Présentation de l’éditeur
« Paris, 1818. Les expériences révolutionnaires et napoléoniennes ont vécu. Dans un pays en pleine confusion politique, les Bourbons, en la personne de Louis XVIII, sont de retour sur le trône. C’est dans ce contexte politique et social trouble qu’Hector Carpentier, un jeune étudiant en médecine, est soupçonné du meurtre d’un inconnu. Mais le directeur de la Sûreté nationale, François Eugène Vidocq, doute de la culpabilité d’Hector.
Personnage mystérieux, féru d’investigations scientifiques et d’espionnage, Vidocq doit mettre tous ses talents en oeuvre lorsqu’il comprend que l’affaire est liée à la disparition du Dauphin, Louis XVII, officiellement mort en 1795 à l’âge de 10 ans à la prison du Temple, construite cinq siècles plus tôt par les Templiers. alors qu’un tueur mystérieux continue à sévir dans les rues de Paris, commence pour Vidocq, secondé d’Hector, une enquête passionnante. »
Commentaire
Ce livre se passe à Paris et dans les alentours et l’auteur a un nom qui sonne très français. Malgré tout, ce dernier est un journaliste et critique américain qui n’en est pas à son premier polar historique. C’est par l’intermédiaire de la bonne fée Solène, du Cherche-Midi que j’ai pu lire de roman sorti en librairie il y a quelques jours.
Ce roman met en scène Vidocq, personnage historique et coloré. Inspecteur dans la police de Paris, il a des façons de faire plutôt particulières et utilise lui-même toutes sortes de déguisements pour parvenir à ses fins. Vidoqc ne fait pas dans la dentelle et quand il interroge pour meurtre le jeune Hector Carpentier, étudiant désoeuvré et ma foi très peu débrouillard, on se demande presque pourquoi il le prend sous son aile pour poursuivre l’enquête.
Ce roman a véritablement su me transporter dans le Paris du début du 19e siècle, après la défaite de Napoléon. En pleine restauration, les influences sont nombreuses et on ne sait plus trop où donner de la tête. Plusieurs préfèrent oublier, en fait. J’ai été imprégnée de cette amosphère et j’ai réellement arpenté les rues de Paris et de ses faubourgs pendant un moment. On croise plusieurs personnages réels, d’autres inventés et on nous balade des salons d’une aristocrate déchue aux appartements des catins. Le tout de façon très naturelle et réussie, je trouve. C’est d’ailleurs cet aspect, ainsi que le personnage de Vidoqc, que j’ai préféré dans le roman.
L’intrigue tourne autour de Louis XVII, le Dauphin présumément mort au Temple à l’âge de 10 ans. À travers des journaux, des notes et des témoignages, nous plongeons dans les cachots du Temple et dans les rues peu sûre de la capitale alors que les mots « aristocrate » et « royaliste » pouvaient mener à la guillotine. J’ai dû me rappeler que l’intrigue se situait en 1818 et que les protagonistes ne possédaient pas certaines informations que nous avons aujourd’hui pour croire à leurs questionnements mais on sent que ces questions pouvaient rapidement devenir mythiques. N’y a-t-il pas eu des légendes au sujet de nombreux enfants royaux emprisonnés?
L’écriture m’a bien plu, à la fois riche et facile d’accès. L’intrigue et la quête des personnages m’a tenue rivée au livre (400 pages en un jour et demi alors que je travaille… c’Est quand même digne de mention!!) et je voulais réellement connaître la suite. J’ai aussi apprécié les nuances, les incertitudes, les questionnements qui se posent et se reposent au fil des pages. Je reprocherais parfois des événements plus ou moins bien expliqués et mis sur le compte de l’ingéniosité de Vidoqc ainsi que des renseignements qui, on le croirait, vont mener quelque part et qui finalement n’apportent pas grand chose… mais en général, je n’ai aucunement boudé mon plaisir de lecture et je me suis plongée avec bonheur dans ces aventures.
Je n’en ai certes pas fini avec l’auteur, vu qu’il a aussi écrit un roman avec Poe et un autre mettant en scène un Tim Cratchitt (personnage de Un chant de Noël) à l’âge adulte. Et comme la plume me plaît… pourquoi pas! Et si l’auteur décide de pondre une autre aventure de Vidocq, je serai certainement preneuse!
