Présentation de l’éditeur
« Thassa Amzwar, une jeune Algérienne dont les proches ont disparu après des émeutes en Kabylie, poursuit ses études à Chicago. Loin d’être une réfugiée traumatisée, c’est une jeune femme lumineuse, gaie, d’un optimisme à toute épreuve. Candace Weld, la psychologue de l’université et Russell Stone, l’un de ses professeurs, tombent vite sous son charme, chacun à sa manière.
Mais la propension au bonheur de Thassa attire bientôt l’attention de Thomas Kurton, ardent partisan des manipulations génétiques. Lorsque celui-ci découvre chez la jeune étudiante une disposition chromosomique particulière, peut-être l’origine de son bien-être, il pense être en mesure d’isoler le gène du bonheur. Cette hypothèse éveille l’intérêt des médias, mais aussi des hommes politiques, de l’industrie pharmaceutique, et Thassa se retrouve sous les feux de la rampe. »
Commentaire
Je fais une confiance aveugle à Richard Powers. Ce n’est que le quatrième roman de l’auteur que je lis mais depuis l’éblouissement de « Le temps où nous chantions« , à chaque fois que j’ouvre l’un de ses romans, je me tiens prête à être amenée n’importe où, à être déstabilisée, baladée d’un contexte à un autre. Je me sens aussi prête à reposer le livre et à devoir me questionner face que réflexions qu’il nous balance, parfois l’air de rien, parfois avec de nombreuses précisions scientifiques. C’est encore ce qui est arrivé avec Générosité. Je l’ai ouvert sans savoir à quoi m’attendre, j’ai rencontré Russell, écrivain raté donnant un cours sur l’écriture documentaire, une présentatrice télé, Thassa, qui a un talent inné pour le bonheur et qui fascine, Thomas Kurton… et je me suis laissée portée là où l’auteur voulait m’amener, soit vers un monde de manipulation génétique, de recherche scientifique et de questionnements éthiques qui interpellent réellement. Cette fois-ci, de par ma formation et mon travail, je connaissais un peu mieux le domaine scientifique exploré alors ce côté ne m’a pas déroutée. Je me suis contentée de savouer… et d’adorer.
L’intrigue met du temps à se mettre en place. Les personnages se croisent, se lient, deviennent réels, nous font pénétrer leur monde. C’est surtout avec le regard profondément négatif et désillusionné de Russel Stone que nous voyons Thassa, une jeune étudiante du début de la vingtaine. Heureuse, elle aime le monde entier, le monde entier l’aime. Et même avant que le tourbillon s’enclenche, on se questionne… il vaut quoi, son amour? Est-elle vraiment aussi heureuse que ça? Dit-elle la vérité? Pourquoi est-elle ainsi? D’une table ronde sur l’écriture au bureau d’une psychologue à un plateau télé, nous somme confrontés avec toutes ces questions ainsi que d’autres qui sont soulevées. Jusqu’à quoi serions-nous prêts à aller pour assurer santé et bonheur à nous enfants? Jusqu’à une version édulcorée de « Le meilleur des mondes »?
Powers ne donne pas de réponse. Il nous donne divers points de vue, nous donne des pistes de réflexion, des points de départ. Je pense que ce que j’apprécie tant chez Powers: il fait confiance à son lecteur et ne traite comme un être profondément intelligent. Il ne ressent pas le besoin de tout mâcher 4 fois et d’expliquer chaque acte, chaque affirmation, chaque pensée de ses personnages, au cas où nous n’aurions pas compris avec la scène originale. Il nous balance des claques, comme ça et continue comme si de rien n’était. Il utilise des discours scientifiques non pas pour étaler son savoir (du moins, dans ce cas-ci, j’ai trouvé qu’il n’allait pas « trop » loin dans les technicalités) mais pour amener son lecteur à se remettre en question.
Une lecture exigente mais pour moi jubilatoire. Il réussit à rendre ses personnages réels, tangibles, tout en abordant de nombreux thèmes, que ce soit la médiatisation, la recherche génétique, la pharmaceutique, la frontière entre la réalité et la fiction ou la science pure, dure. On saute d’un personnage à l’autre, d’une situation à l’autre, on fait des bonds dans un futur moyennement proche, sans trop savoir pourquoi. Et qui est ce narrateur qui semble tout connaître mais qui promène son « je » au-dessus du texte? C’est déstabilisant, intrigant et savoureux.
J’ai adoré, littéralement. Parce qu’en plus de tout ça, il y a une plume, un rythme étrange et inégal, du mystère, une atmosphère. Tout ce que j’aime.
Et ça me rappelle qu’il me reste un autre Powers dans ma pile, d’ailleurs.
