Résumé
Singué Sabour: (du perse syngue « pierre », et sabour « patiente »). Pierre de patience. Dans la mythologie perse, il s’agit d’une pierre magique que l’on pose devant soi pour déverser sur elle ses malheurs, ses souffrances, ses douleurs, ses misères… ON lui confie tout ce que l’on n’ose pas révéler aux autres… Et la pierre écoute, absorbe comme une éponge tous les mots, tous les secrets jusqu’à ce qu’un beau jour elle éclate… Et ce jour-là, on est délivré.
Commentaire
Pour la petite histoire, le thème de ce livre me faisait un peu peur et ne me tentait pas au départ. Bon, je vous entends penser … « Mais pourquoi elle l’a acheté, alors! ». Ben c’est assez simple. L’auteur était présent au salon du livre, il avait l’air bien gentil (il l’est d’ailleurs) et je résiste rarement à une dédicace! Voilà, c’est dit! Et je l’ai pris aujourd’hui parce que je voulais lire quelque chose d’autre que de la littérature jeunesse ou des trucs kultes, pour faire changement!! En plus, tout le monde m’avait dit que c’était génial, fort et bouleversant. Et bon, faut ouvrir nos horizons, n’est-ce pas!
Et au final? Ce qui devait arriver arriva: je suis très mitigée par rapport à ma lecture de ce roman. Défense de taper même si je suis encore une fois à l’envers de tout le monde!! Le thème des femmes sous l’intégrisme ne peut pas laisser indifférent, bien entendu. J’en ai des frissons dans le dos à chaque fois, pour tout ce qui est « normal » là-bas et qui serait inconcevable pour moi. Ainsi, les sentiments bouillonnants de cette femme, en colère mais se sentant coupable, qui tente de se libérer elle-même et de parler pour la première fois après des lunes de silence à ce mari qui, après 10 ans, reste une brute inconnue, ils m’ont interpellée, bien entendu. Il ne pouvait en être autrement, même si le style plutôt haché, répétitif (un peu comme ce chapelet qu’elle égrenne) m’a tenue à distance de cette femme jamais nommée.
Pourquoi je suis mitigée, alors? Parce que j’ai l’impression de toujours lire la même chose quand je lis des romans sur ce thème. Les mêmes drames, les mêmes secrets, les mêmes violences, la même répression. Donc, après un moment, je trouve ça un peu répétitif, forcément. Une discussion – très animée – avec un ami tout à l’heure a fait ressortir le fait que peut-être suis-je trop loin de tout ça pour ressentir toutes les nuances, que l’on n’en parlera jamais assez. D’accord, probablement. Sauf que ce n’est pas ce que je recherche en lecture et ce roman n’a pas poussé ma réflexion plus loin parce que c’était un peu du déjà vu pour moi. L’idée de départ, l’homme devenant cette « pierre de patience » était bonne, pourtant… mais ça ne m’a pas suffi pour faire passer le thème, qui m’est rébarbatif au départ. J’aime être dépaysée, perdre mes repères, en lecture… mais pas comme ça.
Pourtant, je ne m’y suis pas pour autant ennuyée, même si j’avais une très bonne idée des révélations assez tôt dans le roman. Je l’ai lu d’une traite mais sans passion. Certains moments, que j’ai trouvés un peu différents (les visites du jeune homme, entre autres) ont ravivé mon intérêt par moments. Le seul instant où j’ai cru perdre patience, c’est à partir du moment où le mot « Singué Sabour » est apparu une fois ou deux par paragraphe (bon, ok, j’exagère… mais vous comprenez le principe). J’avais le goût de dire « ok, c’est beau, j’ai compris le principe!! » J’aurais trouvé ça plus fort si on avait évoqué la légende de la pierre de patience sans faire le lien pour nous…
Ceci dit, je me sens totalement extra-terrestre!!! Ce n’est toutefois que mon ressenti et ce n’était peut être pas le bon moment pour lire ce livre. Je conçois toute l’importance du message… mais le rendez-vous a quand même été plus ou moins réussi pour moi.
6/10
37 Commentaires
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Pas duuuu tout pour moi, ce genre de livre… je passe mon tour plutôt deux fois qu’une !!
