Résumé
Vers la fin de sa vie, Émile Nelligan, interné à St-Jean-de-Dieu, revisite sa jeunesse et revit les moments marquants de sa vie, alors qu’il était un jeune homme tourmenté et vivait sa bohème et sa poésie.
Commentaire J’ai classé cet ouvrage dans théâtre, parce qu’il est paru dans la collection « théâtre » de mon édition (Léméac) mais en fait, il s’agit du livret d’une comédie musicale dont Michel Tremblay a écrit les paroles et dont la musique a été composée par André Gagnon. C’était écrit dans le ciel que j’allais apprécier cette lecture et, en effet, c’est ce qui est arrivé.
Je crois en avoir déjà parlé dans mon billet clamant haut et fort ma non-midinettude mais à l’adolescence, je fus prise de passion pour Nelligan et son œuvre. J’étais dans mon trip « artiste intense» et l’histoire de ce poète québécois avait tout pour faire s’envoler mon imagination romantique. En effet, comment ne pas être impressionnée par ce poète prodige, élevé entre un père anglais et une mère française, qui écrivit toute son œuvre entre 16 et 20 ans, avant d’être interné pour psychose? Son « récital des anges », qui demeurera toujours inachevé, est devenu un mythe dans ma petite tête d’adolescente et sa photo laminée a longtemps trôné au-dessus de mon lit. J’ai lu de long en large sa biographie, ai appris ses poèmes (que j’ai dans de nombreuses éditions) par cœur et lu ses textes d’asiles. J’ai même fait mon petit pèlerinage à sa maison la rue Laval ainsi qu’à sa maison de jeunesse dans le Vieux Montréal . J’ai longuement milité pour soutenir, comme le traité de Bernard Courteau du même nom que « Nelligan n’était pas fou » et j’ai longuement médité sur le triste sort de ce poète assassiné. J’ai même fait un exposé oral hautement passionné sur le sujet, au secondaire! Oui, oui, vous avez le droit de rire!!!
Quand la comédie musicale est apparue, en 1990-1991, je me suis bien entendue précipitée pour la voir et j’ai été charmée. Comme je l’ai en DVD et en CD, on va dire que je la savais pas mal par cœur. Lire les chansons et les passages de cette comédie musicale a fait ressurgir des images et des musiques oubliées qui m’ont rappelée les passions de l’adolescente que j’étais… et j’ai ressorti mon recueil de poèmes de Nelligan! En fait, j’ai chanté tout au long de ma lecture… un très très agréable moment.
Dans la comédie musicale, on parle principalement de Nelligan et de sa famille. Michel Tremblay évoque l’évolution et la grande mélancolie de Nelligan à travers son ressenti à lui mais également à travers celui de sa famille, dont il exploite les ambigüités. La structure de la pièce fait également très « Tremblay » par le chevauchement des époques (Émile vieux qui visite des scènes de sa jeunesse). On ressent l’impuissance des personnages lorsqu’ils voient cet adolescent génial glisser doucement vers la mélancolie, à une époque où il était particulièrement difficile d’être hors-norme. Les périodes d’exaltation d’Émile sont tangibles, de même que les périodes où il est complètement désabusé. Quand on entend la musique dans sa tête, c’est encore plus clair. Je suis toujours touchée par la fin du premier acte quand Émile jeune, exalté à la suite de la lecture de « La romance du vin » au château Ramezay, se déclare poète et qu’Émile vieux complète sa phrase… Bref, une belle lecture musicale « à souvenirs ».
9/10
Portrait de Nelligan (1971), Jean-Paul Lemieux
Pour ceux qui ne connaissent pas l’œuvre de Nelligan, voici deux de ses poèmes les plus célèbres.
Pour ceux qui ne connaissent pas l’œuvre de Nelligan, voici deux de ses poèmes les plus célèbres.
La romance du vin
Tout se mêle en un vif éclat de gaieté verte
O le beau soir de mai ! Tous les oiseaux en choeur,
Ainsi que les espoirs naguère à mon coeur,
Modulent leur prélude à ma croisée ouverte.
O le beau soir de mai ! Tous les oiseaux en choeur,
Ainsi que les espoirs naguère à mon coeur,
Modulent leur prélude à ma croisée ouverte.
