Présentation de l’éditeur
« Au soir de sa vie, un vieux professeur se souvient de ce qui, plus que les honneurs et la réussite de sa carrière, a marqué sa vie. À dix-neuf ans, il a été fasciné par la personnalité d’un de ses professeurs; l’admiraton et la recherche inconsciente d’un Père font alors naître en lui un sentiment mêlé d’idolâtrie, de soumission et d’un amour presque morbide. »
Commentaire
Que ça fait plaisir de retrouver Zweig et sa plume!! Comme toujours, j’ai été emportée dans ce tourbillon, qui m’est devenu familier mais auquel je ne m’habitue jamais, que suscite en moi les oeuvres de Zweig. Et encore une fois, la magie a opéré. C’est cette fois dans l’univers d’un professeur d’une soixantaine d’année que nous entrons. Un ouvrage vient d’être publié sur lui et il réalise qu’il y manque une pièce maîtresse. Nous nous retrouvonsdonc vite dans ses souvenirs et dans sa jeunesse, où il narre sa véritable rencontre avec le monde spirituel de par sa rencontre avec un professeur qui le fascine.
J’ai encore trouvé dans cette nouvelle de Zweig cette nostalgie que j’ai remarqué dans quelques une de ses nouvelles ou dans « Le monde d’hier« . On nous relate un événement ou une époque marquante, où tout était plus fort, plus intense… à l’abri du monde extérieur. Ce que j’appelle une « époque-bulle ». Et des années plus tard, le personnage regarde en arrière vers ce temps révolu, avec un regard un peu mélancolique. Le jeune Roland de vingt ans que nous rencontrons se cherche, cherche sa vocation et quand il rencontre son professeur, son maître (il faudrait presque mettre une majuscule), il se jette à corps perdu dans cette relation avec l’enthousiasme et la passion de la jeunesse. Son aveuglement aussi. On ressent cette fulgurance de sentiments, cette ambiguité aussi. On sent que le jeune homme s’accroche de toute son âme à ce modèle parce qu’il croit enfin avoir trouvé sa voie alors qu’avant, tout en lui était vain. C’est presque désespéré mais ô combien sincère.
Ce professeur et sa femme deviennent pour Roland le centre de l’univers. Lui qui n’avait vécu que pour les plaisirs terrestres découvre soudain les joies des choses de l’esprit et s’y jette sans filet. On sent qu’il refuse en bloc de se poser certaines questions, qu’il souhaite par dessus tout préserver sa vision idyllique, tout en manifestant une immense curiosité par rapport à ce professeur. Je voyais parfaitement les choses mais je comprenais parfaitement les réactions du grand adolescent, à qui je n’ai pu que m’attacher.
Zweig réussit toujours à créer des images chez moi. Quand il décrit comment le professeur fait sortir de la brume des ombres, des visages, des scènes… j’avais l’impression qu’il décrivait ce que moi je ressentais en le lisant, lui. Autant les métaphores peuvent parfois m’énerver, autant celles de Zweig sonnent toujours juste à mes oreilles. « La confusion des sentiments » est un titre qui convient parfaitement car ici, rien n’est parfaitement clair. Les ambiguités et les ambivalences sont masquées par les spirales de l’enthousiasme et de la passion mais elles sont là, sous-jacentes tout au long du roman. Et en évidence à la fin. Une totale réussite sur un thème pas nécessairement très populaire en 1927, l’époque où il a été publié.
Un autre Zweig qui entre dans mes coups de coeur, what a surprise!!!
C’était donc la lecture de mars pour le challenge Ich liebe Zweig!
Et il compte aussi dans le challenge Europe centrale et orientale, auquel je tente – assez mollement, je l’avoue – de participer! Le pays: l’Autriche!!!
36 Commentaires
Passer au formulaire de commentaire
Je suis vraiment contente de voir que tu as autant aimé que moi! J’ai choisi comme 2e lecture de Zweig « 24 heures… » J’espère qu’il me plaira autant que celui-là!
Abeille: Ah oui, j’ai vraiment aimé. Encore plus que 24 heures, je pense!!!
Quelle belle déclaration ! S’il reste encore d’ici la fin de l’année quelqu’un qui n’a pas lu Zweig, il faudra le chasser de la blogosphère !
Ys: On peut dire qu’on insiste!!! ;))) Mais c’Était un peu le but du challenge!!! Mais à chaque fois, c’est un plaisir renouvellé!
Je sais que j’avais apprécié ce livre, mais je n’en ai plus aucun souvenir… C’est grave tu crois ? ;o)
Lilly: Na, ça veut juste dire que tu peux le relire… lucky you!
Tiens, vais lire une nouvelle de Zweig pour le challenge aujourd’hui, mais je ne sais la quelle choisir… Y a l’embarras du choix !