Au moins y-a-t-il une rébellion verbale de la femme ! Mais la fin m’a paru aussi ridicule que dans le film sur la jalousie avec Glenn Close…
Effectivement, il est difficile de chercher le littéraire dans ce type de livre-témoignage. Rigolo de l’avoir lu quasiment en même temps que toi. Je vais d’ailleurs rajouter un line pour ton avis dans mon billet.
Je suis plus une extra-terrestre que toi puisque je n’ai carrément pas aimé. Du tout. Ton billet me rassure, je me sens moins seule. Je suis d’accord avec Cathulu, la fin est grand guignol au possible.
Je comprends tout à fait ton ressenti mais pour ma part, n’ayant pas lu récemment de livres de ce type, j’ai bien aimé car en peu de pages, l’atmosphère est bien décrite.Et j’aime bien le texte ciselé.
Je trouve que le style haché ressemble à des didascalies de théâtre, surtout au début du roman. Au contraire de toi, j’ai bien aimé même si c’est vrai que c’est un thème qui devient très (trop ?) fréquent en littérature.
Hier, j’avais une épreuve de concours blanc où on me demandait qui avait gagné le Goncourt en 2008… super, je ne savais pas écrire son nom, ni le titre du roman… Finalement, pour l’auteur, je m’en suis sortie, mais j’ai rebaptisé son bouquin « Singhé sapour », ça va plaire à celui qui va corriger ;-)) Je comprends tes hésitations et tes réticences, le thème ne me parle absolument pas…
(ma signature était involontaire, désolée ! Pour une fois que j’étais raisonnablement bavarde 😉 )
Enfin !!! Je me retrouve enfin dans un avis… Je vais d’ailleurs m’empresser de le rajouter dans mon billet… Je désespérais de trouver quelqu’un avec un avis mitigé, comme le mien !
dommage que la lecture t’ait déçue, le titre était prometteur pourtant
Moi ça me tentais au début mais Fashion m’a coupé toute envie avec le truc qui tue: le récit est au présent. Du coup tu confirmes un peu mon manque d’enthousiasme.
Hum, ça me tentait, désolée pour la faute.
Mouais, bof alors !! Tu as le droit de ne pas aimer un livre quelque soit les thèmes qu’il aborde, tu sais ! ;o) Je suis au bord des larmes quand je lis trois lignes d’un article sur la Shoah, mais j’ai été écoeurée par « Elle s’appelait Sarah » comme rarement.
Pimpi: D’après ce que je sais de tes goûts actuels, je te dirais qu’en effet, non, ce n’est pas pour toi! Cathulu: Oui, je suis d’accord. La partie rébellion, ce que ce devait représenter pour elle de dire tout ça, j’ai compris l’importance que ça avait. Mais d’accord pour la fin… je me suis dit (dans ces mots et avec l’expression que tu devines ) « heu… ok… » et j’ai refermé le tout! Stephie: Je ne l’ai pas nécessairement vu comme un livre témoignage d’une personne mais plutôt d’une situation. Je conçois que ça peut toucher pas mal de gens (certains passages m’ont plu, d’ailleurs) mais bon… Fashion: Fiou, je me sens moins seule aussi. C’est fou avec ce thème, je me sens presque coupable de ne pas adorer tellement je trouve ça affreux ce qui se passe avec les femmes dans ce coin de pays. Thaïs: J’admets que le texte, la façon de l’écrire, colle bien au témoignage. Oui, on s’y croirait… mais ça ne m’a pas suffi. Pourtant, la plupart sont comme toi et y ont trouvé leur compte!! Saxaoul: « Didascalie »… j’ai déjà entendu ce terme au secondaire… ce sont les indications qu’on donne aux acteurs, les déplacements des personnages? Si c’est ça, oui, je trouve que tu as raison! Erzébeth: Ben oui, tu as fait court! Ca « fitte » cette signature!!! J’ai du mal avec ce thème. Vraiment. Je crois que je vais attendre un peu avant de m’y replonger à nouveau, peut-être est-ce que je serai davantage touchée à un autre moment de ma vie, sait-on jamais!! Quant à ton correcteur, il risque de penser que tu as un trouble d’orientation spatiale des lettres! p-b, h-u… ça se ressemble, c’est juste pas du même bord!! :)) Miss Alfie: Je n’avais pas vu ton billet… mais en effet, nos avis se rejoignent sur plusieurs points! Contente de voir que je ne suis pas toute seule, même si je comprends parfaitement pourquoi le livre a plu à d’autres!! Sheherazade: L’idée est bonne, je crois. C’est juste que ce n’était pas pour moi. Isil: Avec tous les billets positifs et l’idée d’une dédicace, je n’ai pas résisté… mais bon, je vais admettre finalement que ce thème, ce n’est pas pour moi, du moins, pas pour le moment… Pour le récit au présent, ce n’est pas mon temps de verbe préféré mais je viens de commencer un roman qui semble l’être (au présent) et jusqu’à présent, le style me plaît beaucoup!! Comme quoi!! Lilly: Oui, je sais, j’ai le droit, mais je me sens un peu coupable quand même… genre « pas de coeur »! Quant à « Elle s’appelait Sarah », je n’ose pas le lire parce que j’ai peur qu’il me fasse cet effet… je ne sais pas pourquoi… mais c’est ça quand même!!!
