C’est par ce roman que je découvre l’auteur. Je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre. Mais ouf… quelle claque. Quelle lecture. Je suis sortie de là complètement bouleversée, amochée. Et ce n’est pas le premier roman « camp de concentration » que je lis. Mais à chaque fois, je suis complètement virée à l’envers. Et dans ce cas-là, doublement. Car il s’agit – en partie – d’enfants.
Suzanne raconte son histoire au lycéens. Puis soudain, une question. Une question différente. Celle qui la fait sortir de la grande histoire et qui lui fait revivre la sienne. Ou celle de Mila. Celle en elle qui a vécu le camp.
Mila a été arrêtée en tant que résistante parce qu’elle codait et passait des messages, du fond de son magasin de musique. C’est bien après les événements qu’elle se souvient vraiment de Ravensbruck. De ses sensations sur le moment, alors qu’elle ne savait pas trop vers quoi elle se dirigeait. Vers l’horreur. L’inommable. Mila était enceinte à son entrée au camp. Ce qui, vous pouvez l’imaginer, n’avait rien d’un heureux événement. De plus, elle ne sait pas du tout ce qui l’attend. Personne ne lui a rien expliqué. Elle va donc découvrir le kinderzimmer. La pouponnière. Version nazie. Un lieu d’horreur mais aussi un lieu où il y a – parfois – un peu d’humanité.
C’est une histoire puissante qui nous est racontée. Puissante et essentielle. Oui, il y a l’horreur. La maladie et la mort qui règne. Il y a la déshumanisation, la saleté, la peur et la faim. Mais il y a aussi, des fois, juste des fois, de la solidarité, la tentative de s’accrocher au moindre brin d’espoir, au moindre fragment de vie normale. Ce roman m’a secouée à la fois par sa cruauté (le pire ayant été la femme qui nourrit ses bébés chats avec le lait destiné aux bébés des prisonnières avant de nourrir ces derniers… j’ai dû refermer le livre un moment) et par les sentiments forts qui s’en échappent (Georgette, Teresa, Noël, les discussions, le personnage de la puéricultrice, inspiré de Marie-José Chombart de Lauwe, personnage réel).
Un roman beau et terrible à la fois. Une plume pudique et frappante. On sourit, on pleure et surtout, on espère avec ces femmes qui luttent malgré tout et qui résistent à leur façon, par de petits gestes quotidiens, qui leur prouve qu’elles sont encore vivantes. Et en espérant, en ces enfants. Et jamais on ne parlera trop de cette horreur. Pour – surtout – ne pas recommencer.
36 Commentaires
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Un roman puissant, tu as raison. Et beau malgré l’horreur parce qu’au final l’espoir demeure, c’est du moins ce que j’ai eu envie de retenir.
Jérome: Pareil. Un roman qui nous fait comprendre qu’il y avait quand même de l’humanité quelque part dans ces camps. Malgré l’horreur.
Même si le thème m’intéresse, j’ai lu plusieurs critiques qui ne m’ont pas donné envie de le lire, à cause du pathos…
Maggie: Ah oui?? Je n’ai pas trouvé ça pathos… terrible, soit. Mais pathos, je ne sais pas…
J’ai vraiment beaucoup aimé. J’ai rencontré l’auteure au Salon du livre, elle est aussi rayonnante que son roman est terrible. Et j’aurai la chance de l’entendre lire des extraits de son roman demain.
Valérie: Oh chanceuse! C’est une auteure que j’aimerais vraiment rencontrer.
C’est un roman poignant, qui prend aux tripes mais tellement nécessaire.
Sophie: Je pense que l’on n’en parlera jamais assez…
J’ai beaucoup appris avec ce mlivre.
Demain je vais assister à une lecture de pages de ce livre par l’auteure. Ce sera encore de l’émotion en perspective
Denis: J’imagine! Je pense qu’il y aura plusieurs blogueurs… bonne rencontre!
Un billet de plus qui me fait dire que je ne suis pas dûre de pouvoir lire ce Kinderzimmer, franchement, il m’a l’air trop dur pour moi.