Merci encore aux éditions du Cherche-Midi pour cette découverte!
22 Commentaires
Passer au formulaire de commentaire
J’ai le plaisir, probablement assez rare, de posséder un exemplaire des Mémoires de Vidocq, en quatre tomes, paru au Cercle du Livre, propablement en 1968. Vous pouvez encore les trouver sur Internet, et même les lire en ligne, chez WikiSource et FeedBooks. Mais nous savons bien que rien ne vaut le plaisir d’un vrai livre. Surtout, dans l’édition que je possède, une magnifique imitation de cuir, avec l’autentique imitation de la signature de Vidocq.
Mais plus sérieusement, j’ai adoré ces mémoires. Vidocq fut vraiment un personnage impressionant. Il a fréquenté Hugo, Dumas, Beaudelaire, et Lamartine, qui lui aurait d’ailleurs suggéré d’écrire ses mémoires. Vidocq n’est pas un écrivain comme Hugo ou Dumas. Bien sur, il parle plus souvent des vilains que des gentils. Il nous donne presque un cours d’argot. Mais en plus de raconter sa vie incroyable, il décrit aussi la France de son époque, avec beaucoup de précision. Hugo s’en est inspiré, aussi bien pour son personnage de Valjean que celui de Javers. Dumas s’en serait inspiré pour son personnage de Edmond Dantes.
À mon avis, Vidocq est celui qui a su le mieux, parler de la misère des gens, moins poétique que Hugo, moins vengeur que Dumas, mais comme il le répète assez souvent: c’est la misère et la pauvreté qui pousse au crime, si bien sur, on considère que la faim soit un crime…
Yvon Verrier: En effet, j’ai vu ces mémoires suite à ma lecture de la tour noire, alors que je tentais de m’informer sur Vidoqc, personnage qui m’avait bien intéressée dans le roman. Par contre, pas de belle édition 1968, hein! Je me demandais si c’était complètement barbant mais si vous dites que non, je vais garder ça dans un petit coin de ma tête. Je ne connaissais le personnage que de nom (je le prenais pour un méchant policier, en fait… j’avais une idée pas mal négative… j’avais entendu dire que c’était le modèle de Javert et c’est tout) Mais si c’est une inspiration pour Edmond Dantès, là, quand même, ça change la donne!
Je l’ai reçu aussi. Je trépigne d’impatience, maintenant. C’est malin ;-P
Stephie: Je suis curieuse de voir ce que tu vas en penser. C’est le genre de livre pour lesquels j’ai un apriori positif au départ! Tiens, en me relisant, je réalise que je n’ai pas vraiment parlé du héros, qui est selon moins le point le moins bien réussi de l’histoire… on se demande pourquoi Vidocq le traîne là, en fait!! ;))
J’aurais tendance à être plus tentée par ses deux autres titres vu que je n’ai jamais été une fan de Vidocq !
Joelle: Je ne le connaissais pas vraiment alors bon, je n’avais aucune idée sur le personnage!! J’avais bien idée d’un « méchant » mais bon, là, il est rude mais pas troooop vilain!
Bonjour et merci pour cet article. Etant passionné de la vie de Vidocq, je suis content de voir qu’il continue d’inspirer des auteurs. Ce livre s’ajoutera à la bibliographie, déjà importante, qui le met en scène. Sur ce, je m’en vais de ce pas commander cet ouvrage .
PS : Si vous voulez en savoir plus sur le Vidocq historique : fvidocq.free.fr
Fvidocq: Merci pour votre site. Je vais aller y faire un tout. Je connais très peu le personnage, en fait!
Cette fiction qu’on attribue à Vidocq, ca me rappelle une légende dont l’auteur de La tour noire s’est peut-être inspiré. Je parle de fiction, sans le savoir. Mais Vidocq fréquentait peu les royautés, et je doute qu’il ait jamais enquêté sur la disparition du dauphin, puisque de toutes façons, ses patrons en savaient probablement plus que lui, sur le sujet… D’ailleurs, même s’il avait été mêlé à l’affaire, dans ses mémoires, écrites en 1827, il était encore trop tôt, pour en parler, sans risquer de déplaire. Et puis, Vidocq s’intéressait plutôt aux différents types de voleurs et faussaires qu’il connaissait bien, pour avoir déjà exercé dans le milieu, et y avoir conservé certaines relations. Après tout, les bonnes relations, dans le milieu, c’est la clé des succès policiers. Sans bavardages inconsidérés, il y aurait peu d’arrestation.
