Présentation de l’éditeur
« Météore éclatant à la charnière du siècle, objet subsistant de l’admiration universelle ou du refus d’une poignée adverse, l’auteur de La romance du vin a pris figure du plus vivant et du plus actuel des poètes, qu’il emporte de connaître dans sa vérité foncière. Au-delà des légendes et des thèses réductrices, le présent ouvrage veut scruter dans les paramètres concrets et sûrs (historiques, sociaux, cliniques et scriptuaires) le vécu d’Émile, fils de David Nelligan et d’Émilie Hudon, professsion: poète, qui, pour avoir souffert passion (aliéné à 19 ans et reclus pendant plus de 42 années), s’agrandit à la mesure du mythe national. »
Commentaire
Au retour du spectacle « Nelligan« , dont je vous ai parlé il y a quelques mois (nous sommes début où au moment où j’écris ces lignes… j’ai définitivement trop de billets d’avance), j’ai eu envie de relire cette grosse biographie que j’avais déjà lue à l’âge vénérable de 14 ans. Je dois le préciser tout de suite, elle est un peu différente de celle présentée sur la photo. La mienne est en grand format et a presque 300 pages de plus. Elle contient la bio proprement dite, des témoignages, une choronologie et une bibliographie très complète. Je n’ai pas vu le livre de la Bibliothèque Québécoise alors je peux difficilement comparer…
Avant de parler du texte proprement dit, je préciserai que l’auteur est un chercheur universitaire, qui a beaucoup publié sur Nelligan. Si le document est accessible, je ne sais toutefois pas s’il s’adresse à monsieur et madame tout le monde. En effet, on parle abondamment de Nelligan et de son oeuvre, de son contexte social et personnel, de ses influences. Il ne s’agit en aucun cas d’un récit sensationnaliste. Si vous voulez seulement connaître en gros la vie du poète, vous risquez de trouver cette biographie fastidieuse. Par contre, quand on connaît l’oeuvre et en gros, l’histoire, c’est passionnant de se plonger dans ce document que j’ai relu en deux jours.
Pour ceux qui ne la connaissent pas, la petite histoire, je vais résumer en quelques phrases. Nelligan était poète et, de 1896 à 1899, a écrit toute son oeuvre. En effet, il a été interné à l’âge de 19 ans et a passé le reste de sa vie en asile psychiatrique. Il y a eu moultes théories à ce sujet, de nombreuses spéculations à savoir si oui ou non il était fou. De plus il a été élevé par un père irlandais anglophone et une mère francophone d’âme artiste. Dans ce document, l’auteur se base sur des faits et des témoignages. Il prend clairement position. S’il était né aujourd’hui, qui sait ce que la médecine aurait pu faire pour lui… ça reste et restera un mystère. N’empêche que même en enlevant plusieurs éléments spectaculaires, l’histoire d’Émile Nelligan demeure une tragédie.
Le biographe nous dresse donc un portrait de ses parents et grands-parents, toujours en lien étroit avec l’époque. On passe ensuite à l’enfance et à l’adolescence pour finir à l’asile. Puis, un autre chapitre nous parle de la perpétuation de son oeuvre ainsi que du mythe. C’est savant, tout est documenté et référencé, on nous explique l’historique des lieux et on nous entraîne surtout dans ce microcosme littéraire montréalais de la fin du 19e siècle. On y rencontre les grands noms de l’époque et on visite leurs lieux mythiques. Bref, j’ai beaucoup aimé cette relecture avec mes yeux de grande fille. Il faut dire que quand j’étais ado, j’avais presque eu de la peine de voir la légende se ternir un peu et j’y avais découvert avec horreur que certains épisodes sensationnels que je croyais réels n’avaient en fait aucune preuve tangible, voire même aucune possibilité de réalité. Maintenant, j’ai pu m’intéresser à l’oeuvre (plusieurs citations sont incluses, avec des comparaisons entre celles-ci et leurs influences) ainsi qu’au portrait social de l’époque. J’ai pu aussi m’apercevoir que l’auteur admire le poète mais qu’il garde un regard critique sur ses vers.
Une très agréable relecture mais qui, je le répéte, s’adresse surtout aux amateurs de Nelligan. Et à ceux qui veulent le connaître vraiment en détail. Genre vraiment vraiment!
C’était ma participation au projet Non-Fiction de Flo!
8 Commentaires
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Pour l’instant je n’ai découvert que quelques poèmes de ce poète… Avant de me jeter dans cette biographie ( pour spécialiste ?), il faut que je découvre l’oeuvre…
Maggie: Oui, je pense que tu as tout à fait raison. Pour découvrir, cette bio est un peu « trop », je pense.
j’aime les poème d’Emile, il me fait parfois penser à Arthur 🙂
Yueyin: Il y a des points communs dans leur vie, en tout cas… l’oeuvre jeune et tout.
Je ne connais pas du tout ! Mais intriguée ..
Kroustik: C’est un poète très connu ici, pour son oeuvre et pour son histoire.
Je vais suivre tes conseils et passer mon tour, je crois. Je ne connais pas du tout ce poète, mais tu m’as au moins rendu curieuse de découvrir son oeuvre. Il a écrit pendant son adolescence avant d’aller à l’asile ou pendant qu’il y était ?
Minou: Il a écrit pendant son adolescence. Ses « textes d’asile » ne sont vraiment pas à la hauteur et sont d’ailleurs souvent des réminescence de d’autres poètes. Ses poésies complètes ont vraiment été écrites alors qu’il était jeune.