Présentation de l’éditeur (un peu coupée… ça disait carrément tout)
« Recluses dans leur maison familiale, Olga, Macha et Irina n’ont qu’un rêve : retourner à Moscou.
La présence d’une batterie et de ses officiers dans leur petite ville de province change, pour un temps, le cours de leur vie. […]
Et, de surcroît, la maison a été hypothéquée, à l’insu des trois sœurs. Le drame de Tchekhov apparaît comme l’emblème d’une Russie au bord du gouffre dans une fin de siècle en proie à une immense détresse. »
Commentaire
En lisant coup sur coup deux pièces de Tchekhov, j’ai pu constater une certaine ressemblance dans les thèmes et dans l’atmosphère. En effet, il est encore question de gens ordinaires qui renoncent à leurs aspirations, à leurs espoirs d’une vie exaltante, significative. J’ai lu quelque part que Tchekhov voyait « Les trois soeurs » comme un vaudeville plutôt comique. Si je comprends pourquoi (le premier acte correspond particulièrement à cette définition, si on modère le mot « comique »), c’est surtout un sentiment de tristesse qui ressort encore une fois à la fin de la pièce. Une impression de « désespoir ordinaire ».
Cette pièce en quatre actes nous amène dans la maison de trois soeurs dans la vingtaine, Olga, Macha et Irina. Elles habitent avec leur frère, en qui elles ont mis tous leurs espoirs. Filles de général, elles sont en province et voudraient par dessus tout retourner à Moscou, où elle ont passé une enfance heureuse et ont l’impression d’avoir réellement vécu. Une brigade militaire est dans la région et plusieurs militaires se retrouveront dans cette maison. Cette période dérangera pour un moment la vie quotidienne parfois oisive et la vie reprendra son cours. Comme ça. Nous sommes aussi au début du 20e siècle et on sent le questionnement de Tchekhov face à ces personnes qui ne font rien que jouer aux cartes et laisser passer le temps avant de mourir.
Il y a plusieurs personnages qui entrent et qui sortent, beaucoup d’allées et venues, beaucoup de remarques parfois anodines ou peu en lien avec l’histoire principale. Sauf qu’au final, on réalise que ces remarques en disaient beaucoup sur les relations entre les personnages. Si nous assistons à quelques déclarations passionnées, les choses se disent davantage dans les petits gestes. C’est un théâtre qu’il faut réellement imaginer sinon on peut facilement avoir l’impression d’une cacophonie de personnages sans caractère, ce qui n’est pas le cas. La tristesse de Macha, par exemple, est exprimée par une certaine rudesse, un détachement d’avec ce qui arrive autour d’elle. Et à part Natalia, qui est détestable, tout en se croyant dans son bon droit, personne n’est noir ou blanc. Pas de héros non plus. Juste une vie ordinaire, sans éclat.
Si je ne crois pas devenir réellement mordue de Tchekhov, je lirai autre chose avec plaisir, ne serait-ce que pour mieux situer l’auteur. Je suis particulièrement curieuse de lire ses nouvelles, en fait.
36 Commentaires
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il me tente bien celui-ci après ton billet, je ne connais pas bien cette pièce-ci de tchékov
hors de propos avec le livre = je viens de lire tes FAQ – tes réponses sont géniales et exactement ce que je pense de la lecture – mais dis-donc y a des gens qui ont eu du temps à perdre à te demander tout ça
Niki: Eh oui, il y en a qui m’ont demandé ça. Et pas qu’une fois. Maintenant, c’est moins pire, je pense que les gens ont compris mais les liens, je me le fais demander très souvent et « pourquoi tu ne lis pas plus de romans français nouveaux et de romans québécois tout court », c’est le plus fréquent!
Je ne me souviens pas d’avoir lu la pièce mais je l’ai vue au théâtre et je l’avais beaucoup aimée Je me souviens que l’atmosphère était tour à tour joyeuse et mélancolique!
Mango: Je l’ai beaucoup aimée en lecture aussi. Il faut bien savoir s’imaginer, par contre. C’est vraiment particulier, cette atmosphère, Tchékhov a réussi quelque chose d’étonnant.
Je trouve que Tchekov est très moderne dans ces thématiques…
La mouette parle de la vieillesse, de la retraite des trajectoires de vie … (des thèmes un peu semblable aux trois soeurs)…
Orchidée: Ah, je n’ai pas lu La Mouette. Mais j’ai bien envie de découvrir d’autres pièces de Tchekhov. Et oui, il y a une certaine modernité dans tout ça. C’est bien ancré dans l’époque, quand même (l’importance du travail, de se réaliser, au lieu de se laisser vivre et de ne rien faire) mais la pensée derrière est moderne.
Je pense que je vais essayer de lire ce livre. Il faut que j’en lise un, un jour !
Patacaisse: J’ai beaucoup aimé, en tout cas. Mais j’aime lire du théâtre!
J’ai vu joué oncle Vania et je n’avais pas aimé (confus), en revanche j’ai aimé la noce (la mise en scène y faisait beaucoup à mon avis). J’ai acheté les trois soeurs, il traine dans ma PAL… Et il faudrait que je le ressorte…. Mais j’ai des difficultés pour accrocher à son univers.
Maggie: C’est certain que c’est un auteur particulier, qui ne plaît pas à tous (tu n’es pas la première que je connais ayant de la difficulté à accrocher à Tchekhov. Et en le lisant, je pense que c’est encore plus difficile. MAis cette pièce m’a plu.
