Oh que le réveil a été difficile ce matin! D’abord, la chambre était super mignonne MAIS sans une goutte de vent, c’était une fournaise. J’étais flambant nue, étalée sur mon lit, à espérer un peu d’air… sans succès! Mais bon, c’est la vie, ce n’est pas la première fois depuis que je suis arrivée en Europe, mettons. Sauf qu’en plus, il y avait une odeur. Je suis zéro sensible aux odeurs mais là, l’odeur d’égoût… j’ai fini par devoir sortir de la chambre à 5h du matin pour avoir un peu moins mal au cœur. Et c’est pas comme si on avait dormi hein… entre le coq qui s’y met (et qui n’a visiblement pas de piton « pause », les chiens qui jappent, la bataille de chats et l’appel à la prière en stéréo (ça, on le savait… mais j’ai quand même volé hors de mon lit à 4h30 du matin!), j’ai dû dormir en tout et pour tout 3h. Et je suis généreuse. Du coup, j’avais un peu les deux yeux dans le même trou à mon arrivée au déjeuner. Ça fait partie du voyage, comme on dit… et on se crée des souvenirs. J’avoue avoir eu un méga fou rire toute seule dans mon lit quand les animaux se donnaient la réplique!
C’était donc la journée « animaux ». Après la nuit agrémentée des bruits de la faune locale, on a vu arriver un des membres du groupe blanc comme un drap pour cause de scorpion. La veille, on avait jasé de nos hypocondries respectives et ce matin, imaginez-vous qu’il se fait piquer par un scorpion! Rien de moins. Il a été à l’hôpital à la vitesse de l’éclair et pendant ce temps-là, on a checké ben comme il faut nos valises et notre stock et que no way que je me promène nu pieds à partir de maintenant!
La première balade du jour (par 38 degrés) était dans une jolie vallée dans le « pays des beaux chevaux » qu’est la Cappadoce. Le paysage est extraordinaire, complètement sorti d’un conte de fées. Entre les couches de rochers aux coloris variés se dressent les fameuses « cheminées des fées » et nombre d’habitations troglodydiques. Comme la pierre résulte de plusieurs éruptions volcaniques, elle est parfois constituée de cendre concentrée, ce qui la rend facile à creuser pour faire des habitations ou des pigeonniers. Une légende turque raconte qu’en Cappadoce vivait une population terrorisée par des géants et des animaux cracheurs de feu. Les fées sont donc venues pour les aider et cohabiter avec eux, en apportant la glace et la neige. Les fées ont donc vécu dans les fameuses cheminées alors que la population était autour. Finalement, elles se seraient transformées en pigeons. En fait, la présence d’une pierre solide au-dessus de la cheminée a permis de protéger de l’érosion et du vent la terre qui était dessous. De là les formations en question.
Dans la vallée Uchisar il y a des pigeonniers, la vue est spectaculaire. Peu importe où on regarde, c’est beau et on ne sait plus où donner des yeux. Le sentier est un peu abrupt occasionnellement, ce qui nous fait faire quelques acrobaties et donne lieu à des conversations un peu hallucinantes!
Voyageur 1 : On est tout écartés, on a l’air d’un groupe de pingouins!
Voyageuse 2 : Un groupe de pingouins? Où? Où?
Rappelons que nous sommes en Turquie. Et que la dite voyageuse – que je ne nommerai pas – a quelques post-doctorats à son actif!
Partout, on y voit la croix de Malte, symbole qui était associé aux premiers chrétiens. Le guide nous a expliqué quelque chose en rapport avec ce symbole et le mot poisson en grec (ictos), la superposition des caractères et le trèfle à quatre feuilles mais je devais être trop déshydratée pour m’en souvenir parce que c’est ma foi très flou dans ma tête!
Après avoir mangé un excellent repas dans un restaurant troglodytique, nous avons fait une petite balade dans la vieille ville de « chawuchin », maintenant désertée et occupée en partie par des boutiques. Un peu partout nous voyons ces anciennes villes dans les rochers, avec la ville nouvelle juste en bas. C’est magnifique, comme si le passé nous regardait.
