Le liseur – Bernhard Schlink

Le-liseur.jpg Résumé  

À quinze ans, Michaël devient l’amant d’Hanna, trente-cinq ans.  Chaque jour, il lui fait la lecture à haute voix, dans son appartement.  Mais, un jour, Hanna disparaît.  Des années plus tard, il revoit Hanna en tant qu’accusée dans un procès et il peut enfin entrevoir qui était cette femme qu’il a aimée et qui est devenue son inoubliable premier amour.

 


Commentaire

J’ai trouvé la lecture de ce livre intéressante.  Je me suis réellement questionnée avec l’auteur et j’ai trouvé les pistes de réflexion, sur sa génération allemande (celle qui suivit la seconde guerre mondiale) très stimulantes.  Cette partie de l’histoire, j’ai adoré.  

Mon bémol: je n’ai pas réussi, au début de l’histoire, à m’attacher au personnage d’Hanna, dans lequel je ne voyais qu’une obsession d’adolescent.  J’ai donc eu de la difficulté avec le fait qu’une grande partie de la vie de ce jeune homme tourne autour d’elle.  J’ai trouvé touchantes les réflexions, l’expression du mal-être de l’Allemagne à cet époque… mais pas l’histoire d’amour. 

7,5/10

19 Commentaires

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  1. Je ne me rappelle pas les détails car je l’ai lu il y a déjà quelques temps mais ce fut pour moi une très belle lecture.

  2. J’ai lu énormément de commentaires très très enthousiastes sur ce livre. J’ai passé un bon moment, mais pas inoubliable pour moi. Il m’a manqué ce petit quelque chose en plus!! 🙂

  3. Entièrement d’accord avec ta vision de ce livre, Karine:) ! Sa valeur vient bien davantage des pistes de réflexions qu’il propose que de son histoire proprement dite.

  4. Sybilline: En plus c’Était l’un des premiers livres que je lisais sur cette problématique… ça m’avait vraiment fait réfléchir. Je relis mon billet et… myyyy dog que je n’y disais pas grand chose!!!

  5. Oups… my GOD… pas my DOG! Petite métathèse ici!!!!

  6. Il me semble que Bernhard Schlink a écrit son livre, un peu comme un scénario de film. Ca n’était peut-être pas son intention. Mais quand il explique sa facon d’écrire, ca y ressemble beaucoup. Il voit d’abord des images, des scènes, un peu comme les pièces d’un puzzle. Ensuite, il assemble les pi;eces en images, et découvre enfin le livre. En fait, je me demande s’il a su, dès le début, qu’il écrivait un livre fantastique. C’est du moins ce qu’il laisse entendre, dans un commentaire qu’il fait sur le film qui fut réalisé d’après son livre.

    Ce petit livre est fantastique. Il y a véritablement une histoire d’amour. Hanna aime Michael, et Michael aime Hanna. Bien sur, au début, c’est un amour adolescent. À peine trois semaines, et Michael déclare a Hanna qu’il ne peut plus envisager la vie sans elle. Ca ressemble beaucoup à l’impulsivité d’un adolescent, et c’est ce qui a convaincu plusieurs lecteurs, que Micheal est en fait Bernhard. Ils ont d’ailleurs le même age, et ont habité la même ville.

    Quant à Hanna, elle était dans les SS. Elle travaillait donc pour le gouvernement de l’époque. Comment peut-on être criminel, si on exécute les ordres de son gouvernement? Ceux qui tuent des Palestiniens et des Irakiens, seront-ils un jour accusés de crime, comme le furent ceux qui ont tués des Juifs?

    Il ne faut pas oublier que Bernhard est un avocat, un juge, et que dans la réalité, il fut à la fois, le jeune et le vieux Michael, mais aussi, le professeur de droit qui dirige le séminaire, pendant lequel Michael reconnaitra Hanna.

    Toute la vie de Hanna tourne autour du fait qu’elle est illettrée. Ca n’est pas une excuse pour ce qu’elle a fait. Mais vingt ans plus tard, des étudiants d’université s’interrogent encore sur la culpabilité des acteurs du Troisième Reich, et même des acteurs passifs que furent leurs parents. Si le problème est encore difficle à trancher, même à l’université, peut-on supposer qu’une jeune femme illettrée à cru bien faire, en obéissant à son gouvernement?

    Hanna semble même choquée, qu’on lui reproche ses actions passées. Aussi, elle demande au juge: qu’auriez-vous fait à ma place?

    Je ne veux pas excuser Hanna, bien au contraire, et Michael, pas plus que Bernhard, ne veulent pas l’excuser non plus. Mais l’auteur explique, dans un autre texte, que: les crimes monstrueux ne sont pas forcément commis par des monstres, mais souvent par des gens bien ordinaires.

    Enfin, il y a un fait qui me touche beaucoup. Hanna ne m’apparait pas plus coupable que ces compagnes. Mais elle n’essai pas de se défiler. Elle reconnait ses actions. Elle avoue avoir laissé bruler trois cent femmes, dans l’église, persuadée qu’elle a fait son devoir. Et pourtant, elle se laisse condamner, parce qu’elle a honte d’avouer qu’elle ne sait ni lire ni écrire. Comment peut-on avouer, presque candidement, le meurtre de trois cent femmes, et cacher honteusement qu’on ne sait pas écrire? Hanna est-elle folle? Inconsciente? Peut-être. Mais comme le faisait remarquer l’un des étudiants du séminaire: il y avait de milliers de camps, tout le monde le savait, pourquoi n’avez-vous rien fait? Et plus loin, il ajoute: il y a eu des milliers de criminels. Pourquoi juger seulement ces six femmes? C’est égal, plusieurs sont persuadés que Hitler était fou, ce qui justifie agréablement ses crimes. Mais on oublie que le fou n’aurait pas pu agir seul, et à l’encontre du reste de l’Europe. Il fallait donc que sa folie fasse l’affaire de plusieurs autres.