Quant au dauphin, dont on avait perdu trace de la dépouille, il y a une légende qui refait surface, à l’occasion. Lafayette aurait échangé son fils avec celui de Louis XVI, afin de protéger la monarchie française, et il aurait emmené le dauphin de France aux États-Unis, où il allait justement aider les Américains à obtenir leur indépendance de la monarchie anglaise. Une pareille impertinence peut nous sembler étrange. Mais il faut se rappeler qu’à la même époque, Franklin aidait les Français, au choix, selon les historiens, soit à conserver leur monarchie, soit à faire la révolution. L’histoire est souvent plus étrange que les légendes. Mais je me demande ce qui se serait passé, si chacun était resté chez soi, à se mêler de ses affaires. Enfin, toujours selon la légende, le dauphin aurait vécu au delà de soixante ans, et il serait enterré dans un cimetière, en banlieue de Boston, sous une stèle qui revendique ses prétentions royales sur la France, la Loraine et l’Aquitaine.
Je ne sais pas trop si les Français doivent y voir une marque d‘affection, ou une insulte, surtout, qu’à la suite d’un différent qui les a opposés à la France, parce qu’elle refusait d’appuyer leur croisade en terres saintes, les Américains se sont soudainement souvenu de Lafayette, et ils lui ont accordé la nationalité américaine…
Yvon Verrier: J’avais entendu parler de cette histoire aussi, pour Lafayette. Mais je ne savais pas qu’il était enterré avec une stèle de ce genre. Bien entendu, ici, la fiction est totalement assumée. Les ossements du dauphin ont été identifiés alors la thèse « est-il encore en vie » ne tient pas la route mais en me replaçant dans le contexte de l’époque, j’ai pu imaginer que ça ait pu fasciner des gens et mener à ce genre d’histoires. Il y en a eu une autre qui a fait bien du bruit, d’ailleurs.
Dans le roman, l’histoire déraille sur le Dauphin. Au départ, c’est simplement un meurtre dans la rue, dont le héros est soupçonné et Vidocq ne croit pas du tout à ces histoires, en fait. Je ne raconterai pas la fin, mais même si il y a des fils pas noués dans tout ça, des choses qui se résolvent un peu toutes seules, j’ai passé un bon moment avec ce livre qui se veut un divertissement selon moi. Je ne peux pas juger de la vraisemblance de Vidocq par contre, je n’en sais pas assez!!
Le sujet me tente bien, je le note dans ma LAL !
Iluze: Il m’a bien plu, en tout cas! Je ne connaissais pas du tout, donc, une découverte totale!
L’identification des ossements du dauphin est sans doute la plus osée des prétentions. Ca va bien au delà de la légende. Avec quel échantillon d’ADN, a-t-on comparé les ossements retrouvés? Avait-on gardé une mèche de cheveux du dauhin? Et même, dans ce cas peu probable, qui dit qu’on avait pas déjà remplacé cette mèche de cheveux?
C’est le genre de preuve qu’on admet dans une mauvais film. Et pour le remake, il faudra attendre quelques années, et se transporter en Russie, où on croit que le Tsarévitch aurait été épargné, lors de la célèbre photo de famille, puisqu’on avait aussi perdu trace de sa dépouille. Il parait qu’on l’aurait emmené au Canada, où il aurait vécu, sous un nom d’emprunt, et protégé par la police fédérale, jusqu’à soixante-trois ans, et serait décédé en 1977. Mais aussitôt que cette nouvelle fut publiée, on a soudainement retrouvé les ossements du prince, dans un terrain vague, à quelque distance du reste de sa famille. Et bien sur, on les a identifié, avec un test ADN. Et, encore une fois, on ne sait pas avec quel échantillon on a comparé les ossements.
