J’écris ce billet plusieurs mois plus tard car on dirait que je repoussais l’idée de revisiter ces souvenirs. Bizarrement, j’avais presque tout occulté ce qui n’était pas Auschwitz dans cette journée et mes souvenirs du matin sont un peu flous… On dirait que cette visite forte en émotions a éclipsé le reste. Je vais donc partir de mes notes, mais la précision risque d’être un peu… imprécise! Vous me pardonnerez, j’espère!
La journée a commencé par une exposition sur Jean-Paul II, très important pour les Polonais et très vénéré. La religion a beaucoup d’importance là-bas et environ 50% de la population va à la messe, surtout dans les campagnes. Pendant le régime communiste, la religion n’a pas été interdites, mais les prêtres ont été persécutés, car ils empêcheraient l’avancement de la société.
Jean-Paul 2 a redonné espoir à beaucoup de Polonais et sa visite a été importante pour eux. Ce ne fut pas simple de venir, et il a osé parler de la répression des polonais, ce qui a mis du baume au coeur de plusieurs, selon notre guide. L’ancien pape est parti à Cracovie en 38 pour y étudier… la littérature. Toutefois, plusieurs universités ont été fermées et les étudiants ont été envoyés travailler. Il faisait aussi partie d’un groupe secret qui discutait religion… et the rest is history, je pense.
Notre guide en profite pour nous parler un peu des traditions religieuses. En Pologne, le 24 décembre est plus important que le 25. C’est avant tout une fête de famille où se déguste un plat traditionnel de carpe, avec des betteraves ou des champignons. Le tout serait accompagné d’une soupe aigre à la saucisse et de gâteau au pavot. J’ai une note étrange qui dit qu’ils gardaient les fanes de carottes dans la baignoire…mais sérieusement, je pense que je devais avoir fumé quelque chose… ou alors eux!
À Pâques, on allait à la messe avec un panier de pain, de sel, de saucisse et d’oeufs décorés pour les faire bénir le samedi. C’est ce qui était partagé avec les convives le lendemain!
Nous nous dirigeons ensuite vers Czestochowa, capitale spirituelle de la Pologne, pour y admirer la vierge noire, ce qui était le but ultime de certains voyageurs de notre groupe. Nous allons donc au monastère de Jasna Gora, très impressionnant, surtout quand on voit l’émotion des gens qui y assistent à la messe. Il y a une messe par heure et c’est toujours plein. C’est hyper bizarre car pendant ces moments, il y a une HORDE de touristes (genre nous) qui prenons des photos en tous sens. Je ne sais pas comment ils font pour rester dans leur truc, mais ils y parviennent.
La salle est décorée d’ex-votos et on peut y voir la fameuse vierge noire, dont on change la robe périodiquement. Il y a 10 robes et couronnes, toutes richement ornées et un sceptre car ici la Vierge est vénérée comme une reine. On peut aussi y voir la robe tachée de sang de Jean-Paul II suite à l’attentat et la rose que Paul VI a offerte quand il n’a pas pu venir, son entrée ayant été refusée par les communistes.
L’église gothique a brûlé et la chapelle actuelle a été construite dans le style rococo, au 18e siècle et elle est dédiée à la nativité de la vierge. Le chemin de croix, datant de 2000-2001, est célèbre car il revisite aussi l’histoire moderne de la Pologne. Je l’ai trouvé très très poignant, j’ai 20 000 photos mais je vais vous épargner ça!
Le monastère a été fondé en 1382, au moment de l’arrivée des moines de la Hongrie. 103 moines Paulins y vivent toujours. L’icône que tous admirent date du 13e et vient de Byzance. Elle a été noircie par le feu, comme la plupart des vierges noires… rares sont celles qui ont été peintes noires au départ. Elle a été pillée et restaurée mais la cicatrice, symbole de sa douleur, est toujours bien visible. Le sanctuaire est fortifié et a été assiégé pas moins de 16 fois… toutefois, le monastère n’a jamais été pris. Moi, je dis que c’est un coup du bon dieu.