42 Commentaires
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Arff, je voulais le lire pendant les vacances et je n’ai pas eu le temps finalement … et je sais qu’en le commençant, je vais être déçue avant de comprendre là où il voulait en venir et jubiler moi aussi …
Leiloona: Je pense qu’il faut avoir le temps de s’y plonger, en effet. J’ai vraiment adoré mais ça prend un moment pour se mettre en place. J’aime Powers, je pense!
J’avais essayé « Le temps où nous chantions ». Tous les ingrédients étaient là et pourtant je n’ai pas accroché du tout. Mystère… Peut-être valait-il mieux commencer la découverte de Powers par un autre de ses romans?
Voyelle et Consonne: J’ai commencé par « Le temps où nous chantions » et j’ai vraiment, mais alors vraiment été transportée… C’est d’ailleurs quand même mon préféré à ce jour. Je me vois donc mal te conseiller autre chose, hein 😉 Mais je suis désolée que ça ne t’ait pas plu, par contre.
J’avais essayé « Le temps où nous chantions ». Tous les ingrédients étaient là et pourtant je n’ai pas accroché du tout. Mystère… Peut-être valait-il mieux commencer la découverte de Powers par un autre de ses romans?
Je suis tout à fait d’accord avec toi, ce roman est fascinant !
Irrégulière: N’est-ce pas? Je l’ai dévoré et vraiment, j’ai apprécié la construction et tout le discours/questionnement au sujet des découvertes génétiques.
Tu me rappelles que j’ai un livre pas terminé de cet auteur!!!
Jules: Lequel? Le temps où nous chantions?
J’ai adoré « Le temps où nous chantions »; les autres m’ont déçu …
Me laisserais-je enter de nouveau ??
Amitiés
Richard: Je ne les ai pas tous lus, les autres… Celui-ci est mon 3e Powers mais je l’ai davantage aimé que « L’ombre en fuite », dont certaines parties m’avaient échappé.. Mon préféré demeure « Le temps où nous chantions ».
Comme souvent je ne connais pas l’auteur. J’ai vu plusieurs critiques sur ce livre mais je ne me sentais pas concerné et puis arrive celui de Karine….tentarice va !
Le Papou: J’aime jouer ma vilaine, de temps en temps!
Et bien moi, je n’ai jamais lu cet auteur ! Mais ton billet me donne furieusement envie de le découvrir ! 🙂
Soukee: Powers est un auteur qui exige beaucoup de son lecteur mais qui lui donne également beaucoup! J’ai vraiment apprécié.
Je suis une inconditionelle. Il me reste les trois frmiers (un abandon, shame on me…)(mais je l’aurai!)
Keisha: Ah, moi, il m’en reste plein! Je n’ai lu que les derniers (The echo maker est dans la pile, j’en ai lu 3…) mais il me reste Les trois fermiers, Prisoner’s dilemma, The gold bug variations, Operation Wandering soul, Galatea 2.2 et Gain. Des heures de plaisir en perspective!
J’ai relu ton billet 3 fois. C’est comme si je connaissais déjà ce livre, et pourtant, il n’en est rien. Mais il m’intéresse grandement. Tu as éveillé mon intérêt pour l’oeuvre de cet auteur lol.
À la lecture, j’étais tenté de lire que la jeune femme souffrait du syndrôme de William. Mais comme elle a de l’instruction… assez élevée on va dire, ce n’est donc pas le cas.
Oui, juste la lecture du billet m’a amenée plusieurs réflexion lol. Ce sera quoi avec le bouquin?
Mascha: Ah mais il y a tellement, tellement plus dans le roman! Et quant à savoir ce qui se passe avec Thassa… je préfère ne rien dire pour ne rien gâcher!
J’aime beaucoup la plume de Powers. je prends note avec plaisir.
Suzanne: J’espère que ça te plaira, alors. Ça a été une expérience de lecture que j’ai adorée. J’aime sa façon de traiter son lecteur comme un être intelligent!
Thassa Amezwar, traduction en kabyle( dans le sens littéral), donne: thassa: foie et amezwar: premier . Mais dans le sens du terroir, figuré, thassa, veut dire coeur, ce qui donnerait: » le premier coeur ».