En après-midi, nous avons visité le musée en plein air, où se trouve la citadelle du milieu ainsi que plus de 400 églises chrétiennes. Les chrétiens sont arrivés en Cappadoce vers le premier siècle après JC car il semblerait que le passage de St-Paul a été efficace question conversion. Toutefois, ils devaient se cacher et leur religion fut illégale jusqu’à l’installation de Constantin à Istambul, où leur religion fut permise. De grands centres furent alors créés en Cappadoce, à Éphèse et à Istambul pour évangéliser les peuples. En Cappadoce, trois grands centres. Celui que nous visitons, Ilhara et Gulsh. Des monastères ont été creusés dans des rochers et nous pouvons d’ailleurs voir des réfectoires avec des tables creusées dans la pierre, la cuisine, avec le four au milieu, et les réserves. Ici sont passés St-Basile, St-Grégoire de Nicée et St-Grégoire de « nation ». L’église a choisi l’orthodoxie au 10e siècle. Auparavant, il y a eu une période iconoclaste et toutes les représentations humaines ont été enlevées pour être remplacées par des symboles. Ils furent refaits par la suite, soit en peintures murales, soit en fresques. Les chrétiens se sont ensuite dirigés vers les grandes villes jusqu’en 1923 où ils sont, pour la plupart, partis en Grèce en abandonnant leur ville.
Nous ne pouvons pas photographier les églises, et comme je suis arrivée trop tard pour passer à la boutique, j’ai pris des photos du livre qu’a acheté une autre dame du voyage. Ouais, je suis glamour de même. Mais certaines représentations de St-George et St-Théodore sont magnfiques (et très fréquentes car ils auraient été très présents en Cappacoce) et les peintures sont hyper émouvantes. Certaines images sont majestueuses. Les églises sont de plusieurs styles, allant de la nef simple et du plafond plat des 6-7e siècle jusqu’aux colonnes et aux voûtes, en passant par les églises à trois nefs avec des dômes. C’est beau sans bon sens. On se dépêche de jogger dans le site pour pouvoir tout voir et entrer dans tous les trous possibles (tssssss… ne pas mal penser… jamais je n’oserais, MOI!). Nous trouvons donc une église dédiée à St-Basile, une autre à Ste- Barbe (la fameuse sainte au châtiment barbare) et finalement, une à St-Onuphirus, ce saint souvent représenté avec une barbe, des seins de femme et un cache-sexe. En fait, c’est un homme, mais en voulant représenter la musculature de sa poitrine… ça a donné un drôle de résultat, mettons!
Fialement, juste avant de repartir, nous nous arrêtons dans une dernière église, avec des peintures et des fresques de deux époques différentes. Des pastels, plus anciennes et des bleues indigo, plus récentes et très bien conservées. Il y a une belle nativité, une adoration des mages la pêche miraculeuse… c’est très impressionnant et très… bleu! C’est la seule fois que nous avons vu ce bleu dans ces églises.
Un petit arrêt dans la vallée des moines (vallée de St-Siméon, vallée des Schtroumpfs pour certains, vallée des phallus pour d’autres… on ne dira pas qui a dit quoi) pour visiter cet endroit venu d’ailleurs où des moines habitaient il y a plusieurs centaines d’années. On a pu y voir plusieurs mariées et fiancées suantes qui prenaient leurs photos de mariage et nous nous sommes glissés tant bien que mal à l’intérieur des maisons creusées dans la pierre. C’était génial.
Dernier stop, l’atelier de poterie de Selim où nous avons eu droit à une démonstration… et où j’ai fait des dépenses. C’était écrit dans le ciel, hein! Mais elle était TROP belle, l’assiette! Et c’est tout artisanal. Du coup, j’ai un peu craqué. Ceci dit, la personne du groupe qui a fait la démonstration nous a fait rire, c’était incroyable. Elle a d’abord fait un gros phallus sans trop savoir comment elle en était arrivée là et tentait tant bien que mal de suivre les indications de l’artisan : fait un petit trou avec ton doigt… ok, deux doigts.. quatre! Mets y le poing! On en pleurait, c’était pas mêlant. Pour faire l’anse du panier (parce qu’en fait, le pénis était un panier), elle semblait soit traire une vache, soit faire totalement autre chose… et on a eu vraiment mal quand elle a enlevé sans hésiter le bout du truc. Circoncision subito-presto! Bref, on a vraiment, vraiment ri.
En arrivant, j’ai changé de chambre (elle ne sent rien) et j’ai fait ma tournée habituelle « punaises de lit », avant d’ajouter le plug in « recherche de potentiels scorpions » à ma petite routine. Super souper, avec de délicieux baklavas… et dodo! On va espérer que les chiens aient pris leur pilule pour dormir ce soir!
Et nous baptisons la journée : Le jour du scorpion!