O le beau soir de mai ! le joyeux soir de mai !
Un orgue au loin éclate en froides mélopées;
Et les rayons, ainsi que de pourpres épées,
Percent le coeur du jour qui se meurt parfumé.
Un orgue au loin éclate en froides mélopées;
Et les rayons, ainsi que de pourpres épées,
Percent le coeur du jour qui se meurt parfumé.
Je suis gai! je suis gai ! Dans le cristal qui chante,
Verse, verse le vin ! verse encore et toujours,
Que je puisse oublier la tristesse des jours,
Dans le dédain que j’ai de la foule méchante !
Verse, verse le vin ! verse encore et toujours,
Que je puisse oublier la tristesse des jours,
Dans le dédain que j’ai de la foule méchante !
Je suis gai ! je suis gai ! Vive le vin et l’Art !…
J’ai le rêve de faire aussi des vers célèbres,
Des vers qui gémiront les musiques funèbres
Des vents d’automne au loin passant dans le brouillard.
J’ai le rêve de faire aussi des vers célèbres,
Des vers qui gémiront les musiques funèbres
Des vents d’automne au loin passant dans le brouillard.
C’est le règne du rire amer et de la rage
De se savoir poète et objet du mépris,
De se savoir un coeur et de n’être compris
Que par le clair de lune et les grands soirs d’orage !
De se savoir poète et objet du mépris,
De se savoir un coeur et de n’être compris
Que par le clair de lune et les grands soirs d’orage !
Femmes ! je bois à vous qui riez du chemin
Ou l’Idéal m’appelle en ouvrant ses bras roses;
Je bois à vous surtout, hommes aux fronts moroses
Qui dédaignez ma vie et repoussez ma main !
Ou l’Idéal m’appelle en ouvrant ses bras roses;
Je bois à vous surtout, hommes aux fronts moroses
Qui dédaignez ma vie et repoussez ma main !
Pendant que tout l’azur s’étoile dans la gloire,
Et qu’un rythme s’entonne au renouveau doré,
Sur le jour expirant je n’ai donc pas pleuré,
Moi qui marche à tâtons dans ma jeunesse noire !
Et qu’un rythme s’entonne au renouveau doré,
Sur le jour expirant je n’ai donc pas pleuré,
Moi qui marche à tâtons dans ma jeunesse noire !
Je suis gai ! je suis gai ! Vive le soir de mai !
Je suis follement gai, sans être pourtant ivre !…
Serait-ce que je suis enfin heureux de vivre;
Enfin mon coeur est-il guéri d’avoir aimé ?
Je suis follement gai, sans être pourtant ivre !…
Serait-ce que je suis enfin heureux de vivre;
Enfin mon coeur est-il guéri d’avoir aimé ?
Les cloches ont chanté; le vent du soir odore…
Et pendant que le vin ruisselle à joyeux flots,
Je suis gai, si gai, dans mon rire sonore,
Oh ! si gai, que j’ai peur d’éclater en sanglots !
Et pendant que le vin ruisselle à joyeux flots,
Je suis gai, si gai, dans mon rire sonore,
Oh ! si gai, que j’ai peur d’éclater en sanglots !
Émile Nelligan (la romance du vin -1899)
Le vaisseau d’or
Ce fut un grand Vaisseau taillé dans l’or massif:
Ses mâts touchaient l’azur, sur des mers inconnues;
La Cyprine d’amour, cheveux épars, chairs nues,
S’étalait à sa proue, au soleil excessif.
Ses mâts touchaient l’azur, sur des mers inconnues;
La Cyprine d’amour, cheveux épars, chairs nues,
S’étalait à sa proue, au soleil excessif.
Mais il vint une nuit frapper le grand écueil
Dans l’Océan trompeur où chantait la Sirène,
Et le naufrage horrible inclina sa carène
Aux profondeurs du Gouffre, immuable cercueil.
Dans l’Océan trompeur où chantait la Sirène,
Et le naufrage horrible inclina sa carène
Aux profondeurs du Gouffre, immuable cercueil.
Ce fut un Vaisseau d’Or, dont les flancs diaphanes
Révélaient des trésors que les marins profanes,
Dégoût, Haine et Névrose, entre eux ont disputés
.
