Présentation de l’éditeur
« Le 22 février 1942, exilé à Petropolis, Stefan Zweig met fin à ses jours avec sa femme, Lotte. Le geste désespéré du grand humaniste n’a cessé, depuis, de fasciner et d’émouvoir. Mêlant le réel et la fiction, ce roman restitue les 6 derniers mois d’une vie, de la nostalgie des fastes de Vienne à l’appel des ténèbres. Après la fuite d’Autriche, après l’Angleterre et les États-Unis, le couple croit fouler au Brésil une terre d’avenir. Mais l’épouvante et la guerre emportera les deux êtres dans la tourmente – Lotte, éprise jusqu’au sacrifice ultime, et Zweig, inconsolable témoin vagabond de l’absolu.
Commentaire
J’aime beaucoup les biographies romancées. Et j’adore les écrits de Stefan Zweig. Cette biographie romancée du grand auteur autrichien était donc pour moi un incontournable et miss Caro[line] a profité de mon anniversaire pour me l’offrir. C’est qu’elle est hyper gentille, cette Caroline!
Nous vivrons donc dans ces 187 pages les 6 derniers mois de la vie de Zweig et de sa seconde femme Lotte, de 25 ans sa cadette. Tout au long du roman, nous ressentons l’admiration qu’a l’auteur pour Stefan Zweig et ayant lu au début de l’année « Le monde d’hier« , je pouvais facilement me souvenir de toute la nostalgie qu’avait Zweig d’une époque européenne qu’il estimait révolue, ravagée par Hitler. Seksik réussit à travers sa prose à restituer cette fascination pour le passé. Aux yeux de Zweig, le beau est derrière et l’Europe passée revet un caractère magique, féérique.
Le retour au présent, au Brésil, alors que les mauvaises nouvelles pleuvent et que la peur est quotidienne, est toujours douloureux et le Zweig qui nous est ici présenté est désespéré, désillusionné. Cette Vienne illuminée et tourbillonnante relève pour lui, ainsi que pour Lotte, qui l’a connu alors qu’il était dans la cinquantaine et que les belles années étaient déjà terminées, presque de la fascination et son regard se porte désespérément vers l’arrière. L’atmosphère,la tristesse, la lourdeur, tout est très bien rendu. On souffre pour lui, pour ce qu’il a été et ce qu’il a représenté, ainsi que pour sa femme, amoureuse et prête à tout pour lui, même à mourir.
La figure de cette femme est d’ailleurs difficile à définir. Asthmatique, éperdue d’admiration pour son mari, peinée par son manque d’attention, jalouse de Friderike, la première femme de Zweig mais aussi touchante. Confrontée à un Zweig froid et distant, elle sait qu’elle n’aura jamais la place qu’elle voudrait, avec sa fragilité et sa dévotion. On a de la peine pour elle et si j’ai beaucoup apprécié cette partie de la narration, j’aurais préféré qu’elle soit plus étoffée, qu’on entre davantage dans le roman, dans leur tragique histoire, que j’ai du mal à qualifier « d’histoire d’amour ». Si le personnage de Zweig à la fin de sa vie devient réel, celui de Lotte est plus évanescent et j’aurais apprécié que ce côté soit davantage développé car cette femme qui aime malgré tout est venue me chercher. Par contre, si ça avait été le cas, j’aurais probablement dit que ça s’éloignait trop de la réalité… Je sais, je suis complètement paradoxale, à l’occasion.
Un roman bien documenté, avec beaucoup de références à l’oeuvre de Zweig (je ne peux qu’aimer, n’est-ce pas!) ainsi qu’à ses proches, que nous avions pu connaître dans son autobiographie. Si j’ai préféré cette dernière oeuvre, la lecture de la bio romancée de Seksik a été un complément très agréable à lire, qui emporte, et que je conseille à tout amateur de Zweig. Comme pour moi cet auteur est un personnage mythique, que j’ai vu tourbillonner dans les cercles intellectuels et mondains du début du siècle dans « Le monde d’hier« , je n’ai pu qu’apprécier ce livre, qui non seulement m’a semblé fidèle à l’esprit de Zweig pour la partie le concernant (je ne peux me prononcer sur la partie de Lotte, vu qu’il n’en parle absolument pas!) mais dont j’ai beaucoup apprécié l’écriture.
Je crois toutefois que les lecteurs qui connaissent minimalement l’histoire de Zweig et qui l’ont déjà lu y trouveront davantage leur compte. J’espère que les autres auront quant à eux le goût de le découvrir! C’était la lecture d’avril pour le challenge Ich liebe Zweig!
36 Commentaires
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Il faudrait que je me penche davantage sur la bibliographie de cet auteur.
Maribel: Pour moi, Zweig est un génie! Lettre d’une inconnue, la confusion des sentiments, le joueur d’échecs… ces nouvelles sont pour moi merveilleuses!
Je confirme cette présence fantomatique de Lotte et ces références au Monde d’hier qui, pour moi, est effectivement un aperçu de cette nostalgie et de cette débacle que j’ai préféré.
Praline: Moi aussi, les références au monde d’hier m’ont particulièrement plu. En fait, si je ne l’avais pas lu, je pense que j’aurais eu du mal à visualiser toute l’exaltation et la passion de Zweig pour cette Europe du début du siècle… et j’aurais moins vu le contraste avec ces derniers jours…
De Zweig, je n’ai lu que le joueur d’échecs. J’aime moi aussi beaucoup les biographies romancées et à la lecture de ton billet, je ne peux que le rajouter dans ma LAL. D’ailleurs, je suis bien déçue d’avoir loupé mon inscription pour le challenge Ich liebe Zweig car en regardant la bibliographie que tu as faite, j’ai bien envie de découvrir cet auteur que nombre d’entre vous apprécie tant.