Un auteur que je ne connais pas du tout, j’avoue. Ton billet me donnerait envie de tenter mais je préfèrerais voir la pièce.
Brize: C’est peut-être mieux de commencer par voir sur scène, en effet. À part quand comme moi on adore lire le théâtre, qu’on l’ait vu ou pas!
On peut dire que tu as de la suite dans les idées.. hein ! Il ne te reste plus qu’à suivre des cours de russe, toi qui n’a pas grand chose à faire de tes journées, soirées et nuitées.
Le Papou
Le Papou: Je sais un mini-peu de Russe. Ok, correction. J’ai déjà su quelques bribes de Russe, j’ai un ami qui le parle couramment alors ça aide. MAis oui, peut-être qu’entre 3 et 4h du matin, j’aurais le temps!
Je l’ai lu il y a très longtemps (au lycée??) et en garde un bon souvenir, bien qu’un peu vague…j’aurais bien envie de le relire, si le temps ne me manquait pas!
Lancellau: Ce temps… il nous joue de vilains tours. J’aime beaucoup les relectures pour ma part… et je ne m’en prive pas!
J’ai du lire cette pièce il y a fort longtemps, je ne me souviens plus si j’ai aimé ou non, ce qui est bien ennuyeux…
Irrégulière: Ah oui, quand même, ça, ça pose problème. Et ça prouve surtout que tu n’avais pas été impressionnée plus que ça!
j’avais lu Un royaume de femmes qui ne m’avais pas du tout emballée… mais je reste de curieuse de son théâtre!
je viens de lire Dostoïevski moi aussi (beaucoup plus court par contre!): Le joueur. pas mal mais pas facile;
Choupynette; Et moi, je veux lire ses nouvelles… je pense que j’ai celle dont tu parles dans ma pile, et je pense que Pimpi n’avait pas du tout aimé non plus. Je l’aborderai avec réserves, donc. Quant au joueur, tu sais que tu as malgré tout réussi à me tenter??
J’ai eu le bonheur de voir « Les trois soeurs » à la Comédie Francaise il y a deux semaines. Je ne suis pas une adepte des pièces de théatre en lecture mais je passe sûrement à côté de très beaux textes !!
Malika: J’aime beaucoup pour ma part. Mais j’aime encore plus les voir, bien entendu. C’est juste que bon, je n’habite pas vraiment Paris!
Ah, ton blog sent bon la Russie en ce moment! Je dois dire que ces auteurs m’effraient un peu, trop complexes, torturés peut-être… mais c’est un a priori!
c.l!ne: En fait, oui et non. C’est souvent une vision assez négative, en fait. La Russie a un « parfum » littéraire très particulier. Mais là, vous devriez être tranquilles pour un moment (même si j’ai l’intention de lire Russe cette année), la semaine est terminée!
Je vais aller le voir ce mois ci, au Français ! J’ai hâte !!
Céline: J’espère que tu vas aimer, en tout cas! Et qu’on en aura des nouvelles! Je suis curieuse, tu t’imagines!
Noté! J’ai été séduite par l’écriture de Tchékhov et je compte bien en lire d’autres!
Allie: J’ai préféré celle-ci à Oncle Vania. Elle est différente par le ton mais il y a quand même des similitudes dans le propos.
Tchekov est au programme de mes relectures! Dis donc, elle est géniale ta FAQ 🙂
Violette: J’espère que tu y trouveras bien du plaisir. Quant à ma FAQ, je vais la laisser affichée pendant un bout, je pense! Parce que oui, on m’a déjà posé toutes ces questions, et plus d’une fois! Incroyable mais vrai.
eh bien j’en suis ravie. Car tu vois, finalement, malgré les difficultés de lecture (tu demanderas à Yue, j’étais prête à arrêter tant il m’exaspéraient le narrateur ET Dosto!!) a posteriori, je me dis que j’aime bien finalement. C’est très bizarre comme sensation. En milieu de lecture, je me disais encore: « ça va faire un billet laborieux et totalement négatif; je ne relirai JAMAIS Dosto ». Et puis, me voilà qui le recommande ce satané bouquin…
C’est comme les Russes finalement. Ils sont parfois difficiles d’abord, tant la culture est différente, les us et coutumes, et finalement, quand on en part, on n’a qu’une envie: y retourner. Bon, je ne dis pas non plus que je vais me jeter dès demain sur un Dosto, mais quand même… je le relirai un jour, c’est sûr!!
Choupy: Je pense qu’il y a beaucoup de ça. C’est très différent, la culture vient vraiment d’ailleurs et on a du mal à se faire nos repères au départ. Mais finalement, on est contentes de l’avoir lu, le satané livre!
J’ai lu quelques nouvelles de Tchékhov et j’ai La cerisaie dans ma PAL. Après l’avoir lu, je me procurerai peut-être celui-ci ^^.
Iluze: J’ai aimé, en tout cas! Et j’ai aussi une ou deux nouvelles dans la pile… je veux les lire dans l’année.
J’aime beaucoup le théâtre de Tchekhov, découvert assez récemment. J’ai eu la chance de voir cette pièce à la Comédie-Française, et la mise en scène est absolument magnifique. Pour Tchekhov, j’aime aussi beaucoup La cerisaie.
Yohan: J’aimerais beaucoup voir Tchekhov, en fait. J’ai réellement l’impression qu’il y a énormément qui passe par la mise en scène et le jeu d’acteurs. Je note La ceriseraie.