Révélaient des trésors que les marins profanes,
Dégoût, Haine et Névrose, entre eux ont disputés
.
Que reste-t-il de lui dans la tempête brève ?
Qu’est devenu mon coeur, navire déserté?
Hélas! Il a sombré dans l’abîme du Rêve!
Qu’est devenu mon coeur, navire déserté?
Hélas! Il a sombré dans l’abîme du Rêve!
Émile Nelligan (1879-1941)
26 Commentaires
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Je ne connaissais pas du tout ce poète (aie pas taper!) Merci pour la découverte 🙂
Moi non plus connais pas du tout. Mais ton billet ressemble un peu à un billet de « si si, je suis une midinette »! 😉
Voilà un poète inconnu pour moi mais je vois que je ne suis pas la seule 🙂 C’est vrai que je ne suis pas très « poème » habituellement mais ce livre/livret sur sa vie a l’air intéressant !
Les deux poèmes sont très beaux, je ne connaissais pas du tout et le livre de Michel Tremblay semble très intéressant pour bien comprendre quel homme se cachait derrière ce poète !!
Stéphanie: Ne t’en fais pas, même si je voulais taper, je suis un peu loin!!! ;)) Tant mieux si ce petit article vous le fait découvrir un mini-peu! Emeraude: Je crois que les poèmes de Nelligan n’ont pas traversé l’océan! Et on va dire qu’à 15 ans, J’ÉTAIS un peu midinette! Bien entendu, c’est vraiment chose du passé, maintenant!! 🙂 Joelle: Tant qu’à découvrir ce livret, il est peut-être préférable de le découvrir en musique plutôt que seulement en livret de comédie musicale! :)) Ce fut pour moi un beau rappel de souvenirs, j’avais un peu oublié ces chansons! Florinette: Nelligan, au Québec, c’est un peu un mythe… difficile de distinguer le vrai du côté « légende ». Et c’est vraiment les paroles de la comédie musicale, pas un livre en soi! Mais bon, c’est une très belle lecture pour moi!
Hé bien ! Après un billet aussi passionné, je ne peux que rajouter sur ma LAL aussi bien Nelligan (euh…moi non plus, je ne le connaissais pas…) que Michel Tremblay ! J’ai vu que je pouvais trouver une biographie du « poète mythique à Québec » à la bibliothèque, alors…
J’ai eu aussi ma phase Nelligan étant adolescente… Quel ado ne s’identifie pas à un jeune homme torturé? Bref, je note ce livre que je ne connaissais pas non plus!
Turquoise: Si c’est la biographie de Nelligan par Paul Wiazem… quelque chose, c’est très bien fait. Si tu tombes sur l’enregistrement, c’est idéal pour écouter avec le livret! Allie: En effet, je crois qu’en tant qu’ado, quand on rejette toute les conventions, il est facile de s’identifier à Nelligan, à son mal de vivre et à son désir de bohème! Le CD a été réédité en 2005, je crois… jene l’ai pas… pas encore!!!
Pourquoi je ne suis pas étonnée de lire ça? Tu m’as assez cassé les oreilles avec Nelligan que j’ai fini par adhérer à ta cause. C’est vrai que la comédie musicale était belle.
Marylou: Et pourquoi je ne suis pas étonnée que tu ne sois pas étonnée?? C’est vrai que j’étais un peu intense, hein!!!
Bonjour, C’est avec beaucoup plaisir que je viens de terminer la lecture de votre texte sur Nelligan. Et je suis surprise de voir que vous détenez une copie DVD de l’opéra de 1990. Est-ce que vous pouvez me dire où vous vous l’êtes procurée? Cela fait des mois que je la cherche et rien…….. je commence à désespérer de pouvoir revoir la version originale de cet extrordinaire opéra.