Mais il est très beau ton billet.
Sous les galets: Il n’est vriament pas facile… j’ai eu besoin de lire 2 semaines de chick litt et de romance apres!
Beau et terrible à la fois oui… Malgré tout, j’ai trouvé ce roman profondément lumineux. Marquant !
Noukette: Plein d’humanité, oui… je relirai un jour. Lointain.
Je suis contente que tu ais aussi aimé ce roman magnifique. C’est une de mes belles lectures de la rentrée 2013.
Argali: Une lecture marquante, en tout cas… ça bouleverse!
Je lis ton billet en diagonale car ce titre va arriver bientôt chez moi en livre voyageur. J’avoue avoir un peu peur du sujet, d’autant que tout le monde le dit chamboulant !
La chèvre grise: Oui, ça nous vire de bord. Mais il vaut la peine d’être lu…
Valentine Goby a lu des extraits de son roman, c’était d’une beauté! Je suis encore sous le charme.
Valérie: Ca devait être une fantastique expérience! Des fois, je me trouve looooin!
OUi, c’est ça ! malgré l’horreur, la plume est pudique. On n’est jamais dans le voyeurisme, le côté sordide de délectation face à l’horreur. Tout est dit, mais d’une écriture si belle et avec tant de sensibilité que ça passe.
Et puis, ce qui m’a beaucoup impressionnée, c’est qu’on dirait que V Goby y était, elle aussi, dans ce camp. Et je me dis, même en étant hyper documentée, en ayant rencontré des gens pour avoir des témoignages, en ayant sans doute lu énormément sur le sujet, quand même, quel talent !
Liliba: Elle a en effet réussi à recréer un univers complet, complexe… et qui sonne terriblement vrai. L’écriture réussit à transcender l’horreur selon moi…
Une de ces lectures que l’on n’oublie pas.
Alex: Non, vraiment pas. J’ai encore des images en tête.
Un livre inoubliable pour moi aussi, sur un sujet pourtant beaucoup traité !
Cathe: Souvent traité mais j’ai trouvé ce regard différent, avec encore une touche d’humanité et de luminosité… du coup, c’était encore plus marquant.
Pas très tentée je dois dire.
Manu: Je peux comprendre. Ca demeure quand même pour moi une très belle lecture.
Je l’ai emprunté à la bibli et finalement je l’ai rendu sans le lire, je ne me sentais pas le coeur assez bien accroché pour me lancer dans cette lecture… Mais je le reprendrais sûrement plus tard, quand je me sentirai prête.
Céline: Ah oui, il faut avoir le coeur accroché, comme tu dis… pourtant, il y a beaucoup d’espoir qui s’en dégage, finalement.
Je viens de le lire et comme toi, je me suis une fois encore pris une claque. On a beau lire des livres sur ce thème, on n’arrive jamais à mesurer toutes les horreurs qui se sont produites. On dit beaucoup de ce livre qu’il est lumineux. J’ai du mal à le qualifier ainsi tant ces horreurs sont… horribles (mot bien faible mais ce matin je ne trouve pas mieux 😉
Midola: Je pense que je ne m’habituerai jamais. J’ai beaucoup aimé l’espoir dans le roman mais pour moi non plus, je ne considère pas quù,il soit vraiment lumineux… il y a une part d’ombre trop grande.
J’ai beaucoup aimé mais je fais partie de celles qui n’ont pas adhéré totalement au style haché.
Cess: Moi j’ai beaucoup aimé le style… je ne vois pas comment elle aurait pu écrire autrement à propos d’un truc pareil, en fait…
Un roman absolument bouleversant! Une véritable claque littéraire car on vit ce qu »‘on lit. cette manière un peu hachée de décrire les événements par moment, les phrases courtes, les mots, chaque mot est à sa place! Impossible de lire autre chose pendant quelques jours tellement on reste baigné dans ces horreurs… Surtout avec un petit d’à peine un an!
Sabrina: Oui, tu as tout à fait raison. Une claque, un roman extrêmement coup de poing. Et raconté avec énormément de pudeur malgré l’horreur, en plus.