Nous avons fait le trésor au pas de course, où on nous a raconté l’histoire de Popieluszco, prêtre assassiné par la milice en 1984 et béatifié depuis… il était l’aumônier de Solidarnosc… quant à savoir pourquoi on nous a parlé de ça à ce moment précis, je n’en ai aucune espèce d’idée!
C’est ensuite l’arrivée à Auschwitz, Ocewiecim en polonais. C’est d’ailleurs comme ça que c’est indiqué sur les pancartes. Je n’ai pas pris beaucoup de photos… j’ai comme oublié tellement j’étais émue et physiquement mal à l’aise. Je me suis un peu forcée… Le soleil qui brillait sur ces lieux était presque arrogant et sous certains angles, on se croirait dans une université de la nouvelle Angleterre. Alors que c’est un lieu d’horreur… et je suis certaine que les murs se souviennent, à l’atmosphère qu’il y règne.
La ville d’Ocewiecim est une ville médiévale, avec un château, qui comptait 40000 habitants. Avant son tristement célèbre destin, c’était une caserne de l’armée polonaise, de là les bâtiments en brique, bien conservés. Birkenau, plus loin, était surtout faite de baraques de bois et est beaucoup moins bien préservée. En Pologne, avant la guerre, il y avait 3 500 000 juifs. Il en restait 200 000 à la fin. Sans commentaire.
L’endroit a été choisi car la ville était développée, qu’il y avait un bon réseau de chemin de fer et qu’elle était située entre deux fleuves, ce qui rendait les évasions plus difficiles. Ils ont certes changé le nom… Au départ, il hébergeait les déportés politiques, mais ensuite, y ont été entassés les juifs, homosexuels, tziganes et prisonniers de guerre russes, tous dûment identifiés. Comme de la marchandise.
Auschwitz devait être un « camp de travail ». Il y avait un horaire précis et éreintant, peu de nourriture, des capos et de la discipline à respecter. Un orchestre jouait des marches allemandes et les prisonniers devaient construire le camp. On y comptait 200 morts par jour en raison du travail et des conditions de vie.
Puis, c’est devenu un camp d’extermination… Les gens arrivaient dans des wagons à bestiaux, entassés, pas nourris, sans air, morts et vivants. Puis, ils arrivaient dans la cohue, les bagages étaient laissés, les hommes et les femmes séparés et c’était la sélection. Seulement 20% étaient enregistrés dans le camp. Les autres ont été assassinés.
Les juifs devaient prendre des photos, être témoins de tout ça… et se débarrasser des cendres. Ce moyen a été choisi car il n’était pas cher. Nous passons dans les différents musées où nous voyons les quantités d’objets et de cheveux… l’horreur, mettons. Puis, on nous montre l’endroit où des milliers de gens ont été fusillés, les blocs de stérilisation, le bloc de Mengele, la place de l’appel et les fours crématoires… il n’en reste qu’un seul, les autres ayant été démontés, mais il a fonctionné jusqu’à la veille de la libération.
À Birkenau, les conditions étaient encore pire qu’à Auschwitz. Ici, pas de pelouse mais de la boue et des baraques à moitié construites par les prisonniers, avec les matériaux des maisons détruites. Le musée a été ouvert 2 ans après la guerre par les rescapés, qui en ont été les premiers guides. Pour ne jamais oublier…
2 Commentaires
Brrrr! Je ne suis encore jamais allée à Auschwitz mais j’ai visité Dachau il y a plusieurs années donc je comprends très bien le malaise dont tu parles. Par contre, c’est vrai que c’est étonnant, tous ces arbres et cette pelouse, avec ce soleil. L’ambiance doit être vraiment particulière. Merci pour le partage en tous cas.
Auteur
Oui, l’ambiance est hyper particulière et j’en garde encore un souvenir très malaisant… nécessaire mais difficile.