Présentation de l’éditeur
« Sur les rives d’un lac glaciaire au coeur de la péninsule de Kenai en Alaska, Irene et Gary ont construit leur vie, élevé deux enfants aujourd’hui adultes. Mais après trente années d’une vie sans éclat, Gary est déterminéà bâtir sur un îlot désolé la cabane dont il a toujours rêvé. Irène se résout à l’accompagner en dépit des inexplicables maux de têtes qui l’assaillent et ne lui laissent aucun répit. Entraînée malgré elle dans l’obsession de son mari, elle le voit peu à peu s’enliser dans ce projet démesuré. Leur fille Rhoda, toute à ses propres rêves de vie de famille, devient le témoin du face-à-face de ses parents tandis que s’annonce un hiver précoce te violent qui rendra l’îlot encore plus inacessible. »
Commentaire
De tous les livres de la rentrée littéraire, c’était le seul que j’attendais de pied ferme et que je voulais ab-so-lu-ment lire. En fait, c’est qu’il me fait un drôle d’effet, David Vann. Ses livres me laissent une impression énorme, limite dérangeante et pourtant, j’ai une difficulté folle à aimer ses personnages. En fait, dans le cas de ce livre-ci, je les ai – presque – tous trouvés carrément détestables. Et pourtant, pourtant, j’ai dévoré ce livre sans être capable de le reposer.
Ce roman nous ramène encore une fois en Alaska et reprend un thème qui avait été exploité d’une certaine manière dans Sukkwan Island: une obsession à vivre sur une île reculée, loin de gens, avec la nature. L’attrait d’une vie dure mais intense. En effet, Gary, la cinquantaine, s’est mis en tête que c’était maintenant qu’il voulait construire dans sa cabane sur Caribou Island. Sans moyens. Sans aide. Sans permis. Et il veut y passer l’hiver, avec Irène, sa femme, qui le suit mais qui est ma foi beaucoup moins enthousiaste que lui face à ce projet. Répétition du précédent roman? Non, pas du tout, en fait. Bien que des thèmes soient récurrents, la construction est tout à fait différente et nous ne somme pas non plus dans un huis clos entre deux personnages.
Parce que dans l’histoire, il y a aussi Rhoda, la fille du couple, qui veut se marier avec Jim, un dentiste de 11 ans son aîné. Il y a aussi Mark, le fils, qui vit avec Karen. Pêcheur, éternel ado, éternellement défoncé. Et Monique et Carl, de passage en Alaska. Plusieurs de ces personnages sont désabusés, désillionnés, et tentent de se sentir vivants à leur manière. Et disons que l’auteur ne dresse pas un portrait très flatteur de l’humain et de son âme éternelle. Parce que c’est incroyable ce que ces personnages sont venus me chercher. Dans le sens de « ils m’ont fait grincer des dents ». J’avais le goût de griffer Gary, de secouer Irène, de botter le derrière de Mark, de gifler Monique… et la liste n’est pas exhaustive. Tandis que d’un autre côté, pour certains, je pouvais limite comprendre leur détresse. Quand je me prends à invectiver des personnages toute seule dans mon salon (« non mais va-t’en! VA T’EN! Tu vois ben que c’est de la folie folle… VA T’EN!« ), c’est que l’auteur a réussi un véritable tour de force.
Malgré le rythme lent, je n’ai pas ressenti une minute d’ennui. La tension monte graduellement, subrepticement, jusqu’à ce qu’on réalise qu’on retient notre souffle. J’ai été transportée sur cette île, j’ai vu la cabane se bâtir, j’ai pressenti le drame, impuissante, comme Rhoda, à faire quoi que ce soit. Le portrait de l’Alaska qui est dépeint est à la fois magnifique et terre à terre, mettant en contraste de fabuleux paysages avec le quotidien des gens, les entrepôts vides et les champs transformés en dépotoirs à voitures. Et à côté de toute cette grisaille monotone, les éléments se déchaînent et entraînent les personnages au bord de la folie. Ça donne le goût d’aller se rouler sur les glaciers… mais surtout pas d’y vivre.