    Quant à Michael, il aimera Hanna toute sa vie. Sa facon de lui faire la lecture, n’est-ce pas la plus belle marque de tendresse? Hanna n’est pas qu’un monstre. Elle est aussi une femme, et une femme qu’il aime. Il se sent coupable d’aimer une criminelle. Mais il se sent aussi coupable de l’abandonner en prison, surtout, qu’il aurait pu la sauver, en déclarant à la cour, qu’elle n’avait pas pu écrire le rapport qui la fait comdamner plus sévèrement que les autres.

    Dans ce livre, Bernhard Schlink explique donc que les gens se sentent honteux et coupables de certaines actions, et qu’ils ignorent totalement leur culpabilité dans d’autres actions. C’est cette perversion du sentiment de la culpabilité qui a permis à certains, de tuer des millions de Juifs, sous le rergard passif des autres.

    Les enfants de la génération d’après guerre ont reproché à leurs parents de n’avoir rien fait pour empêcher ces crimes. Et pourtant, ces enfants ont-ils fait quoi que ce soit, pour empêcher les crimes qu’on a commis à leur époque?

    Je pense sincèrement que ce petit livre mérite une relecture. Lors d’un séminaire, Bernhard fait dire au profeseur de droit: si les jeunes gens ne peuvent pas apprendre des plus vieux, qu’elle est donc l’utilité de ce séminaire? Je pense que c’est la question que Berhnard Schlink nous pose dans son livre.

    1. Yvon Verrier: Vous me donnez en fait bien envie de le relire!  J’ai beaucoup aimé le film (contrairement à plusieurs de mes connaissances), qui a suscité en moi beaucoup de questions et de discussions, notamment au sujet de certains points que vous soulevez: la culpabilité, la relativisation des choses par Hannah, qui avoue des trucs terribles mais qui ne veut pas dire qu’elle ne sait pas lire, la manipulation des gens par le pouvoir et tous ces gens ordinaires qui ont commis ces atrocités. 

    • Dryade de brume sur 11/06/2010 à 03:01
    • Répondre

    Ce M. Verrier est un excellent critique. C’est vrai que c’est tellement commode de classer les criminels sous une jolie étiquette « fou » ou « monstre » et de fermer le tiroir. Trop commode, puisque ça empêche de se poser la vraie question du mal en nous, et d’affronter l’effroi de la banalité du mal.

    1. Dryade de brume: J’aime beaucoup les réflexions de M. Verrier, il me pousse toujours plus loin avec ses commentaires!  J’aime quand ça m’arrive!!!  Quant à tout ceci, ce questionnement fait peur et fait mal aussi… trop facile de dire « je n’aurais pas fait ça… »

    • Dryade de brume sur 16/06/2010 à 06:27
    • Répondre

    À moins que tu la connaisses déjà, internet devrait te permettre d’écouter la chanson « Né en 17 à Leidenstatt » de Jean-Jacques Goldman. Tout à fait dans le ton, et une jolie œuvre en soi.

    1. Dryade de brume: Je connais et aime beaucoup cette chanson… j’y pense à chaque fois que je lis ce type de roman et je l’avais fredonnée tout au long de ma lecture de « La voleuse de livres » de Zusac.  Tu connais?

    • Dryade de brume sur 17/06/2010 à 06:41
    • Répondre

    Hum, c’est mes profs qui vont être fiers que je ne sache plus écrire Stadt…

    1. Dryade: Tu sais quoi… je n’avais même pas remarqué…. mais je suis pas un prof, hein! 😉

    • Dryade de brume sur 18/06/2010 à 00:11
    • Répondre

    C’est que je suis un peu sévère avec l’orthographe, alors ce serait malsain d’être indulgente avec la mienne. Pour La voleuse de livres, ceci après petit détour par ton billet correspondant, ça m’a l’air extrèmement touchant, si je peux passer par dessus ce qui t’a gênée dans le style—à moins que ça me plaise, on ne sait jamais avec les goûts et les couleurs… J’aime toujours mieux découvrir les Grands Évènements à hauteur d’homme, voire d’enfant. Je me méfie de l’Objectivité érigée en dogme, et je crois que la vérité est dans les personnes, ce qui nous rend semblables à travers les différences et inversement.

    Sinon, sans mauvais jeu de mot, à te lire—tu as peut-être remarqué, je remonte des origines de ton blog, je n’en suis qu’au premier mois et tu verrais la tête de ma liste…— je risque d’en être reduite à devenir moi-même une voleuse de livres

    1. Dryade de brume: En fait, je garde un excellent souvenir de lecture de la voleuse de livre, même si sur le coup, le style m’avait un peu embêtée.  J’aime aussi les grands événements vu avec une certaine subjectivité et j’ai horreur des « vérités » qui nous sont assenées comme ça…    Et merci de faire revivre mes vieux billets (qui ne sont pas géniaux, je les ai écrits à partir de notes et de post-it alors bon… des fois, c’est flou!  Les derniers ne sont pas mieux… juste avec davantage de digressions!!!)

  7. Au moins, chez toi c’est vivant, et c’est ce qui me plait !

    1. Dryade: Merci c’est gentil!

  8. Quelle belle découverte! j’ai adoré!

    1. Amiedeplume: Ravie de voir que ça t’a plu.  C’est vraiment particulier d’avoir ce point de vue.

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