Rassure toi tu n’es pas la seule 🙂 moi aussi très mitigé surtout à cause de la fin en fait…
*smiley qui se gratte la tête* Il va falloir que je le lise pour me faire mon propre avis. Je lis du très bon et du mitigé sur ce roman …
Finalement, je crois que nous sommes tous d’accord, ce n’est pas parce que le sujet est porteur, la cause juste, qu’il s’agit d’un bon livre (sans même sortir le gros mot de littérature). Fashion m’avait déjà détournée du roman en question, tu confirmes donc.
Bah en fait j’ai lu pas mal d’avis mitigés tu sais et je ne suis pas tentée du tout mais alors pas du tout :-)))
Je ne suis pas du tout tentée non plus par ce sujet. Et ton avis mitigé me conforte dans mon idée que ce livre n’est pas pour moi. Mais je dois avouer que d’une manière générale, les livres qui se passe en moyen orient ne m’attire pas. Et pour le sujet, ce n’est pas qu’il ne m’intéresse pas. j’y suis sensible aux infos mais pas en littérature.
Fleur: La fin m’a laissée perplexe. Je comprends le rapport avec l’image… mais quand même, j’étais perplexe… Leiloona: Dans ce temps-là, pas le choix!!! Il faut se faire une idée, en espérant que tu sois dans la « pile » (je suis en mode pile, ces temps-ci!!) qui va aimer ça!! Fantômette: Je suis d’accord avec toi sur le principe. Je n’ai pas les connaissances nécessaires pour juger si un livre est bon ou mauvais… je reconnais qu’il y avait de très bonnes idées mais ça n’a juste pas accroché tant que ça avec moi. Yueyin: Je commence à me sentir moins seule… parce qu’il me semblait n’avoir lu que des avis positifs!! Manu: En fait, c’est exactement la même chose pour moi. Aux infos, en actualité, ça m’intéresse beaucoup mais en littérature, moins. Certains livres m’ont quand même plu mais le thème n’est pas mon favori au départ.
Comme toi j’ai été un peu géné par le style. J’avais l’impression d’être en dehors de la pièce… mais une fois que le monologue de la femme commence, j’ai été happée. Quelle puissance !
Gambadou: quand je vois des gens qui ont beaucoup aimé un livre qui ne m’a pas vraiment touchée, je suis toujours un peu jalouse… j’aurais aimé être emportée de la sorte, moi aussi!!! 🙂 Une autre fois, sans doute!
EH bien j’ai beaucoup aimé et fait une très bonne critique que je t’invite à la lire sur mon blog. cela dit, mon collègue du Magazine des Livres ne l’a pas aimé et l’a même descendu. EN cause : l’écriture trop proche des didascalies… Pour moi, il y a une écriture lapidaire qui rejoint le conte. LE scenario et l’évolution du personnage sont très intéressants.
Pour didascalie, c’est bien ça !
Ameleia: L’écriture rejoint bien le sujet, c’est vrai. Elle m’a un peu tenue à distance mais je comprend parfaitement ton point de vue. Je conçois que ce sont des bonnes idées, l’évolution de la femme est intéressante, ce choix de parler pour la première fois dans sa vie… mais bon, on dirait que je suis restée extérieure. Saxaoul: Merci 🙂
Le thème ne me tente pas vraiment et les deux Goncourt lus ces dernières années me laissent penser que ce prix consacre des romans intéressants, souvent sans plus. Enfin il faudrait que je lise « Le Soleil des Scorta » qui a l’air bien meilleur.
