« Les cinq nouvelles de « La héronnière » mettent en scène un village en perdition où, sous les mensonges du quotidien, se cachent des drames croisés. Chacune d’elles aborde des aspects de la vie villageoise, derrière laquelle planent toujours le doute, les faux-semblants et le mystère. Où naissent donc les monstres qui poussent les personnages de cette chronique de l,arrière-pays à poser des gestes irrévocables?
De son écriture simple et fluide, Lise tremblay cerne avec brio le clivage enetre ville et campagne. Les citadins, en mal de tranquillité éet d’authenticieé, ont tôt fait de se heurter aux silences masquant difficilement les secrets douloureux des villageois. Ces derniers, en proie au désarroi menaçant leur survie, balancent entre désespoir et fuite vers la ville. Mais au-delà des considérations sociologiques, la fiction nous amène ici sur le terrai de l’âme humaine et aussi, peut-être, de l’âme d’une terre, l’esprit d’un lieu. »
Commentaire
Il est rare qu’un quatrième de couverture décrive si bien ce que j’ai ressenti à l’égard de ces nouvelles de Lise Tremblay. Je me demande même ce que je vais trouver à y ajouter! Après avoir aimé « La soeur de Judith« , de cet auteur, j’ai attrapé au passage ce recueil de nouvelles un peu sans savoir qu’il s’agissait de nouvelles. Il faut dire que ce n’est pas mon genre littéraire favori au départ!
Pourtant j’ai passé un excellent moment de lecture dans ce petit village isolé des grands centres, qui tente de survivre dans un monde qui ne semble plus fait pour lui. Le fait que toutes les nouvelles se déroulent dans le même village m’a beaucoup plu. J’ai bien apprécié les allusions aux personnages rencontrés dans les nouvelles précédentes. Le portrait que l’auteure dresse n’est pourtant pas gai. Elle nous montre ce fameux village, qui survit grâce aux « étrangers » et aux chasseurs – et qui ne l’accepte qu’à moitié – sous son plus mauvais jour. Mais on y sent le désespoir, le clivage entre les villageois et les touristes qui, bien qu’ils y possèdent une maison et viennent au village depuis des années, ne seront jamais considérés que comme des étrangers. L’écriture de Lise Tremblay, très simple mais très belle, s’accorde parfaitement à son sujet.
Bien entendu, ce ne sont pas tous les petits villages qui sont aussi mal en point et qui vivent ainsi dans le passé. Ce ne sont pas tous les villageois qui s’ennuient tellement qu’ils vivent par procuration la vie du village entier, loin de là! Par contre, j’ai retrouvé l’atmosphère un peu « vase clos » de certains endroits que je connais, où tout le monde sait la vie de tout le monde mais où il y a plein de secrets de familles et de vieilles chicanes non résolues. On s’y croirait, dans leurs festivals, leurs fêtes et leurs tentatives de parties de hockey.
Ce qui est dommage, par contre, c’est qu’on réalise que plusieurs petits villages se meurent, les jeunes n’y restant pas et les plus vieux n’y faisant plus grand chose, par manque d’économie à faire tourner. Triste mais vrai.
J’aime bien cette auteure… je lirai certainement autre chose d’elle!
8/10
21 Commentaires
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Je note! Le sujet m’intéresse bien! Et puis en général les nouvelles me plaisent, surtout quand elles ont un fil conducteur 🙂
Je sens que je vais vraiment apprécier cet auteure. Déjà que sa « Soeur de Judith » m’attend en haut de ma pile (j’espère qu’elle n’a pas le vertige !) et j’avais entendu du bien de « La héronnière ». C’est absolument certain que je vais lire ces nouvelles (je pensais que c’était un roman !) et quelle bonne idée de faire un lien entre les nouvelles. Ça me plaît, j’achète … euh, j’emprunte à la biblio ou tiens, non, j’achète!
je note également, comme Allie j’aime bien les nouvelles avec un fil conducteur… et je ne connais pas encore l’auteur 🙂
Allie: Moi aussi je préfère quand les nouvelles ont un fil conducteur, un lieu commun ou un sujet qui revient. Et c’est un sujet bien réel, même s’il ne fait pas les manchettes! Venise: J’ai hâte de voir ce que tu vas penser de « La soeur de Judith ». Comme ça se passe très près de chez moi, je reconnaissais tous les endroits et ça a éveillé plusieurs histoires que ma mère me raconte sur sa jeunesse dans la ville d’à côté! J’aime beaucoup sa façon d’écrire, simple et belle. Je vais me mettre à la recherche de « la danse juive », son autre roman. Stéphanie: Lise Tremblay, je l’ai découverte il n’y a pas longtemps (grace à ma mère, qui a bien aimé ce qu’elle a lu d’elle) et j’aime bien! Pour que j’apprécie des nouvelles, faut le faire!
