Ce soir, je suis un peu bougonne. J’ai l’impression de ne rien avoir vu d’Istanbul malgré notre journée chargée et il a fallu une discussion avec maman pour me remettre de bonne humeur… avec la promesse qu’on reviendrait ensemble vu qu’elle non plus n’avait pas tout vu ce qu’elle voulait voir. Ça a été le seul moment un peu down de tout le voyage alors ça va encore!
Nous partons donc en tram pour la station Eminonu pour nous rendre au port, pour partir en croisière sur la corne d’or et le Bosphore, qui relie la mer noire et la mer de Marmara. Un vieux rêve. On dit que le nom du Bosphore vient d’une légende impliquant Zeus, Ios et un taon. Ios aurait été transformé en vache et a été tellement surpris quand le taon l’a piqué, qu’il aurait volé par-dessus le Bosphore, qui signifie Bos – forus… vache qui vole. C’est OFFICIEL que c’est vrai hein! Maintenant, inutile de voler pour le traverser. Il y a trois ponts, un tunnel et des traversiers pour pouvoir dire « je suis en Asie – je suis en Europe – je suis en Asie – je suis en Europe »! Il faut trotter un peu par contre, parce que le Bosphore a de 1000m à 3500m de large. Il est aussi assez difficile à naviguer à cause des deux courants et quelques navires s’y était aventurés sans pilotes se sont ramassés dans les maisons sur le bord de l’eau. Coucou, on vient déjeuner!
Au départ, nous passons sous le pont de Galata, avec une jolie vue sur la tour de Galata. Le pont a été construit en bois au 19e pour favoriser le passage du sultan, mais il a brûlé et été reconstruit en béton dans les années 80. C’est génial de traverser ce pont. En fait, j’aime traverser les ponts en général!
Au fil de l’eau, nous pouvons voir au loin l’énoooorme nouvelle mosquée sur le modèle de Ste-Sophie, qui peut accueillir 30 000 personnes, ainsi que la mosquée où s’étaient réfugiés les jeunes suites aux manifestations de la place Taksim. Plus loin, le palais de Dolmabace, qui ne se visite que sur réservation (et en anglais), où ont vécu le sultan et sa famille après avoir quitté Topkapi. C’est très européen comme style, avec les appartements privés ainsi que les pièces de réceptions. Il y avait certes un harem, mais c’était surtout une résidence familiale. Un peu plus loin, toujours dans le style européen, un autre palais pour accueillir les invités importants et plusieurs résidences de vizirs transformées en hôtels de luxe, dont le fameux palais Ciragan, où vont les vedettes.
Nous pouvons aussi voir différents quartiers, certains plus chics et d’autres plus populaires. Le quartier Besiktak, connu pour son équipe de foot et son université, très étudiant, le quartier Urkakoy, aussi un quartier jeune et vivant, tandis que plusieurs maisons en bois sont visibles un peu plus loin. On ne veut même pas savoir combien coûtent les demeures dans les montagnes! On peut aussi observer des églises et des mosquées qui font cour commune, preuve que c’est possible à Istanbul.
Nous dépassons le pont du Bosphore, devenu le pont du 15 juillet pour voir les tours d’Europe et d’Asie qui servaient à contrôler le trafic de bateaux jusqu’à Constantinople. Plus loin, la résidence privée du président Erdogan, en haut de la montagne, ainsi que plusieurs mosquées et le palais de la reine mère, qui devait quitter le palais quand son fils n’était plus sultan. Dans le quartier Iskidar, on pouvait avant faire des balades mais il est maintenant très construit. On y trouve aussi la seule mosquée où il n’y a aucun pigeon, car elle est construite à une confluence de vents qui les empêchent de s’y poser. Ingénieux!
Dernière légende de la croisière, la tour des filles, qui aurait été construite par un père qui aurait voulu protéger sa fille des prévisions d’un oracle, qui aurait prédit qu’elle mourrait d’une morsure de serpent. Il a dont construit cet ilôt mais la prophétie s’est réalisée quand un serpent a été introduit dans l’île dans un panier de nourriture. Plus sérieusement, ce devait être un phare… mais la légende est plus exotique!
Après un dîner de poisson dans un resto sur un pont traversant le Bosphore, nous allons visiter la citerne baslique, qui, en fait, n’a pas grand-chose d’un édifice de culte. Construite en 1532, c’est une citerne et un aqueduc de 2800 mètres carrés avec un nombre impressionnant de colonnes. Elles sont toutes différentes car il s’agit souvent de remplois. Les photos ne donnent absolument rien, mais c’est vraiment un endroit particulier, avec sa tête de méduse à l’envers pour écraser les anciennes croyances, et la colonne de larmes, édifiée pour les gens qui sont morts pendant la construction. Elle n’aurait jamais été utilisée comme elle se devait de l’être au départ.
Par la suite, direction Ste-Sophie, qui est maintenant un musée, mais qui a été chrétienne, puis musulmane auparavant. Sur ce site, il y a d’abord eu une première église en bois, dédiée à Sophia (la sagesse), au 5e siècle. Au 6e siècle, la construction a commencée, avec plus de 10000 ouvriers. Justinien aurait d’ailleurs déclaré « Salomon, je t’ai vaincu » car avant, c’est ce temple qui était le plus grand. Ça n’a pas été de tout repos, pourtant. La coupole est tombée, puis a été reconstruite avec des briques de Rhodes, beaucoup plus légère, elles est encore tombée, et c’est à l’époque ottomane qu’a été construite la coupole actuelle. Deux des minarets sont de l’époque de Mehmet tandis que les deux autres sont respectivement du 16e et du 18e siècle. Elle a été une mosquée jusque dans les années 30, avec la venue d’Ataturk.