En lisant, votre résumé ou présentation, je pensais au début à une personne qui a réellement éxisté, et pourtant je suis pret à croire à cette histoire, sauf que je ne pense pas que ce soit une question de gène mais de ras le bol que cette fille a vécu en Kabylie (Algerie), avec toutes les frustrations, l’abscence de liberté et surtout pour une femme, ajouté à cela les évenements de Kabyle, qu’on appelle: le printemps noir (peut on imaginer un printemps mais…noir?) et c’est certainement le fait qu’elle ait gagné un pays de liberté comme les USA qui a fait qu’elle ait trouvé son bonheur, elle découvre ce que liberté veut dire. Je n’ai pas eu le plaisir de lire ce roman, il mettra beaucoup de temps pour qu’il arrive dans un pays où le mot culture est galvaudé à outrance, car moi-même étant kabyle, et vivant en algerie, je sais ce que pensent les jeunes algeriens et algeriènnes qui rêvent de qui quitter le pays pour d’autres cieux plus cléments.
Ps: je trouve votre blog, trés bien fourni en littérature de toutes les époques et de tous les pays pratiquement. La littérature russe me plait énormément, dont le grand Tolstoi où recemment j’ai eu à faire un petit commentaire sur Natacha et Pierre Bezoukov et présentement, je relis Anna Karenine. Je vous visiterai un peu plus souvent,bonne continuation
Bizak: Merci pour votre commentaire au sujet du blog, ça fait plaisir! J’aime beaucoup la littérature russe et je compte bien continuer à en lire par moments.
Quant à ce roman, je ne sais pas quand il arrivera chez vous, mais le personnage est assez particulier, son don pour le bonheur intrigue et l’hypothèse que vous avancez en est une probable. Elle a tout vécu, a tout vu et pourtant, elle rayonne. Il y a ça et d’un autre côté, toute la réflexion sur la génétique et la science. Merci pour la traduction du nom! Ça éclaire!
Je ne connais pas du tout cet auteur ! Ta critique donne envie, mais ce n’est pas trop contemplatif ? J’ai du mal avec les livres où il ne se passe presque rien !
Jainaxf: Je n’ai pas trouvé ça contemplatif mais rapide, non, quand même. On ressent bien les interrogations et les questionnements des personnages. Il se passe des choses mais ce n’est pas forcément la grosse action.
Je n’au jamais lu cet auteur mais ce titres est noté dans ma LAL , en partie à cause de sa belle couverture.
Valérie: J’aime aussi il cette couverture. Et Powers est un auteur qui mérite d’être essayé, du moins! Ce n’est pas tout le monde qui aime mais ça vaut le coup, ne serait-ce que pour voir!
Karine:), mais c’est affreux, ceux que tu cites ne sont pas traduits ici, alors!!!
Le lire en VO? Euh, c’est déjà bien dense en français, tu sais;. Tu as raison de dire qu’il ne s’appesantit pas , il ne délaye pas, ah quel auteur!
Keisha: Non je pense que ce n’est pas traduit, en fait… Il faut faire une pétition, hein! ;)) J’ai lu Powers en VO, et ça se lit… mais bon, ça demande, hein!
Ok, il ne me faut pas spécialement de l’action, simplement je n’aime pas que les personnages fassent du sur-place sans évoluer ! J’essaierai sûrement cet auteur, la blibli a 3 livres de lui (dont Le Temps où nous chantions) !
Jainaxf: Ok, non, ils évoluent! 😉 Le temps où nous chantions, ça a été un coup de coeur absolu! Je conseille!
J’ai détesté Trois fermiers … et depuis je n’arrive pas à vouloir relier cet auteur. Pourtant à voir ton enthousiasme, je me dis que je devrais essayer !
Manu: Je pense qu’il ne faut pas juste se fier à celui-là… Keisha est fan de Powers et elle n’a pas réussi à le finir… comme de quoi!
Je n’ai encore jamais lu de livre de cet auteur, malgré toutes les éloges que j’ai pu voir partout 🙂 Mais j’ai noté plusieurs de ses titres et en particulier celui-ci, qui semble être celui le mieux à même de m’enchanter !
Joelle: Je me demande si tu n’y trouveras pas des longueurs… (je commence à un peu voir ce qui te plaît et ce qui te plaît moins)… mais ça vaut certainement le coup d’essayer!
J’avais a-do-ré Le temps où nous chantions (et c’est peu de le dire !), mais celui-ci ne me tente pas trop.
Lewerentz: Le sujet est en effet totalement différent. J’ai préféré Le temps où nous chantions (premier éblouissement) mais Générosité m’a également énormément plu.
Je n’avais pas aimé « le temps où nous chantions » : trop lo,g, trop verbeux. J’espère que celui-ci est différent.
Alex: Hmmmm… je ne suis pas certaine que celui-ci soit pour toi, alors… le style de Powers est un petit peu différent (le schéma est plus clair ici, selon moi) mais quand même, on le reconnaît bien!
oui! je n’osais pas le dire car j’avais promis de le terminer… :o/
Jules: Chuuuuut, ça va rester un secret.
I find this information very useful and it has considerably saved my time.thanks.