Un roman qui n’a pas été une grande claque comme Sukkwan Island mais qui m’a quand même remuée et remplie de sentiments contradictoires. Merci Gallmeister!
66 Commentaires
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je n’ai lu que la présentation et ton dernier paragraphe devant le lire très prochainement. le souci est que l’auteur est attendu au tournant !
Lystig: Oui, il est attendu, mais ça m’a plu. On sent un univers cohérent chez cet auteur.
Je bloque toujours devant Sukkand Island, mais celui-ci je le lirai pour avoir une idée de son univers et de son écriture. J’ai assisté à une rencontre avec lui jeudi dernier, il est adorable et parle très bien de ses livres. PS. Pourquoi MADAME Gallmeister ? c’est un monsieur non ?
Aifelle: Je voulais dire « Madame l’attachée de presse de chez Gallmeister » mais je trouvais ça trop long. Mais comme c’est confondant, j’ai simplement enlevé le madame! Merci de m’en avertir. Chanceuse d’avoir pu assister à la rencontre! Celui-ci est quand même moins noir que Sukkwan Island.
Comme toi c’est le roman de la rentrée que j’attendais le plus (et d’ailleurs le seul que j’ai lu jusqu’à présent); Mais contrairement à toi, je l’ai préféré à Sukkwan Island, dont j’avais adoré la 1ère partie, mais pas trop aimé la senconde. Et je les aime bien moi ses personnages de loosers !
Prune: J’étais comme toi pour Sukkwan Island. Je les ai comparés dans mon billet en terme de « lequel j’ai préféré »? Je vais vérifier parce que bon, j’ai quand même préféré celui-ci, même si les deux m’ont fait un effet incroyable, dans le sens où j’y ai repensé pendant des jours. Mais les personnages m’ont sérieusement énervée. Peut-être parce qu’ils sont très, très réels, en fait.
j’ai un métro de retard avec cet auteur venant juste d’acheter Sukkwan Island en poche ce mois-ci, mais j’ai très envie de me plonger dans cette atmosphère étrange et dérangeante !
George: Pour être dérangeant, ce l’est. C’est un auteur que je vais suivre pour ma part.
Ton billet me fait sourire et m’amuse aussi Je n’ai pas encore lu ce roman. Mais je le lirai bientôt normalement !
Hier soir avec Cryssilda nous étions en sa compagnie. David Vann est un auteur charmant, abordable et fort sympathique !!!!
Malice: Lucky you. J’aurais beaucoup aimé assister à cette rencontre mais disons que j’étais un peu loin. Hâte de voir ce que tu vas en penser!
Moi qui n’ai pas lu le premier, j’espère être charmée par celui-là ! Sans avoir envie de m’installer en Alaska, mais ce n’était déjà pas le cas 🙂
Neph: Non, je ne pense pas que tu auras le goût de t’installer en Alaska, en effet. Il est dérangeant, ce roman, mais j’ai beaucoup aimé le lire.
Tu me fais rire :))) Clin d’œil sur mon blog demain
Merci d’illuminer ma journée Miss !
Malice: J’irai voir ça, alors!
Toujours pas lu cet auteur ( malgré l’enthousiasme, le premier m’angoissais franchement ), je vais le découvrir bientôt avec ce livre mais j’avoue que je crains un peu cette atmosphère familiale oppressante.
Emmyne: Si tu as peur, je commencerais quand même par celui-ci. C’est sombre, c’est oppressant mais pas autant que Sukkwan Island. Je trouve qu’il vaut le coup.
Tu me donnes envie de le lire sans trop de crainte , même si les personnages sont détestbles. je n’ai pas rencontré l’auteur, trop loin, toujours trop loin…
Keisha: Oui moi aussi, toujours trop loin. Tu sais, je suis l’une des rares à avoir trouvé les personnages détestables 😉 Mais très réalistes et touchants quand même. Définitivement, je relirai l’auteur.