Une question de curiosité… est-ce que tout le monde s’appelle Tremblay au Québec ? Voilà trois auteurs qui portent le même nom, Michel, Jennifer et Lise… seraient-ils tous de la même famille ? Sinon, je me laisserais bien tenter aussi par Lise T. ! Que de références, que de références !
Pimpi: Trop drôle!!! Il y a beaucoup de Tremblay au Québec, surtout dans ma région (Lise Tremblay vient de là mais pas Michel Tremblay). Quand j’étais petite, il y avait au moins 6-7 Tremblay dans une classe de 23-24! Alors ça m’étonnerait qu’ils soient tous de la même famille!!!
Je ne connais pas l’auteure, mais j’aime ce genre de nouvelles, alors hop, dans la LAL !! 🙂
Florinette: J’espère que tu aimeras, alors… et que tu réussiras à mettre la main dessus!
Tentant !!!
Tentant, effectivement… je le note dans ma lal.
Aelys et Michel: Ce sont des nouvelles bien intéressantes et qui, malgré le thème un peu triste, demeurent très belles!
Ce recueil m’a l’air très intéressant et je pense que ce qui se passe dans les villages du Québec, avec la fuite des jeunes, ne doit pas être très différent par rapport à certains coins de France ! Je note 🙂
Joelle: Je ne suis pas vraiment au courant pour les campagnes française mais j’imagine qu’il doit y avoir des ressemblances… dans quelques villages (pas tous, quand même), disons que la moyenne d’âge est assez élevée!
Encore un de ces petits villages où il ne se passe rien :-))) J’aime bien l’idée et j’ai décidé que j’étais réconciliée avec les nouvelles alors, je note !!!! 😉
Yueyin: Je commence à me réconciller tranquillement, moi aussi! C’est un style que j’ai dû apprivoiser, disons! Mais j’ai beaucoup aimé celles-ci.
Le sujet m’intéresse (je suis originaire d’une assez petite ville et la plupart de mes amis vivaient dans les villages du coin). J’aime beaucoup la couverture aussi. Bon, je feuilletterai la prochaine fois en librairie 🙂
Lou: C’est un sujet intéressant, et j’imagine que ce soit l’être encore plus quand on vient d’une petite ville. Bon, l’image donnée n’est pas toujours belle mais c’est quand même la réalité de plusieurs villages… c’est triste.
Le meilleur recueil de nouvelles lu à ce jour. Elle décrit parfaitement l’atmosphère des villages dérangés par les chasseurs de bernaches. C’est pouruqoi les adolescents tuent des hérons, une espèce protégée, pour se venger de la venue de ces tueurs qui sèment aussi le désarroi en flirtant leurs mères. Mais son chef-d’oeuvre reste La Danse juive, un roman sur l’obésité qui a mérité le prix du Gouverneur général
Paul-André Proulx: Je ne suis vraiment pas « nouvelles » de coutume mais j’ai beaucoup aimé ce recueil-ci. « La danse juive » est dans ma liste!
Ce livre dépeint bien la réalité des petits villages. Toutefois, je n’ai pas vraiment apprécié cette histoire, car ce genre de commérages me tape sur les nerfs. Je tenterai tout de même la soeur de Judith.
Amiedeplume: Je crois que c’est le style de l’auteur qui m’a beaucoup plu… Et venant d’une région assez éloignée (bon… pas un si petit village quand même!), j’ai reconnu plusieurs choses! Par contre, si le commérage t’énerve, je comprends que ça ne t’ait pas plu! La soeur de Judith est différent…
[…] auparavant, j’ai tout de même adhéré tout autant… et j’ai envie de relire La Héronnière. Comme, environ, une fois par année. Mais je […]
[…] région et j’adhère à tout ce qu’elle écrit, avec une tendresse particulière pour La Héronnière. Mais vous avez le choix. Il y a aussi L’habitude des bêtes, Chemin Saint-Paul, La soeur […]