Alcapone: Si tu peux en lire deux dans l’année, un roman/nouvelle et un essai/bio, tu peux encore t’inscrire! ;)) Je te suggère vraiment de lire un ou deux trucs de l’auteur avant de te plonger dans le livre, par contre. …
je ne connais pas lbien la vie de stefan zweig – mais ce livre me tente – je note donc
Niki: Je l’ai bien aimé (malgré les mauvaises critiques un peu partout)… mais il parlait de Zweig alors du coup, ca m’a plu!
Il me tente diablement celui-ci !
Bladelor: Et comme tu as découvert Zweig… je te le conseille!
Il me tentait bien à sa sortie, mais j’ai lu des critiques mitigées. Bon, il va falloir que je me fasse mon propre avis.
Leiloona: Moi aussi j’avais lu des critiques (surtout pro) mitigées. Mais quand on le prend comme un roman et surtout vu que j’ai lu Le monde d’hier il y a peu… ça a fonctionné pour moi!
Justement, le roman qui m’a fait découvrir Zweig était une biographie (de Marie-Antoinette). J’étais au courant de son suicide et c’est vrai que j’aimerais bien en savoir plus sur les six derniers mois de sa vie, sur ce qu’il l’a poussé à se donner la mort…
Emily: Je l’ai cette bio de Marie-Antoinette… elle est bien?? Pour comprendre son suicide, je pense que tu comprendras… mais tu ressentiras davantage si tu as lu son autobio, Le monde d’hier, avant!
Je pense que je le lirai plus tard, après « Le monde d’hier » et quelques autres lectures des oeuvres de Stefanou d’amour
Kikine: C’est l’ordre que je conseillerais, en tout cas!! Le monde d’hier, j’ai adoré. Bon, il ne se prend pas pour rien, Stefan Zweig… mais quand même, c’est un ode à l’Europe du début du siècle… son europe! Quant à ce livre, il est beaucoup plus sombre mais c’est normal vu la période qu’il raconte!
Je ne lis que rarement des biographies, mais je pense que celle-ci pourrait me plaire !
Kathel: Je lis les bios des gens que j’aime déjà avant de lire la bio!!! Mais j’ai aimé celle-ci!
Je l’ai vu en librairie et il me tente beaucoup! tu me confirmes dans cette envie! 😉
Edelwe: Si tu aimes Zweig et que tu t’intéresse à sa vie… c’est très intéressant! Et j’ai aimé l’écriture, en plus!
Elle est très instructive, et très bien rédigée. J’ai beaucoup appris sur Marie-Antoinette, la révolution, la cours et j’ai vraiment apprécié cette lecture.
Emily: Un jour, je vais la sortir de ma pile… en lecture commune pour bientôt d’ailleurs!
Merci pour ta réponse Karine ! Pour m’inscrire, je fais comme d’hab’, je vais sur le lien, c’est ça ?
Alcapone: Exact! :))
J’ai acheté ce livre dès sa sortie et malgré les avis mitigés, parce ce que c’était sur Stefan Zweig. Je veux le lire en prenant mon temps et j’espère pouvoir le faire très vite, car j’en ai très (très) envie … Si tu l’as aimé, je devrais l’apprécier aussi ! Et puis, tout ce qui touche à Zweig me parle. Je pense que tu devrais lire « Zweig, le voyageur et ses mondes » de L. Niémietz qui a traduit « Le monde d’hier » et qui est un spécialiste de Stefan Zweig ! C’est une des biographies les plus complètes que j’ai lu sur cet auteur. Pour la lecture commune de « Marie-Antoinette », j’ai oublié la date. Peux-tu me la redonner, que je ne passe pas à côté ?! Merci …
Nanne: Je ne suis pas surprise que tu l’aies acheté tout de suite! Je connais ton amour pour Zweig! Je note le Nimiez plus officiellement! Et la lecture commune c’est le 8 juin! ;)) Tu fais bien de me le rappeler, je suis dans les patates ces temps-ci pour les lectures communes!
JE suis en plein dans le monde d’hier et j’en ai d’autres en attente dans ma pal alors celui-là je le note pour (beaucoup) plus tard 😉
Yue: Et comment tu trouves le monde d’hier, comment, comment???
Tiens donc ? On accepte les écrits pas de Zweig dans le cadre du challenge ? 😉
En tout cas, je suis ravie que ce roman t’ait plu !!
Caro: Ah oui, ya ça… mais bon, c’est pas « vraiment » de la triche… on a donné une liste des bios de Zweig, c’est pas pour rien, non??? ;))
j’adore j’adore j’adore… j’ai eu un peu de mal à entrer dedans mais maintenant j’apprécie chaque page…
Yue: Tu peux pas savoir comment ça me fait plaisir!!!
Voilà une lecture que j’ai beaucoup appréciée.
Isa: J’ai beaucoup aimé aussi. Est-ce que tu connaissais les écrits de Zweig avant un peu, beaucoup, ou pas vraiment?
Je viens (enfin) de publier mon premier billet sur le challenge Zweig sur « Les derniers jours de Stefan Zweig » (http://dunlivrelautredenanne.blogspot.com/2010/05/la-fin-de-leternel-voyageur.html). J’en prévois d’autres d’ici la fin de l’année …
Nanne: Je vais aller voir ça!!! Je suis hyper curieuse de voir ton avis!