Présentation de l’éditeur (en partie)
« Perdican revient au village de son enfance où il doit épouser sa cousine Camille, mais la jeune fille est prévenue contre l’amour, par avance convaincue de la désillusion qu’elle encourt. Par dépit, Perdican séduit alors Rosette dans un décor de fraîcheur bucolique, c’est une fin tragique qui s’annonce. […]
Commentaire
J’ai choisi de relire Musset parce que j’avais adoré « Emmeline« , lu il y a plusieurs années. Il faut savoir qu’habitant mon pays de neige, et ayant eu une culture littéraire disons… différente à l’école, je ne connaissais même pas l’existence de ce monsieur avant le début de ma trentaine. Oui, shame on me, fouettez-moi.
Est-ce que j’aurais autant aimé étant plus jeune, je ne sais pas. Mais là, on peut dire que j’ai vraiment adoré. L’histoire est limite banale. Perdican revient chez lui et son père veut lui faire épouser Camille, sa cousine. Sauf que Camille a passé sa vie dans un couvent et a été élevée à coup de « l’amour, c’est dangereux, les hommes sont des salauds, il faut se marier avec le petit Jésus » (oui, j’exagère. Mais bon, depuis quand est-ce que je n’exagère pas, n’est-ce pas!) Elle n’est forcément pas vraiment d’accord… sauf que quand même… elle ne semble pas être si certaine de son truc que ça. Du moins, elle tente très fort de se convaincre.
Ce que j’aime dans les classiques, c’est que les auteurs ne ressentent pas toujours le besoin de tout dire, de tout expliquer. Et c’est le cas dans cette pièce (ah oui, c’est du théâtre… j’avais oublié de le préciser). C’est bourré de mauvaise foi (j’adore la mauvaise foi) et plusieurs des tirades mémorables sont en fait remplies de cette mauvaise foi, de cette volonté de se protéger, d’avoir l’air de… ou plutôt de ne pas avoir l’air de… Les personnages ne sont pas parfaits, mais ils sont profondément humains et on le voit tout de suite, en très peu de pages. Ils sont en conflit avec ce qu’on leur a appris, ce qu’ils devraient être et ce qu’ils voudraient être. Ça commence de façon très légère, limite drôlatique, pour virer au tragique car, bien entendu, ce sont des innocents qui se retrouvent victimes du profond égoïsme et de l’orgueil des personnages. Bref, j’ai adoré.
J’ai aussi adoré les personnages secondaires, compètement caricaturaux, qui ont vraiment raté leur coup et qui sont dépassés par les événements. Le père, particulièrement, qui est complètement pris au dépourvu par la situation, complètement hors-contrôle, qui essaie de contrôler ce qu’il peut… des conneries, en fait. J’ai aimé les allusions, les répliques complètement à côté (au sujet de dame Pluche, par exemple, à qui on parle toujours de trucs osés alors que c’est un grand bâton sec). Saupoudrez le tout d’un peu d’anticléricalisme… et vous avec une bonne idée de l’ambiance.
Une pièce que j’adorerais voir jouer… et qui doit représenter un charmant défi pour plusieurs acteurs. Parce que bon, ce que les personnages disent et ce qu’ils pensent… c’est souvent deux choses. Et le pire, c’est que les premières personnes qu’ils trompent sont eux-mêmes parce que comme souvent, ils ne réalisent même pas qu’ils se mentent.
Bref, je relirai Musset! Vous me conseillez quoi?
26 Commentaires
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Moi aussi j’adore cette pièce !
Tu peux lire du même auteur et dans le même genre : Il ne faut jurer de rien.
awa74: Je prends note. J’ai le goût de lire tout Musset maintenant.
Je ne lis pas beaucoup de théâtre, mais j’irais bien voir jouer du Musset, tiens!
Grominou: Moi aussi j’irais. Je monterais même à Montréal pour ça!
Je n’aime pas lire le théâtre, je préfère le voir à travers les yeux d’un metteur en scène.
Alex: Moi j’adore lire du théâtre. J’adore m’imaginer comment je monterais ça!
Aaaah, Perdican ! « Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n’est qu’un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais s’il y a au monde une chose sainte et sublime, c’est l’union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. » C’est si beau !
Neph: Voilà! Ça résume parfaitement! C’est magnifique!
lu, vu, relu, revu… on se s’en lasse pas !
Au fait… tu viens jouer avec nous ? 🙂
Theoma: Attends, je vais voir le jeu ;)) Je ne suis pas vraiment très « blogo » ces temps-ci (Bon, j’ai Fashion dans ma cuisine présentement, mais vu qu’elle ne blogue plus, ça compte moyen!)
J’ai un peu grandi avec cette pièce car mes parents l’avaient sur vinyles (avec Gérard Philippe), donc je l’ai entendu bien souvent. Il faudrait que je la relise maintenant que je suis adulte ! 😉
J’ai aussi un excellent souvenir de Lorenzaccio.
Bladelor: J’aimerais beaucoup la voir, cette pièce, en fait. Le texte, ce qu’il dit (et ce qu’il ne dit pas) doit laisser une superbe place à l’acteur.
A part des extraits à l’école, c’est un auteur que je n’ai jamais lu, donc je suis bien en peine de te conseiller un de ses textes. A part cela, c’est moi ou il me semble que tu lis beaucoup de classiques, ces derniers temps, non ?
Lewerentz: Je lis toujours pas mal de classiques… c’est juste que je n’en parle pas toujours :)) Et bon, en panne, normalement, c’est ce qui m’accroche le plus.
J’ai joué une scène de cette pièce quand je faisais atelier théâtre, la scène justement qui fini par « tout les hommes sont menteurs … » , j’étais Camille.
Musset c’est un plaisir à jouer 🙂 De lui, je te recommande Les Caprices de Marianne et ses poésies 🙂
Bagatelle; Je note les Caprices! Je suis curieuse de voir ce qu’il a écrit d’autre. J’adore cette scène, tu es bien chanceuse d’avoir pu la jouer.
Qu’est-ce que j’aime cette pièce !
L’Irrégulière: Et moi de même!
Tu devrais adorer « Les confessions d’un enfant du siècle », c’est son roman le plus autobiographique dans lequel il raconte sa liaison passionnelle avec George Sand …magnifique !!!!!
Malika: La relation de Musset avec Sand semble avoir été particulière. En fait, toutes les relations de Sand semblent avoir été particulières. J’avais beaucoup lu sur son histoire avec Chopin dans le temps.
« Confessions d’un enfant du siècle » pour un roman. Sinon, « Les caprices de Marianne » et « Lorenzaccio » en pièces!
Romanza: Je prends bonne note. J’ai bien envie de découvrir davantage Musset.
Ah bonne idée de relire Musset ! Et au théâtre, une merveille ! (enfin, ça dépend de la troupe…)
Liliba: En effet, ça ne doit pas être une pièce facile à jouer. Très facile à prendre au premier degré.
aie je crois bien que je n’ai jamais lu Musset, en tous cas de mon plein gré… par contre je suis à peu près sûr que j’ai vu la pièce à l’école mais c’était il y a longtemps j’ai tout oublié… tu me donne une idée là tiens 😀
Yue: Oui, lis, lis! Et reviens-moi là-dessus!