Ça ne dit probablement rien à la plupart des gens, mais en plus d’être québécoise, je suis saguenéenne. D’origine, en plus. Du coup, j’ai vécu ma jeunesse ici et j’ai parlé le langage coloré des ados d’ici. Bon, je le parle encore un peu hein… Tout ça pour dire que ce roman, même si j’étais pas mal moins trash que l’héroïne, c’était un retour en arrière. Du temps où on se tenait à Place du Royaume, où les skateux se battaient contre les granos et les gawas et ou on veillait « au campe » avec nos amis. Et je pense que ce vocabulaire, cette syntaxe, cette façon de parler et ces références à tous nos points phares (et pas touristiques) de jeunesse sont ce que j’ai préféré dans tout ça. En fait, j’ai été fort secouée par tout plein d’aspects du roman.
La déesse des mouches à feu, c’est Catherine. Catherine a 14 ans et elle ne veut pas être comme sa mère, qu’elle trouve insignifiante et son père, qu’elle trouve fake. Son monde à elle, ce sont ses amis, ce petit monde un peu cruel des filles hot, un peu rebelles, qui se tiennent en petite gang serrée et qui semblent n’avoir peur de rien. Cette année, celle de ses 14 ans, sera celle de tous les essais, celle où tout bascule.
Avouons-le d’emblée, c’est une « p’tite crisse ». Un vrai 14 ans chiant. Elle porte des jugements méchants, est égoïste, hypocrite, menteuse, voleuse. Bref, elle se fout éperdument de tout ce qui n’est pas elle-même et ses lignes de mess. Il n’y a pas grand-chose qui puisse l’atteindre, surtout pas ses parents (qui ont bien assez avec eux-mêmes) mais qui tentent d’éviter que le tout vire très très mal. Et malgré ce côté trash, on sent qu’il y a une certaine naïveté derrière tout ça. Catherine réalise qu’il peut y avoir des conséquences sans en mesurer l’ampleur. Et nous, on aurait le goût de la secouer pour qu’elle arrête un peu, qu’elle se donne une chance.
Nos trips d’ados, quand on les vit, ça nous semble terriblement exotique, terriblement intense, avec des flashes d’émotions, des grands drames. Un petit monde à nous, un univers fermé, dont on voit les horreurs avec un regard embrumé par la jeunesse (ou autre chose… mais pas moi hein… j’étais sage!). Et voir ce genre de situation, lire les réflexions de Catherine avec un détachement d’adulte, entrer dans son campe avec mes yeux d’adulte… ça fesse. Sérieusement. L’envers du décor de la jeunesse trash de Chicoutimi.
Un roman que j’ai apprécié. Certains diront que ça tourne pas mal toujours dans les mêmes choses mais justement, j’ai trouvé cet aspect très réaliste. Quand la consommation, les expériences prennent toute la place, il ne reste que ça. Pas que je parle d’expérience (j’avais bien trop peur à mon QI pour tenter quoique ce soit de chimique) mais j’ai vu. Et constaté. J’ai beaucoup aimé la finale également, avec ce qu’elle laisse présager, qui nous plonge dans un événement marquant de l’histoire du Saguenay… Juillet 1996. Ceux qui ont vécu s’en souviendront!
5 Commentaires
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Eh bien grâce à l’émission Thalassa « Au fil du Saint-Laurent » j’ai un peu situé le Saguenay !
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C’est 2h au nord de Québec :)) Et c’est beauuuu!
Oh là là, je ne situe pas du tout, je vais faire un tour sur le net pour voir ça !
Auteur
Normal… cest pas très touristique, diisons!
Auteur
J’ai beaucoup aimé aussi bien que je n’ai pas du tout vécu la même adolescence 🙂 je file écrire mon billet, shame on me 🙂
[…] Karine – La déesse des mouches à feu – Geneviève Petersen […]
[…] roman qui vous prend au tripe, alors pourquoi ne suis-je pas aussi enthousiaste* que Karine et Yue Yin dont vous trouverez les billets en cliquant sur leur nom. *Question d’âge, […]
[…] quelques souvenirs d’adolescence… même si je n’étais pas aussi bright que sa déesse des mouches à feu), Sophie Bienvenu (« Et au pire on se mariera est un coup de poing… et il paraît […]
[…] La déesse des mouches à feu – Geneviève Pettersen […]
[…] par mois », c’est officiel que j’embarque! Bon, pour le choix de janvier « La déesse des mouches à feu » (dont je vous parlais ici), il est déjà lu, mais je me ferai un plaisir de discuter […]
[…] j’ai lu La déesse des mouches à feu, je me suis dit: « Oh my… c’est ma jeunesse… en presque un peu plus trash »! […]