Je l’ai largement préféré à Sukkwan Island, je l’ai trouvé bien plus abouti ! En tout cas, c’est un bon cru de la rentrée littéraire, un très bon cru David Vann et un excellent cru Gallmeister 🙂
Et c’est vrai que David Vann est quelqu’un de très gentil et très ouvert, c’est chouette qu’il ait l’occasion de rencontrer tout plein de blogo-lecteurs !!
Emeraude: Vous avez beaucoup de chance pour les rencontres. C’est un roman qui nous plonge vraiment dans l’atmosphère et je trouve que décidément, il y a du talent là-dessous.
Pas une priorité pour moi mais je le lirai certainement.
Ys: C’était pour moi le livre de la rentrée qui me tentait. Depuis, par contre, j’en ai découvert plein d’autres! Mais comme la rentrée n’est pas toute arrivée ici… j’attends patiemment!
Je compte bien le lire mais je ne suis pas hyper pressée … finalement, son précédent livre ne m’a pas plus marqué que ça (alors que j’aurais pensé le contraire à l’issue de cette lecture !). Mais je crains que ce soit le rush dessus à la biblio 😉
Joelle: Ah non? Quant à moi, j’y ai tellement repensé à Sukkwan Island, que ça faisait presque peur. À celui-ci aussi hein, mais pas de la même façon.
Dès le départ, on sent que ça va mal se passer et on se retrouve plongé dans les pages de ce livre, en train de suffoquer comme dans les eaux glacées de l’Alaska. Je l’ai trouvé meilleur encore que Sukkwan Island.
In Cold Blog: Tu as tout à fait raison, et c’est ce qui m’a le plus plu dans le roman. On sait que ça va mal tourner, ça ne PEUT pas bien tourner, les personnages sont trop amochés par la vie pour être capable de prendre la situation en main. C’est carrément étouffant, on les regarde aller, on voudrait faire quelque chose, mais on se sent complètement impuissant. Et bon, ça, c’Est quand même quelque chose!
Celui-là, je ne peux pas ne pas le lire… Sûrement un des prochains !
Noukette: J’ai bien hâte de lire ton avis, alors! Il faut le lire, tu as raison!
Merci beaucoup pour ce billet! Je me questionnais justement à propos de ce livre, tu éclaires ma lanterne. 😀
Mascha: Il faut avoir le goût pour ce type d’atmosphère. J’ai trouvé ça pour ma part très réussi, je n’ai pu le lâcher.
Avec son premier roman, j’ai eu le même sentiment. L’histoire m’a vraiment dérangée mais j’ai dévoré toutes les pages les unes après les autres. C’est assez surprenant et ce n’est pas souvent qu’on éprouve ça en lisant un livre !
Saxaoul: Tu as tout à fait raison, c’est rare ce genre de sensation.
J’avais un peu peur de retrouver le même sujet, la même ambiance… que dans le précédent mais tu es rassurante à ce sujet. J’ai très envie de le lire moi-aussi !
Sylire: Il y a des points communs, oui. Une tension, des personnages un peu exaltés qui entraînent leur entourage dans de drôles de choses. Mais non, c’est différent. Construction, relations… c’est autre chose.
David Vann est actuellement en France, je vais bientôt avoir en maini son dernier bouquin dédicacé (je n’ai malheureusement pas pu aller l’écouter moi-même à Lille). Donc j’ai lu moi aussi en diagonale !!
Anne: Chanceuse! Je ne dis rien pour spoiler dans ce billet, mais j’ai hâte de voir ce que tu vas en penser.
Autant j’ai dévoré « Sukkwan island », autant celui ci m’a moins plu…
Griotte: Il y a un truc en particulier qui t’a moins plu ou c’est juste de façon générale?