La preuve est faible. Mais désormais, la science remplace la religion, et l’argument scientifique devient objet de foi. Il n’y a plus rien à dire, et seuls les hérétiques oseraient nier les conclusions de la sainte inquisition scientifique.
Yvon Verrier: Bon, mes infos là-dessus datent du début des années 2000, un reportage vu à la télé (je sais, je sais, faut pas croire tout ce qu’on entend!) mais je crois qu’on avait comparé le coeur du petit prince, gardé je ne sais où dans le formol, à un cheveu de Marie-Antoinette et des labos différents avaient dit que la parenté génétique était certaine à plein de pourcent. Oui, ils peuvent faire dire n’importe quoi à n’importe quoi, j’en suis consciente mais bon, peut-être ai-je eu tendance à y croire car ça confirmait ce que je croyais déjà, en fait. Pas que je n’aimerais pas qu’il en soit autrement, j’aime ce genre d’histoires, mais bon…
Dans ce cas précis, je me suis en effet questionnée sur la probabilité qu’on ait vraiment conservé les cheveux de Marie-Antoinette. Pour travailler dans le domaine scientifique, non, je ne considère pas la science comme étant infaillible. Sauf que certains éléments ont pour moi, qui ai été élevée dans cette culture, plus de valeur que des hypothèses. Ceci sans tout renier d’autre pour autant.
Ma remarque ironique vise surtout ceux qui ont choisi l’argument scientifique, comme objet de leur foi. La démarche scientifique ne prétend pas nier ce qu’elle ne peut observer. Mais elle ne permet pas non plus d’accepter une hypothèse, sans la démontrer.
Quant à ces preuves qu’on aurait tirées d’une possible comparaison de ces mystérieux échantillons d’ADN, mon argument est plus sherlockholmien que scientifique. J’ai tout simplement trouvé étrange que des chercheurs, financés par leurs États respectifs, aient soudainement trouvé important, de prouver que le dauphin de France et le Tsarévich étaient bien décédés, au moment, et à l’endroit désigné par l’histoire officielle. Je sais comme il est difficile de justifier les subventions nécéssaires aux recherches, et, franchement, je n’aurais jamais osé en demander une, pour démontrer qu’il n’y a pas d’héritier des monarchies russe ou francaises. D’ailleurs, il me semble que ca n’est pas le genre de chose qui inquiète habituellement les chercheurs.
Cela dit, étant beaucoup plus rêveur que scientifique, je préfère de beaucoup les légendes aux faits historiques.
Yvon Verrier: J’avoue que je ne me souviens plus du tout d’où venaient ces sous… Et n’étant pas dans le domaine de l’histoire je ne sais pas trop non plus quels sont les sujets de recherche « d’actualité ». Et j’avoue préférer de beaucoup aussi les légendes et les croyances à la réalité… mais j’aime bien garder une « tête logique » derrière mes grandes histoires. Dans ce cas précis, je me dis que bon, il y a beaucoup plus de chances que le prince soit mort en prison (garder l’héritier du trône en vie… très, très dangereux) mais c’est beaucoup plus « romantique » de garder une porte ouverte en se disant que bon, peut-être, sait-on jamais!
Je pense que les princes et les princesses nous intéressent surtout, du moment qu’ils ne sont plus réels. On peut alors leur supposer des romances qui sont en fait issues de nos rêves. Quant à leurs vies réelles, elles n’intéressent même pas les petits journaux.
Yvon Verrier: Bien d’accord. De leur vivant, on se moque un peu mais une fois l’époque révolue, voilà, ça fait rêver.
Un roman historique et policier, j’adore, merci, merci. Comment fais-tu pour frapper toujours aussi juste, c’est énervant à la fin!!
Cline: Celui-ci c’Est un coup du sort. C’est Solène, qui commence à me connaître, qui l’a choisi pour moi!
Je n’ose pas trop en lire, de peur de me griller dans ma lecture à venir ! J’espère aimer aussi, et je constate que la lecture suscite de nombreux commentaires sur l’interprétation !
Neph: Les commentaires sont un peu plus généraux que sur l’interprétation du livre en tant que tel… il est assez facile à comprendre en fait! J’ai beaucoup aimé l’atmosphère, malgré quelques trucs un peu faciles!