Merci de me répondre par courriel quand vous en aurez le temps. [email protected]
Nathalie: Version DVD enregistrée lors d’une retransmission télé ;)) J’ai des copains assez géniaux version techno, ça aide! Mais cet opéra reste un merveilleux souvenir!
aahhhhhhhhhhhh mais je suis jalouse. Pas moyen de voir si on peut en faire une copie ? …. j’informe comme ça par hasard 😉
Nathalie: Pour le moment, vu que je pars en voyage pour presque 1 mois dans 2 jours, je n’ai pas vraiment le temps de voir à ça (en fait, je suis pratiquement certaine de ne pas arriver à mercredi en même temps que tout le monde!!) mais au retour, je pourrai voir si je retrouve le truc et si la qualité est potable (on s’entend qu’un truc qui a d’abord été sur cassette vidéo, en basse définition, c’est pas génial). Faudra me le rappeler en juillet, par contre!!
ah mais bon voyage dans ce cas ! Et beaucoup de belles découvertes… et je mets à mon agenda un rappel amical en juillet 😉
Nathalie: Je verrai ce que je peux faire à ce moment-là! Bon, je ne te promets rien mais je te jure qu eje vais essayer 🙂
De Michel Tremblay, je n’ai lu que « bonbons assortis » et j’ai beaucoup aimé la tendresse, la chaleur avec laquelle, l’auteur évoque ses souvenirs d’enfance.
Sourifleur: Je ne l’ai pas lu celui-là. Mais j’ai tout aimé ce que j’ai lu de Michel Tremblay jusqu’à présent.
J’ai un avis mitigé sur ce livret, les échanges entre les 3 poètes m’ont plus ou moins alors que les échanges entre Émile et son père m’ont beaucoup touchée…
Amiedeplume: J’avoue avoir aussi une grosse préférence pour les échanges dans la famille… la douleur de la mère d’Émile m’a beaucoup touchée aussi…
Émile Nelligan n’était pas fou, en tout cas, pas au moment où il fut interné. Il faudrait lire les commentaires du docteur Jacques Ferron, des articles de journaux, difficiles à trouver, dans lesquels il affirme que Nelligan a été blessé, et détruit, par ses années d’internement. Certe, il était mélancolique. Mais, est-ce une maladie? Est-ce que la folie peut produire les beautés qu’on retrouve dans son oeuvre? Alors, je veux bien être fou, moi aussi. Ferron affirme que c’est le père de Nelligan qui était fou. Il a fait enfermé son fils, après une seule crise, et encore, il l’avait enfermé dans sa chambre. Essayez ca, de nos jours, et vous devrez enfermer tous les garcons du Québec.
Pour moi, Nelligan n’était pas plus fou que Rimbaud. Il était tout simplement aussi génial. Mais les petits génies sont parfois difficiles à suivre. La mère de Mozart raconte que son fils était épuisant. Les parents et les amis de André Mathieu reconnaissaient son génie. Mais ils le trouvaient: étrange…
Enfin, il faudrait lire les essais de Louis Dantin (Eugène Cyr), son protecteur. C’est grace à lui que nous avons connu Nelligan. Dantin à joué auprès du jeune poète, le rôle que Verlaine a joué auprès de Rimbaud. Et je ne parle pas des rumeurs que les Américains ont répandus dans le film: Total Eclipse. Encore une preuve que les vilains cherchent toujours à ternir la beauté.
Yvon Verrier: Alors là, je pourrais discourir longtemps!! Perso, je pense que Nelligan était un génie, rien de moins… et que le génie est souvent proche de la folie… et surtout souvent incompris et pris pour autre chose… En fait, les différents biographes parlent différemment de la condition mentale de Nelligan mais je suis tout à fait d’accord qu’il a été interné trop tôt et qu’il y a eu problème « acquis » suite à ça. Je crois que Nelligan était un être exalté qui faisait peur à son entourage et bon… quant au reste, ça risque d’être difficile de connaître le fin mot de l’histoire… surtout que les définitions des maladies mentales évoluent tellement avec le temps…
Le docteur Jacques Ferron, qui fut psychiatre à l’hopital où Nelligan fut interné, à souvent parlé de la folie. Je ne sais pas si ses confrères partagent son avis. Mais j’aime beaucoup la description qu’il en donne. D’après lui, on désigne comme fou, un être qu’on ne comprend plus. Ce qui ne signifie pas que cet être ne nous comprend pas. Cette idée, que le génie soit à la limite de la folie, ca vient justement de ce que nous ne faisons pas facilement la différence entre les deux états. Mais peut-être que le génie sait qu’il est fou, et peut-être que le fou connait son génie. Après tout, ne plus rien comprendre à notre monde, est-ce bien un signe de folie, ou celui d’une sagesse éclairée? Voilà à peu près ce qu’en dit Jacques Ferron, qui fut aussi l’un de nos grand écrivains québécois. Et quand on a un peu connu le bonhomme, on a tout de suite envie de lire ses livres.
