Présentation de l’éditeur
« Que signifie être allemand dans une petite ville danoise, quelques années après la fin de la Seconde Guerre mondiale? Que ressent-on quand on se fait traiter de « cochon d’Allemand » à chaque récréation ? Quand on est témoin de l’ostracisme permanent à l’égard de sa mère? Pour avoir été ce « cochon d’Allemand » à Nykobing Falster où il est né en 1960, KNUD ROMER le sait. À partir de ses souvenirs, il compose un récit déchirant sur l’enfance réduite malgré elle à se fondre dans un conformisme de survie. En évoquant sa famille, l’auteur dresse une galerie de portraits pathétiques et nous fait remonter dans le temps : le roman autobiographique se transforme en une fresque historique, celle du Danemark et de l’Allemagne au cours du XXe siècle. Lauréat en 2006 de nombreux prix, Cochon d’Allemand dépeint dans un style dense et enlevé une époque teintée de rancœur et de culpabilité. »
Commentaire
Il y a une éternité que je veux lire ce livre. Depuis qu’on a commencé à en parler sur la blogo, en fait. Je sais que la maison d’édition « Les allusifs » a été fondée au Québec mais ça ne veut pas dire que les livres sont pour autant si faciles à trouver que ça dans ma petite région. Il y a des choses qui échappent définitivement à ma compréhension!! En 2009, la version poche est sortie mais comme je n’aimais pas la couverture (ça aussi, ça peut échapper la compréhension, je le conçois), j’ai attendu de le recevoir à Books 2010 pour le lire et, comme le buzz est passé et que j’avais de très vagues souvenirs du « pourquoi » je voulais le lire, j’ai pu l’ouvrir avec un oeil pas trop biaisé et découvrir ce roman sans trop d’idées préconçues malgré la tonne de billets publiés à son sujet.
C’est donc un roman autobiographique que ce « cochon d’Allemand », par bribes, l’auteur nous raconte des épisodes de son enfance, mais aussi des bribes d’histoire de sa famille, bribes qui nous font rencontrer des personnages blessés mais également hauts en couleurs. Nous plongeons d’emblée dans une petite ville du Danemark où la haine des Allemands apparaît viscérale et ancrée dans des décennies d’histoire et de conflits. Knud est donc né de père Danois et de mère Allemande et il lui est impossible de l’oublier. Son quotidien est ponctué d’attaques et de « cochon d’Allemand » scandé par tous, sous le regard indifférent (ou approbateur, allez donc savoir) des responsables. On ressent le sentiment d’impuissance, d’emprisionnement, ainsi que le déchirement du narrateur entre son amour pour sa mère et la honte qu’il ressent lorsqu’elle affiche fièrement (et parfois maladroitement) ses couleurs allemandes. J’ai aussi souffert pour cette femme qui reste droite et fière malgré les affronts qu’elle fait mine de ne pas voir et qui a vu son amour de jeunesse brisé par le nazisme.
J’ai beaucoup aimé la manière dont l’auteur entrelace l’Histoire avec l’histoire de ses personnages. Jamais poussée ou mise à l’avant de façon maladroite, on la sent pourtant, présente, qui influence tout. On sent son emprise à la fois sur le grand-père Danois, qui court après le succès en arrivant toujours un peu trop tôt ou trop tard, la grand-mère Allemande défigurée par une explosion, le père qui passe sa vie à éviter le pire et sur la mère qui a traversé l’horreur comme elle a pu, sans rien renier. Sur le petit Knud aussi, qui vit dans un après-guerre où il aura tort, peu importe ce qu’il fera.
Je dois toutefois avouer que j’ai mis du temps à m’habituer à ces passages d’une époque à l’autre et que j’ai mis un moment à associer certains personnages et leurs noms. Je n’ai d’ailleurs pas compris dans quel ordre ces souvenirs avaient été classés et une certaine sensation de fouillis s’est imposée à moi. Je crois que c’est probablement volontaire, en raison des souvenirs qui remontent comme ça, sans ordre précis mais pour la lectrice que je suis, ça a été un peu ardu par moments.
Je reste toutefois avec l’impression d’un roman touchant et de beaucoup d’amour et d’amiration du jeune Romer pour cette mère qui a supporté sans mot dire l’ostracisme et la dérision de façon quotidienne. Pour ceux qui connaissent mieux que moi le contexte entre le Danemark et l’Allemagne, est-ce que c’est bien réaliste pour l’époque?? Je suis d’ailleurs très curieuse de savoir quelle a été la réaction des Danois face à ce livre. Un bien agréable moment de lecture, malgré le thème.
36 Commentaires
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Le titre ne m’inspire pas et je sais pas si le sujet me plaît! As-tu trouvé la couverture rigide et difficile à lire d’une seule main? C’est un reproche pour Les allusifs! 🙂
Jules: Je n’ai pas remarqué pour la couverture… je reproche surtout aux allusifs de ne pas être trouvable dans 95% des librairies de mon coin, en fait… même si je sais pertinemment que ce n’est pas de leur faute!!
