Londres, c’est déjà fini! Et on n’a même pas eu le temps d’aller saluer la pierre de rosette ou le jeu d’échecs au British Museum! C’est over triste, je dis! Alors que Laurence et Maïka prenaient le métro vers St. Pancras (chargées… très chargées…), j’ai décidé de marcher l’heure et quart nécessaire pour me rendre à Paddington, un peu à l’autre bout de Londres, quand même. Et quand on s’arrête tout le temps pour regarder les bâtiments, les parcs et tout le tralala… forcément, c’est encore plus long. Finalement, même si j’avais 2 heures pour faire le trajet, j’ai trouvé le moyen d’arriver juste 5 minutes avant mon train. Digne de moi, quoi!
Je suis donc arrivée à Oxford, bien guillerette, beaucoup trop tôt pour le check in à l’auberge de jeunesse où j’avais réservé, mais j’ai pu y laisser mon sac et partir explorer. Oxford, c’est tout petit. On est toujours à 5 minutes de tout alors ça permet de visiter beaucoup. Surtout quand on est moi.
Comme j’avais une visite prévue à 14h, j’ai commencé par aller faire un tour au musée d’archéologie de la ville, le Ashmolean museum. L’étage du bas est fait pour les enfants et c’est vraiment bien trouvé. Ça parle des archéologues, des restaurateurs et des responsables de musée ainsi que de leur travail face aux œuvres, en plus de présenter plusieurs pièces intéressantes, notamment venant d’Amérique et d’Asie. Si le musée a été fondé au départ pour abriter le cabinet de curiosité qu’Ashmole a laissé à l’université, ça a bien changé depuis. Les collections incluent des tableaux, des artéfacts de plusieurs endroits du monde (vases, bijoux, sépultures) mais aussi quelques « curiosités » comme la lanterne de Guy Fawkes, le masque mortuaire de Cromwell, l’habit de cérémonie du grand chef Powhatan ou encore des vêtements de Lawrence d’Arabie. Par contre, en photos, ces choses particulières ne donnent pas grand chose. J’aurais pris plus de temps car mettons que les tableaux, je les ai regardés vite et que j’ai bu mon thé, en toit terrasse, à toute vitesse!
J’avais réservé une visite guidée avec visite des colleges mais sérieusement, même si c’était très agréable, je ne suis pas certaine que ça aille beaucoup plus en profondeur que le « free tour » de la même compagnie. En fait, on va dans un collège et dans la Divinity school mais ce sont les seules entrées de collèges. Par contre, la jeune guide était intéressante, drôle et nous a raconté plein de choses autant sur la ville que sur la vie dans l’université d’Oxford.
En fait, l’université d’Oxford, ce sont 38 collèges séparés (certains sites disent 39… c’est donc un des deux), qui ont été ouverts à divers moments de l’histoire. Oxford est toutefois la plus vieille université de langue anglaise au monde (3e en Europe, 2e qui fonctionne toujours, après Bologne), ayant été fondée en 1063, sous une forme un peu différente. Elle est hyper célèbre pour sa bibiothèque, la Bodlean Library ainsi que pour ses nombreux prix Nobel… et premiers ministres anglais! L’université est fort prestigieuse et ce n’est qu’au début du 13e siècle que certains érudits ont fui certains conflits et ont fondé Cambridge, elle aussi bien célèbre, que j’ai visitée y a plusieurs années déjà. Les plus vieux collèges sont Balliol, Merton et University, qui datent tous du milieu du 13e siècle Avant, il y avait des Halls religieux, puis d’autres Halls médiévaux, dont seul subsiste St.Edmund’s Hall (que je n’ai jamais trouvé de ma vie). Entendons-nous, à ces époques, ils n’avaient pas leurs formes actuelles, quoiqu’une partie de Merton college (où je me suis faufilée rapidement avant de me faire mettre dehors), daterait du 13e également. Ceci dit, les collèges étaient soit pour hommes ou pour femmes au départ. Le dernier n’est mixte que depuis le 21e siècle. C’est dire.
