que peut réserver une feuille ou une pierre. J’étais immergée dans le côté sauvage de cette île. De plus, les légendes locales sont omniprésentes, de même que le côté oral des histoires qui nous sont racontées. Il y a des thèmes récurrents, des mots récurrents (dont celui de l’urine… j’ai compté 60-70 occurences!), les personnages sont identifiés par quelques caractéristiques qui sont répétées à chaque fois que nous en parlons et ça donne un rythme très particulier à la lecture. Comme l’odeur d’urine ne m’excite pas particulièrement, j’ai soupiré occasionnellement, j’avoue!
Par contre, la plume… j’ai adoré. C’est châtoyant. La narration nous balade du passé au présent, l’histoire est racontée comme une légende et les images suscitées étaient terriblement vives et insenses. Et les Monstres… lire à leur sujet, réaliser leur cruauté était presque épuisant. Ils étaient partout, ne reculaient devant rien, l’auteur n’est pas tendre avec ses personnages. Aucun d’entre eux. J’étais presque essouflée et j’ai dû arrêter à de nombreuses occasions. Je manquais de souffle.
Certes, ça aurait pu être un peu moins long. Un peu moins de répétitions aurait pu fonctionner tout autant. Mais c’est un roman fort, entre réalisme magique et illusions reliées à l’opium… je ne recommanderais pas à tout le monde. Mais pour moi, c’était très bien!