Le comment du pourquoi
Je ne suis pas fille à me garrocher sur tous les prix littéraires. Mais pour un roman d’un auteur né au Sénégal, qui parle de littérature, d’un mystérieux auteur africain et d’un livre qui fascine, count me in.
De quoi ça parle
Diégane Latyr Faye est un jeune-écrivain-prometteur sénégalais qui a écrit un livre tout aussi prometteur mais très (très) confidentiel qui habite à Paris et qui fréquente d’autres jeunes auteurs africains avec qui il parle Littérature. Un jour, il va rencontrer un livre écrit dans les années 30, « Le labyrinthe de l’inhumain » et il sera fasciné. Il va donc partir à la recherche de l’auteur mystérieux, lui aussi Africain, qui est devenu culte et qui fascine. Bien entendu, cette quête de l’homme mystérieux va le mener vers une quête de lui-même.
Mon avis
Ce roman m’a passionnée. Je sens que j’aurai du mal à en parler, comme à chaque fois qu’un roman me dépasse un peu, mais dès les premières pages, j’ai été happée par l’histoire, par la plume, par le propos. La première partie, en particulier, est maintenant pleine de post it. C’est un roman à tiroirs, plein de livres dans les livres et de réflexions sur la pouvoir de la littérature, de l’écriture, sur les emprunts et la fascination qu’exercent certains ouvrage. On parle aussi de littérature africaine au temps du post-colonialisme, où les jeunes africains ont davantage étudié en français et qui tentent de se trouver une identité, une voix. C’est passionnant. À travers l’histoire d’Elimane, qui a écrit un grand livre, mais qui reste considéré comme une bête de foire et dont l’oeuvre n’est regardée qu’en comparaison avec celle des occidentaux. Oeuvre/auteur, Afrique/Occident… ça clashe par moments. Et c’est passionnant.
L’histoire d’Elimane nous est révélée par bribes mais l’auteur réussit à lui garder son côté mystérieux. La recherche lui fera rencontrer plusieurs personnes, parfois directement, parfois dans des récits et nous avons l’impression d’avoir des flashes de cet homme tourmenté. Vous savez, cette sensation d’évanescence, de presque rencontrer un personnage pour seulement le voir s’évanouir dans la nature? Ben voilà, c’est ça. À travers cette quête, le jeune Diégane va bien entendu tenter de se comprendre comme auteur et comme humain.
C’est donc un récit foisonnant, où nous croisons des personnages réels (Gombrowicz et Sabato) et imaginaires aux oeuvres diverses et variées. Le pire, c’est qu’à travers ces pages, ils nous semblent très, très réels. La plume est recherchée, dense, c’est un roman qui demande de l’attention et qui nous oblige à nous arrêter pour réfléchir à plusieurs occasions. Un auteur existe-t-il hors de son oeuvre? Et vice-versa?
Bref, j’ai a-do-ré. De la première à la dernière page. Mon premier vrai de vrai coup de coeur roman 2022!
6 Commentaires
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Coucou Karine, ce livre a été très marquant pour moi aussi. C’est extraordinaire d’écrire une telle histoire à l’âge de l’auteur… sa plume est si belle, ses propos si vrais et son humanisme grandiose. Je suis heureuse de savoir que ce livre t’a marquée.
Auteur
Ah, contente de trouver quelqu’un d’autre qui a aimé autant que moi. J’ai adoré ce roman. Réflexions, écriture… tout y était.
Je l’ai acheté, j’ai hâte de le lire et de me faire une idée. Une prix très excitant en tout cas.
Auteur
C’est un ça passe ou ça casse, ce roman. Et moi ça a totalement passé!
oh bon sang, je ne me reconnais pas du tout dans ton billet ! Il me reste 50 pages du livre et je peine!! Je reconnais le talent de l’écrivain mais il m’a perdue en changeant constamment de narrateur et d’époque. Certaines considérations me sont vraiment passée par-dessus la tête. Je le regrette et je suis contente que tu y aies trouvé ton compte.
Auteur
Oh, je suis triste! J’ai tellement aimé ce roman, c’est fou. C’est tout ce que j’aime!