Trinity College, que nous visitons, a été fondée par Thomas Pope en 1555. N’ayant pas de descendance et étant très pieux, il souhaitait que quelqu’un se souvienne de lui pour prier pour son âme (du moins, c’est ce que nous raconte la guide). Ça a dû fonctionner parce que ses restes se trouvent en plein chœur de la chapelle du collège… et qu’on ne peut absolument pas l’oublier! La dite chapelle a été dessinée par Christopher Wren, avec des sculptures de Grinling Gibbons, très connu à l’époque.
Les terrains sont vraiment très beaux, avec des bâtiments arrangés autour d’un carré principal et de carrés secondaires. On dirait vraiment des châteaux. Certes, il y a des endroits moins « jolis » (comprendre, bâtiments des années 70… ça dit tout) pour loger certains étudiants mais y étudier doit être vraiment génial. L’impression de vivre dans une autre époque. Sur les murs… les résultats de la course d’aviron, sport national dans les universités oxfordiennes, semble-t-il. Comme la rivière est étroite, on ne peut faire une course avec tous les collèges ensemble. Du coup, le but est de bumper l’équipe devant soi… pour gagner une place. Ces endroits sont étranges. On voit aussi des terrains de sport mais le SEUL sport de balle et ballon admis est… le croquet! Je l’imagine toujours avec des flamants roses!
Parait-il aussi qu’il y a une terrible rivalité entre Trinity College et son voisin, le Ballial College… et que ça dure depuis de nombreuses dizaines d’années. Ils sont séparés par un mur et des chansons plus ou moins gentilles s’échangeraient par-dessus le dit mur. Paraîtrait-il que ça a culminé par un kidnapping de tortue (ouais, les collèges ont aussi une tradition de course de tortues de terre) et que des étudiants ont carrément retourné la terre du parterre de Trinity pour trouver « le corps » de Rosa the Tortoise! Quand je vous dit qu’ils sont bizarres!
Mais je réalise que je ne vous ai pas vraiment parlé d’Oxford la ville. Bien qu’intimement liée à l’université, son histoire comporte tout de même d’autres éléments intéressants. La ville a d’abord été anglo-saxonne et on retrouverait des traces de son existence à partir du 9e siècle. Elle a été le siège de plusieurs batailles avec les Danois, qui sont d’ailleurs la raison de la construction d’un – très peu efficace – mur en 911. La situation a tellement escaladé qu’en 1002, une loi a été déclarée comme quoi les anglais pouvaient tuer les Danois, comme ça, sans raison. Tout allait bien, n’est-ce pas. Les Danois se sont enfermés dans une église, les anglais ont brûlé l’église, le roi du Danemark avait de la famille dans la dite église, il n’a pas été content et disons que ça n’a pas aidé à la bonne entente entre ces pays. Aussi, dans les années 1640, le roi Charles 1e, en a fait sa capitale royale suite à sa fuite de Londres, où il était ma foi très peu apprécié. Il habitait à Christ Church (pas mal comme contexte).
La sainte patronne de la ville est Ste-Frideswide, princesse du 8e qui souhaitait devenir bonne sœur mais qui a été poursuivie par un prétendant insistant. Quand il aurait tenté de revenir dans la ville, il aurait été frappé par un éclair et serait devenu aveugle. Lorsque la belle lui aurait pardonné, il aurait retrouvé la vue d’un œil. Lucky guy! Of course, aucun doute que ça s’est passé EXACTEMENT comme ça!
Si aujourd’hui la ville est touristique, disons que l’arrivée de ceux-ci n’a pas été hyper bien vue au départ. Le train? On n’en voulait pas. Non mais imaginez… les manières de Londres allaient arriver jusque là… et des TOURISTES parmi les élus? Non mais!!!
On poursuit la visite en se rendant devant la Bodlean Library. Dans ce complexe, la Divinity School (1423, construit sur 60 ans par manque de fonds), premier hall d’examen ou les pauvres étudiants devaient subir un test pouvant aller de 3h à 3 jours… devant public… en latin. Pauvres types! Ah oui, c’est l’endroit où ont été tournées les scènes d’infirmerie dans Harry Potter (au grand désespoir de plusieurs personnes à l’université) ainsi que les cours de danse. Juste en face, le Sheldonian Theater de Christopher Wren, où ont lieu les cérémonies de graduation et de « matriculation », la véritable entrée des étudiants à Oxford.