Bladelor: Oui, c’est pas comme s’il n’y avait pas le choix! Tu as choisi quoi, pour finir??
Je vais mettre ton billet en lien sur mon blog dans le récap sur le challenge. A++
La plume et la page; Merci!!! Il suffit juste que je persévère! ET que je n’oublie pas le logo si j’en lis d’autres!
Une de mes premières lectures de S.Zweig, une lecture marquante, je comprends tout à fait tes sentiments, ce que tu dis de l’effet de l’écriture.
Emmyne: C’Est fou l’e ffet que ça me fait. J’ai l’impression d’y être!
Oh, contente de voir que tu as au moins autant aimé que moi !
Comme tu dis, chez moi aussi, Zweig arrive à créer des images et je me retrouve à côté du narrateur toutes les fois, Par exemple là, j’étais littéralement en pensée dans la salle de classe quand le professeur a réussi à captiver le narrateur alors que rien n’était joué d’avance (ni pour lui ni pour moi) !
Kikine: Exactement ça!!! Je suis entrée dans la salle de classe avec le narrateur et j’en suis sortie bouleversée!
j’ai beaucoup aimé cette nouvelle également L’intrigue psychologique y est merveilleusement menée tant et si bien que l’auteur nous plonge réellement dans le malaise de cette relation. L’effet de ce malaise est d’autant plus marqué que le secret de la vie du professeur est gardé jusqu’au 3/4 de la nouvelle.
Bénédicte: J’avoue que je me doutais bien du secret mais quand même l’atmosphère est vraiment particulière. Quelle psychologie des personages!
surtout depuis que le film est sorti, l’affiche ne permettant plus d’en douter
Je te laisse le lien vers mon article si cela t’interesse Merci de tes commentaires
http://pragmatisme.over-blog.fr/article-romans-et-nouvelles-i-3-stephan-zweig-45691743.html
Bénédicte: En effet! Mais je n’avais pas vu l’affiche alors bon… c’Est ma malédiction ordinaire!! ;))
Le premier Zweig que j’ai lu et je l’avais beaucoup aimé.
Manu: Il est dans mes préférés après lettre d’une inconnue, je pense!
C’est un des prochains qu’il FAUT que je lise !
Restling: Ah, je ne peux que t’encourager!!! Je l’ai adooorée cette nouvelle!
Cette (re)lecture de « La confusion des sentiments » reste pour moi un moment de joie et de bonheur, même si je lui préfère « Le joueur d’échecs » ! J’adore Zweig et plus je le lis et le relis, meilleur je le trouve … Et je le lis depuis très longtemps ! Je pense que tu es mûre pour visiter l’Autriche et Vienne, Karine:). Attention aux patisseries et aux cafés, on devient vite accro à leur ambiance ;-D
Nanne: Et oui, je suis due pour visiter Vienne!!! ;))) Mais bon, là, je vais commencer par Berlin et Prague ;)) Peut-être l’an prochain. S’il me reste des sous!
Zweig , notre chouchou à toutes décidément! un beau jour je les relirai ces histoires si belles et si bien écrites!
Mango: Je pense que je vais en relire plusieurs moi aussi! Mais là, heureusement, il m’en reste encore plein à lire!
Vu la pièce cette semaine… bien aimé même si je n’ai pas autant apprécié que Fashion et Stephie… il faut dire que j’étais claquée et m’endormais à la fin. En plus une fille derrière m’a toussé dessus toute la soirée et résultat j’ai mal à la gorge maintenant 🙂
Lou: Ah, ça, c’est tannant, les éternel tousseux de théâtre! Je me demande bien de quoi ça peut avoir l’air, cette pièce!
Un livre que je n’ai pas encore lu, mais que je lirais avec joie, car je suis récemment tombé folle amoureuse de Stefan Zweig et de ses mots. Merci pour ce billet…
Ellcrys; Je l’ai vraiment, vraiment aimé, celui-là! Si tu viens de tomber amoureuse de Zweig, je te le conseille sans hésitation!
Je l’ai dans ma PAL celui-la ! A lire prochainement ! Comme tant d’autres ! lol !
Liyah: C’est toujours le problème avec les piles!!! On se dit toujours bientôt… mais on ne sait jamais quand!
Exactement ! J’en ai un tas que je me dis allez celui la bientot ! Mais bon y en a toujours un autre qui vient se glisser ! Mais je finirai bien par les lire tous ces livres ! lol !
Liyah: Oui, celui-là, il faut le lire bientôt! C’est super génial! (Et non, je n’ai plus 15 ans… mais je parle comme si, des fois!)
Avec « lettre à une inconnue », petite nouvelle qu’on trouve dans le recueil AMOK, « la confusion des sentiments » est un des plus beaux textes de ce grand auteur classique que j’affectionne;
Sourifleur: C’est mon top 2 aussi pour l’instant! Suivi du joueur d’échecs… et de tous les autres!