Le bâtiment a deux entrées. La plus importante pour les familles importantes et l’autre pour le reste des gens. Vous et moi, quoi. Tout est en marbre symétrique, car la pierre a été coupée en deux avant d’être posée. C’est vraiment extraordinaire une fois qu’on l’a remarqué.
Ste-Sophie, c’est bigger on the inside. Le Docteur est passé par là. À l’intérieur, ça ressemble à un carré coupé en trois par deux rangées de colonnes, avec la coupole au-dessus. Le plafond est en mosaïque et certains personnages datent du 10-11e siècle. Plusieurs empereurs ont aussi fait apporter leurs portraits dans le monument, mais plusieurs sont recouverts. D’ailleurs, sous l’enduit, on trouve encore des mosaïques et des décorations.
À l’époque musulmane, des aménagements ont été faits et une partie dirigée vers la mecque a été aménagée. Quand le son n’est pas assez bon, il y a un immam à chaque rangée pour faire le répétiteur. Comme décoration, des vers du coran et des médaillons. C’est magnifique et même si on s’amuse à trouver des figures dans le marbre, ça ne nous empêche pas d’admirer toute cette beauté.
Au deuxième étage, il y a une rampe et on pouvait donc y monter à cheval, L’endroit est décoré de magnifiques mosaïques qui ressemblent à des peintures tellement elles sont fines, de superbes lampes et de doubles colonnes.
Dans les colonnes, un trou pour l’humidité. Selon la légende chrétienne, si on met notre pouce dedans et qu’on fait un tour complet sans bouger les pieds, notre vœu va se réaliser. Pour les musulmans, le trou a été fait pour que le pouce du père de Mahomet ait pu le tourner vers la Mecque. J’adore ces interprétations différentes.
Nous repartons donc à travers la ville, en passant par la place de l’hippodrome, que nous avons parcourue hier. Construit par Septime Sévère pour 5000 personnes, tous les jeux se déroulaient ici à l’époque romaine : gladiateurs, agora, course de chevaux. Au 4e siècle, Contantin l’a réservée aux courses de chars.
Sur la place, un obélisque provenant du temple de Karnak. La base a été cassée et à son arrivée, il a fallu 32 jours pour le redresser. La colonne serpentine s’appelle ainsi car les grecs avaient vaincu les persans, qu’ils représentaient comme un serpent à 3 têtes. Si l’une est perdue, l’autre est à Istanbul et la troisième en Europe.
Nous voyons aussi des fontaines étranges, qui ne ressemblent ni aux fontaines européennes, ni aux fontaines turques. Elles viendraient d’Allemagne et aurait été échangé par un sultan contre un contrat de chemin de fer.
Pour visiter la mosquée bleue, nous devons patienter un peu car nous arrivons juste avant l’heure de la prière. De toute façon, un peu de repos n’est pas de refus. On a donc tout notre temps pour arranger nos foulards (Mme N. a de la job avec nous) et tenter d’avoir l’air assez respectables pour entrer dans le lieu de prière. Disons que des fois, c’est juste plus ou moins convaincant!
On finit par réussir à entrer et si les mosaïques sont magnifiques, j’avoue que c’est un peu dommage de la voir autant en travaux. Sur les 10000 carreaux de faïence bleue, disons que nous n’en voyons qu’une toute petite partie. Malgré tout, quand on se concentre sur les jolis détails, on s’émerveille tout de même. C’Est assez incroyable comme construction.
C’est donc une construction de 1600. IL y a 1000 ans entre la construction de Ste-Sophie et de cette mosquée-ci. Là, mes notes sont un peu imprécises (c’est un euphémisme) mais selon ce que je comprends de mes propres gribouillages, Sultanhamet aurait reçu un message, celui de construire une mosquée plus grande et plus belle que l’autre. L’architecte a toutefois eu un peu peur de voir la mosquée s’effondrer et il a créé un système avec 4 pilliers et plusieurs demi-coupoles qui est fait de telle façon qu’à l’intérieur, on croirait n’avoir qu’une seule coupole. C’est vrai que ça fonctionne, en plus. La mosquée a 6 minarets à trois balcons, ce qui en fait une mosquée importante. Avant, seulement la Mecque en avait autant.. mais maintenant, on en a ajouté un 7e à cette dernière!
La prière est omniprésente pour les musulmans pratiquants. IL faut la faire 5 fois par jour, les plus importantes étant celles du matin et du soir. Si on ne peut pas pendant la journée, on les reprend plus tard. Au départ, les mosquées n’étaient que pour les hommes car les femmes sortaient peu. Maintenant, elles vont aussi à la mosquée, mais derrière les hommes car devant, les mouvements un peu suggestifs, les fesses en l’air, pourraient « déranger » les hommes. Ceci dit, la nature étant ce qu’elle est, j’imagine que certains ont aussi beaucoup de plaisir à voir leurs congénères dans de telles positions! Pourtant quand on en parle aux femmes, elles trouvent ça tout à fait normal et pas du tout discriminatoire. J’ai encore du chemin à faire pour tout comprendre, je pense.
Après une pause hôtel, nous finissons la soirée au resto où nous mangeons un ragoût cuit dans un pot de terre qu’ils ouvrent avec une épée. Il faut dire que notre serveur était un méchant showman! Son trip? Danser avec des verres sur la tête. Beaucoup de verres! Avec la petite balade près de l’hôtel, ça a bien fini la soirée!