Tout près aussi, la Radcliffe Camera, la première bibliothèque ronde pour mieux avoir la lumière du jour. Pas besoin de vous imaginer pourquoi cette lumière était nécessaire. Encore aujourd’hui, il faut signer des papiers JURANT qu’aucun feu ne sera amené dans la bibliothèque!
Impossible de passer sous silence le fameux Hertford bridge, librement inspiré du pont des soupirs. Officiellement, c’est pour relier les deux parties du collège mais en fait… Cambridge en avait un. Il en fallait un à Oxford, qui est apparu en 1830!
Nous terminons la visite devant All Soul’s College, très exclusif et très bizarre aussi. Vous devez y être invité pour postuler… et ils invitent 12 personnes par an, qui peuvent faire le processus d’admission. D’habitude, un ou deux sont acceptés mais si ça fonctionne, ils ont 7 ans de recherche payée. Ça vaut le coup. Avant, l’examen était le « one-word exam ». On leur donnait un mot, et ils avaient 3h pour rédiger un essai à partir de ce mot. Imaginez quand le mot est « coconut »! Ils ont aussi une cérémonie bizarre… mais VRAIMENT bizarre. En effet, il semblerait qu’un canard ait été enfermé dans un puits… et qu’il soit toujours vivant! Chaque année, il y a le Mallard Duck Hunt, où tous les étudiants cherchent dans TOUS les placards et les recoins de l’université pour trouver le fameux ancêtre canard. À la fin, ils le trouvaient sur le toit, sur un bâton. Inutile de préciser que maintenant, ce n’est plus un vrai canard mort. Je précise « maintenant »! Imaginez avant!
Après la visite, je me dirige vers le New College, qui contient le fameux arbre de Harry. Oui, il m’en faut peu. Cette université fondée en 1379, vaut vraiment le coup. On entre dans un grand « quadrangle » qui donne sur le Hall et la chapelle (et là, je lis qu’on ne pouvait pas prendre de photos… oups… il va en avoir).
La chapelle est vraiment belle, avec des murs du 14e. Il y a un très bel orgue et un portrait de St. James d’El Greco. Le cloître derrière est très grand et très beau, même si j’ai une nette préférence pour les petits cloîtres. Derrière, un beau jardin, avec un petit monticule de la période élizabéthaine, mais aussi les anciens murs de la ville datant du 12e siècle.
Avant le Ghost Tour prévu pour le soir (aucun spectacle, ni rien… donc je m’occupe), je vais manger à la Turf Tavern, lieu de beuverie étudiante depuis le 14e siècle. Il est au bout d’une toute petite mini rue (anciennement appelée Hell’s passage) et a été un lieu culte (et plein d’illégalités) d’Oxford. Y ont traîné CS Lewis, Stephen Hawking et Bill Clinton (who, on se le rappelle, « did not inhale », à cet endroit). Notre guide du soir nous a aussi mentionné qu’il était hanté par une certaine « Rosa »… mais c’est une autre histoire!
J’arrête un peu pour visiter une église (j’ai oublié le nom, again… je m’énerve moi-même)Et hop, je trottine vers le lieu de la marche fantôme, non sans arrêter à la Blackwell Library, une ÉMORME et très belle librairie, qui est maintenant une chaîne. Ici, c’est l’originale. Il y a plus de 3 miles de livres à cet endroit! Je résiste, je résiste… pas de place dans mes bagages!
La visite du soir est très cool, avec les légendes et l’histoire, qui recoupe un peu ce que j’ai vu ce matin. On y voit des petites ruelles, des endroits « fort hantés » et paraît-il que Thomas Pope et le roi Charles 1e hanteraient la ville! Rien de moins!
En arrivant à l’auberge, il y a une soirée hot-dogs bières sur la terrasse, à laquelle je participe avec joie, même si je suis visiblement la plus vieille. J’aime discuter avec les jeunes qui voyagent. J’adore leur enthousiasme, leur drive. J’ai discuté avec un Sud-Coréen, un Américain, deux Allemandes, un Pakistanais, un Italien et quelques Anglais, presque tous des gens qui voyagent pour un bon moment et qui sont hors de leur zone de confort, face à eux-mêmes. Bref, ça m’a redonné le goût de voyager en auberge jeunesse!
Allez, c’est déjà trop long! La suite d’Oxford demain!