Lou: Le soleil des Scorta est dans ma pile aussi… c’est pas mal certain que je vais finir par arriver à son tour! Pour les Goncourt, j’avais aimé Alabama Song – contrairement à toi.. je me rappelle encore ton billet!) parce que c’était FSF! Quant à celui-ci, je pense que le thème n’est juste pas pour moi, du moins, pas maintenant.
En effet, la répétition de « Syngué Sabour » m’avait aussi un peu agacée.
Ça y est, j’hésite. Premièrement, pour faire des exceptions à ma sacro-sainte règle de littérature Québécoise, il me faut plus d’assurance d’aimer, et parfois l’unanimité est un bon critère. Et là, chère Karine, de ton coup de baguette d’honnêteté, tu as fait sortir bien des avis partagés. Et en plus, le livre est dispendieux et pour moi, désolé, mais ça reste un critère. Pas toujours, les coups de foudre, les impératifs, les écrivains chouchou (j’ai déjà entendu ça quelque part !), on s’en fout du prix. Et déjà que je veux absolument « Les années » d’Annie Ernaux. Merci pour cet éclairage nouveau et tout le halo de lumière (les commentaires) qui va avec !
Stephie: Je suis un peu terrible par rapport à ça… quand il y un truc qui m’agace, ça peut m’agacer énormément, même si ce n’est qu’un minuscule, minuscule détail qui n’enlève rien à la qualité du roman… Venise: Certains, comme notre amie Jules, on t vraiment, vraiment adoré et ont été extrêmement touchés… je crois que ça dépend vraiment. Moi, c’est le thème qui m’attire moins. Et pour moi aussi c’est un critère. Je ne l’aurais jamais acheté hors salon du livre et sans dédicace à ce prix!! Je pourrais aussi te le prêter. Il faudrait que je voie comment ça coûte à la poste!
J’ai personnellement beaucoup aimé, mais je crois que tu n’es pas la seule à penser cela au sujet de ce roman! Je comprends d’ailleurs tout à fait ce que tu veux dire. C’est le genre de lecture qui met mal à l’aise et en même temps qui rappelle beaucoup d’autres lectures. C’est le style qui m’avait séduite ^principalement.
je fais partie de la très grande majorité qui a beaucoup aimé ce livre. il est très fort, très court et lancinant…Il nous plonge dans un huis clos troublant qui éclaire une partie de la cruelle réalité contemporaine de certaines femmes dans le monde…
Chiffonnette: Je croyais que j’étais seule à n’avoir pas accroché mais je lis qu’il y en a d’autres… je me sens un peu moins bizz. Tu vois, moi, je comprends très bien ton point de vue et comment il peut toucher. Ca n’a juste pas fonctionné avec moi. Sylvie: Oui, j’avoue que ce huis clos a quelque chose de troublant et que ce monologue est touchant. Je suis un peu déçue d’avoir manqué une partie du bateau. Je pense que je vais garder ce thème pour les infos et non pas pour la lecture…
je comprends ton point de vue sur syngue sabour; peut-être serais-tu plus réceptive à « Terre et cendres » du même auteur : http://grain-de-sel.cultureforum.net/asie-f22/atik-rahimi-afghanistan-t4718.htm?highlight=rahimi car les inquiétudes et l’impuissance du vieil homme,comme la surdité et l’incompréhension de son petit-fils, deviennent des symboles métaphysiques de l’homme, abandonné de Dieu et écrasé par le destin.
Rotko: Tiens, ça semble intéressant, ça! Je vais aller voir sur le lien que tu me proposes!!
karine, ah ! enfin un avis mitigé au milieu de tout ces avis enthousiastes. Ce livre a failli me tomber des mains à de nombreuses reprises, je ne suis allée au bout que parce qu’il est court et que j’attendais qu’un truc se passe à un moment.. mais rien. Ce livre ne me convient pas du tout. Je le trouve glauque et les détails scabreux m’ont semblé inutiles et dérangeants… bref un petit 3/10 pour moi. je n’ai même pas apprécié l’écriture…
Lucie: Disons que ça m’a fait bizarre de ne pas adorer ce livre alors que tous les avis (ou presque) étaient positifs. Je pense que comme toi, ça ne me convient pas, tout simplement.