Je veux aussi le lire depuis longtemps, j’avais été refroidie par certains avis négatifs, je le garde quand même sur ma LAL.
Aifelle: Pareil pour moi. Je l’ai reçu à Books alors je me suis plongée dedans et ça m’a plu, pour finir, même si j’appréhendais un peu.
J’ai un marque page à l’effigie de ce livre et cela m’a toujours intrigué. Ton billet est très joli malgré cela je ne suis pas tentée plus que ça, du moins ce n’est pas le genre de lecture dont j’ai envie en ce moment…
Hathaway: Faut choisir le bon moment, en effet. Mais ça se lit hyper vite!
C’est marrant que tu évoques des tonnes de billets car le tien est le premier que je lis sur ce roman dont je n’avais jamais entendu parler. Mais du coup, je suis très tentée!
Pimprenelle: Il a surtout été partout en 2007, environ. On a un peu réentendu parler lors de sa sortie en poche, et beaucoup moins depuis!
Tout à fait en accord avec ton analyse !!
Richard: C’est fou pareil toute cette histoire… et le pire, c’est que ce doit être assez réaliste…
J’avais beaucoup aimé ce roma, et à mon avis ce qu’il raconte est tout à fait plausible.
Papillon: C’est bien le pire! Ca m’a beaucoup plu, en tout cas, alors que je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre.
Il est dans mes étagères, car Mr K. l’a lu, mais j’hésite toujours avant de le saisir… Au moins, cela me fait un livre en réserve en cas de panne de PAL !
Kathel: Yep… on a toujours besoin d’un secours au cas où notre énorme PAL ne contiendrait plus un seuuuul titre intéressant!!!
Tiens c’est vrai que je l’avais repéré celui-ci, puis le temps passant, il m’était sorti de la tête. Je ne sais pas si je dois te remercier de me le remettre en tête
Manu: Idem… si je ne l’avais pas reçu, je ne sais pas si j’y aurais repensé!!
Je découvre ce titre. Je le note
Zorane: Il m’a bien plu, malgré un petit côté « pensées qui surgissent de partout »!!
Voilà un livre qui paraît très intéressant. Il doit être intéressant de lire, en parallèle, des livres plus historiques sur la période!
Yoshi73: Oui, il aurait été bien intéressant de le faire. Comme je me connais et que je suis paresseuse, je ne pense pas m’y mettre mais la démarche nous permettrait certainement de mieux situer l’action!
Ton avis me donne à la fois envie de lire ce livre, et envie de passer mon chemin. je pense que c’est n’est pas le bon moment pour moi, mais la couverture reste dans un petit coin de ma tête… je laisse les occasions faire le reste 🙂
Hérisson: Je pense que c’est la meilleure façon! Les occasions, ça fait une méchante pile, parfois! Et souvent de bonnes surprises.
Un roman que je veux lire depuis sa sortie mais je n’ai jamais pris le temps de le faire! mais j’y pense, hein!
Béné: C’était mon cas depuis presque 3 ans!! Mais bon, c’est fait et j’ai aimé!
comme il est en poche et se passe au DK,je sens que je vais me le procurer vite !
Lystig: Yep, il est en poche depuis un bon moment. Comme je n’aimais pas la couverture, j’attendais de le trouver en grand format!
De mon côté, seule la sensation de fouillis subsiste de cette lecture !
Joelle: Vois-tu après ma lecture (elle date un peu) j’ai un peu oublié cette sensation et je garde en tête l’histoire de gros préjugés… comme de quoi chacun garde des trucs différents!
Je note, je crois que ce roman peut beaucoup me plaire. Je suis d’ailleurs en pleine période 2nde guerre mondiale dans mes mectures du moment… (dans le même genre, j’avais beaucoup aimé « Tête de chien », un auteur danois qui raconte l’histoire de sa famille, petite histoire liée à la grande aussi).
Pickwick: Je ne connaissais pas du tout ce roman… je vais aller fouiner! quant à celui-ci, ça part de la 2e guerre, en effet. Il est intéressant, je trouve!
C’est amusant car je viens justement de commencer ce soir « Tête de chien » dont te parle Pickwick. Et justement, je suis un peu perdue en ce qui concerne la relation Danois/Allemands, il va falloir que j’aille fouiner un peu sur le net pour en savoir un peu plus.
Quant à « Cochon d’allemand », Lou m’en parle depuis mon voyage à Berlin l’année dernière, il faudra que je lise ce livre, c’est certain!
Cryssilda: Il se lit super vite et c’est vraiment particulier. J’ai beaucoup aimé la mise en situation et le gros cri d’amour à la maman et la grand-maman! Hâte d’avoir ton avis sur Tête de Chien!
Ce livre est une merveille de sensibilité, superbement écrit et bouleversant.. Pour moi ce fut un coup de coeur !
Sybilline: Sans être un coup de coeur, c’est un roman bourré de qualités, je trouve. Très touchant.
Moi aussi ça fait longtemps que je veux lire ce livre, attirée par le titre et la couverture, mais ce n’est pas encore fait.
Sophie: C’est souvent le problème… tellement d’envies, si peu de temps! Mais il vaut le coup, selon moi.