Y a pas a dire, ce roman t’a remuée… quand je pense que je n’ai pas encore lu Sukkwan Island, et que vous êtes toutes là, espèces de tentatrices, à me parler de cet auteur… mais on pourrait se demander… qu’est-ce que je fiche au lieu de me plaidre ?? Ben voilà, j’ai des obligations de lecture en ce moment… mais sa sortie en poche pourra peut-être m’encourager… 😉 en tout cas, j’aurais aimé être là quand tu parlais à tes personnages !!!
Perrine: Oui, j’ai vraiment été remuée, c’est le cas de le dire. C’est un auteur qui me chamboule toujours, même si mes réactions sur le coup sont souvent limite viscérales. AVec la sortie de Sukkwan Island en poche, tu pourras te faire ta propre opinion.
J’attends de le lire (pas dispo à la BM). Mais j’avais eu un avis mitigé sur son précédent roman, concernant la fin du livre.
Alex: J’avais eu du mal avec la fin aussi, dans Sukkwan Island. Il m’avait beaucoup marquée mais j’avais eu du mal avec certains aspects. Celui-ci marque autant, mais de façon différente.
Je n’ai jamais rien lu de cet auteur, mais ton billet me donne bien envie de me lancer.
Maijo: C’est un auteur qu’il faut essayer, selon moi. Ça ne plaît pas à tout le monde mais sur moi, il a un effet fou!
Bah en fait je n’ai pas trouvé tous les personnages intéressants et parfois superflus…
Griotte: Ok, je vois ce que tu veux dire. Pour ma part, ça m’a plutôt plu, ces différents points de vue, ces différentes solitudes. Mais je vois tout à fait.
Je le lirai, même si je n’ai pas aimé le premier, histoire de voir si je suis réfractaire à cet auteur.
Leiloona: Yep, c’est toujours bien une seconde chance.
je veuuuuuux lire D Vann!!!!!
Choupy: Ouiiiii, il fauuuut! ;))
Je l’ai reçu ce matin. Sukwan Island ne m’avait pas tenté mais j’ai envie de découvrir sa plume.
Valérie: Je l’aime beaucoup, sa plume. Elle est simple mais belle, je la trouve très adaptée à ce qu’il raconte. C’est un super créateur d’atmosphères.
Je l’attends d’un jour à l’autre et je suis pressée de le commencer. J’avais un peu peur de retrouver la même atmosphère, la même histoire que dans « Sukkwan Island », mais grâce à toi je suis rassurée !
Titine: Il y a des idées communes, des obsessions communes mais la construction est tout à fait différente.
Bizarrement, je n’ai pas été emballée par Sukkwan Island, mais j’ai envie de donner à David Vann une seconde chance avec ce roman. C’est peut-être risqué, vu que les thèmes sont pas mal les mêmes, mais je suis têtue ! Je veux comprendre ce qui a tant plu aux blogueuses et que je n’ai pas tout à fait saisi !
Isabelle: Oui, c’est risqué mais je suis du genre deuxième chance moi aussi!
j’hésite… j’ai envie et pas… 😉
Yue: Tu as le temps d’y penser… c’est pas comme si tu n’avais rien à lire, n’est-ce pas!
Evidemment, je vais le lire, vu que j’avais adoré le précédent. C’est surtout ce thème qui me passionne : vivre loin de toute civilisation. Intriguant.
Sara: Alors ça devrait te plaire! Bonne lecture!
je suis sur la liste du livre voyageur de stephie et j’ai suskwin island dans ma PAL. D’ici la fin de l’anne, je devrais être intime avec cet auteur !
Géraldine: J’espère que ça te plaira. Il y a quelque chose qui me remue chez cet auteur.
billet en cours de rédaction : tiens, je parle aussi de « claque » !
Lystig: C’est le mot qui m’est revenu tout de suite aussi…
« J’avais le goût de griffer Gary, de secouer Irène, de botter le derrière de Mark, de gifler Monique… » BEDIDON, quelel violence!! MDR
Maud: Yep… ce livre a réveillé de drôles de choses en moi!