Quant à Nelligan, si j’avais vécu à son époque, j’aurais tout fait pour être son ami, rien que pour respirer le même air que lui. Très jeune, je pense qu’il avait à peine quinze ans, il avait découvert l’importance rythmique et musicale de la poésie. Un jour, Louis Dantin corrigeait un de ses texte, et il lui demandait des explications sur le choix d’un mot qu’il jugeait presque impertinent. Nelligan lui répondit que le sens du mot n’avait pas beaucoup d’importance, et qu’il l’avait surtout choisit à cause de sa musicalité.
Je vois une ressemblance, entre Rimbaud et Nelligan. Tous les deux ont fait leur oeuvre pendant leur adolescence, et souvent, ils séchaient leurs cours, pour véritablement partir en vadrouille. Est-ce un conseil qu’il faut donner aux futurs poètes? Rimbaud allait par les champs. Nelligan allait dans le Port de Montréal. Tous les deux ont cessé d’écrire avant l’age adulte. Rimbaud est devenu une espèce d’Indiana Jones, en Afrique, et Nelligan fut interné. Mais, aurait-il continué sa poésie, si on ne l’avait pas enfermé? Peut-être pas. La véritable poésie est peut-être une affaire de jeunesse. Quand on parle d’amour, on pense à Roméo et Juliette: deux enfants de quinze ans. Au début de son aventure, David Balflour a quinze ans. Le héros de l’ile au trésor a peut-être treize ans. Pourtant, la poésie n’est pas impossible, ni innaccessible aux adultes. Mais celle des enfants vient du coeur, et celle des adultes vient plus souvent de la raison.
Pour ceux qui veulent mieux connaitre Nelligan et sa poésie, je recommande les essais de Louis Dantin (Eugène Cyr), et ceux du professeur Paul Wyczynski. Il a consacré sa vie à Nelligan, et à sa poésie.
Yvon Verrier: Je n’ai pas lu les écrits de Ferron alors je vais seulement commenter à partir des éléments que vous me donnez! Cette vision de la folie est intéressante à exploiter et est en partie réelle mais selon moi un peu « romantique » (ce n’est pas le terme que je cherche… mais bon…). En effet, pour côtoyer plusieurs personnes atteintes de maladies mentales dans le cadre de mon travail, je peux assurer que ce n’est pas toujours drôle et que ce ne sont pas tous des génies incompris (bon, comme dans la population normale, je direz-vous). Par contre, la conception à l’époque de Nelligan était bien différente. Et je suis persuadée que les mesures qui ont été prises pour « soigner » Nelligan étaient excessives et qu’elles ont été prises beaucoup plus pour sauver les apparences et ne pas être montrés du doigt que pour le bien-être du jeune Émile, exalté et passionné par le beau.
Quant aux écrits de Wycynski, j’ai lu une biographie et quelques essais mais je ne connais rien de Louis Dantin… une avenue à explorer!
Louis Dantin est le nom d’emprunt de Eugène Cyr, qu’il écrit parfois: Serre, ou Seers. Dantin a été Jésuite, mais il a aussi joint d’autres comunautés, et finalement, il s’est marié, et s’est enfuit à New York. Je pense que le clergé le poursuivait, à travers le bras séculier… Mais il n’en parle pas. Il deviendra typographe et imprimeur, mais surtout, critique littéraire, l’un des plus important du Québec. Car, même s’il habite les États-Unis, il exerce son art pour le Québec. Il a découvert et aidé plusieurs poête, dont Nelligan, et Alfred DesRocher. Il a aussi écrit de nombreuse critiques littéraires. Vous trouverez ses livres aux Presses de l’université de Montréal (PUM). En fait, cet éditeur présente plusieurs grands auteurs québécois, qu’on ne retrouve pas ailleurs.
Yvon Verrier: Merci pour l’info… je vais aller fouiner chez cet éditeur, quand il s’agit de Nelligan, je suis toujours curieuse!