Présentation de l’éditeur
« Maintenant, on se demandait vraiment quel effet pouvait bien faire une balle dans le ventre ou un éclat d’obus dans la figure. On se demandait comment c’était une vie sans jambes ou sans bras, une vie à plus rien y voir et enfin à quoi ça pouvait servir qu’on se les gèle, qu’on nous réveille à des heures impossibles, que les camions militaires soient aussi pourris, si ça aidait à gagner la guerre ou si c’était juste à l’image de l’univers, nul du centre à la périphérie »
Les aventures d’un jeune homme amoureux par nature, cruel par instinct de survie et ironique par nécessité, au pays de la sale guerre. »
Commentaire
Ce sont Manu et Niki qui m’ont offert ce livre lors d’une rencontre plus qu’agréable à Bruxelles, l’été dernier. Miss Ursula m’avait aussitôt dit qu’elle avait beaucoup aimé le roman et je m’étais promis de le lire dans les plus brefs délais. Bon, dans mon cas, « plus brefs délais », c’est relatif, n’est-ce pas! Dix mois, je trouve ça ma foi très raisonnable.
Ce que j’ai pu être déstabilisée par ce roman. Je l’ai ouvert sans savoir de quoi il s’agissait et je me suis vite retrouvée auprès d’un jeune homme pas du tout sympathique (aucun personnage ne l’est réellement, en fait), dans un bizarre de 1978 où il y a une bizarre de guerre sur médiatisée. Pour sauter quelques pages plus loin dans un bizarre de lit d’hôpital. (Oui, bizarre. J’étale gracieusement ma paresse lexicale au lieu de choisir d’autres termes comme étrange, curieux voire même insolite… mais là, je dérape). Nous jonglons donc entre deux époques, le présent du narrateur et un passé pas si lointain où il était à la guerre, pour de bien mauvaises raisons, d’ailleurs. Les souvenirs lui reviennent peu à peu.
C’est un roman profondément dérangeant que celui-ci. Écrit en 2001, il nous emmène dans un 1978 où la guerre qui fait rage (nous ne saurons en fait pas vraiment laquelle) apparaît avant tout comme une vitrine pour les émissions de télé (limite réalité) et les commanditaires. Le narrateur se retrouve engagé dans cette histoire parce qu’on l’a obligé: il a en effet frappé la copine d’un homme connu et celui-ci lui demande… un petit quelque chose en retour. Nous sommes dans un univers que la morale semble avoir déserté. La nature humaine est présentée sous un jour très noir et le ton détaché, imagé et très ironique colle très bien au propos, même si ce n’est pas le genre d’écriture que je préfère. Mais le narrateur étant ce qu’il est, on comprend ce choix. Rien n’est réel et ce réel est manipulé, manigancé, organisé, mis en scène pour augmenter les audiences et les profits. Disons que dans cette guerre, la perte de téléspectateurs est plus grave que la perte de vies humaines.
J’avoue que j’ai ouvert grand les yeux à la fin et que j’ai du refermer le roman pour lâcher un « Oh my god » retentissant quand j’ai compris ce qui allait arriver. Et la façon que ce serait considéré comme « normal ». Mais ce 1978 n’est pas tout à fait le nôtre et d’ailleurs, certains anachronismes – selon moi très volontaires – sont là pour nous le rappeler. Roman décalé, très cynique, qui nous parle des médias, de manipulation et de sale guerre. Je suis bien curieuse de lire autre chose de l’auteur, d’ailleurs.
J’ai donc aimé ma lecture, malgré une absence totale d’empathie pour les personnages et certaines assez horrifiantes qui, je l’espère, ne me resteront pas trop en tête longtemps. Merci les filles!
Et ah oui… qui peut m’expliquer le titre?
40 Commentaires
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Intrigant mais effrayant quand même
Yue: Yep, intrigant, effrayant… incroyable, même…
Beaucoup aimé aussi ! Et je te rassure, personne n’a pu expliquer le titre jusqu’à présent ^^ Faudrait peut-être penser à envoyer un mail groupé à Gunzig 😛
Cynthia: Ouf, je me sens moins nounoune! Un mail groupé, pourquoi pas!
Ha ba voilà… tu t’absentes quelques temps, tu reviens avec plein de billet et maintenant j’ai plein de nouvelles envies littéraires (je précise !) C’est trop injuste !
Sandy: J’aime être injuste! ;)) Bon, cette lecture date d’avant mon départ hein… dans quelques jours, vous aurez mes lectures « post » ;))
ça a l’air très étrange en effet et pourtant tout m’interpelle ! Merci pour cette découverte en tout cas !
Bene: Ca l’est, étrange. Mais si le sujet t’interpelle, je suis bien curieuse de voir ce que tu vas en penser!
ça a l’air bizarre, je me demande si j’ai envie de le lire…
Adalana: C’est bizarre. Et très noir, très cynique. Ca fait froid dans le dos et il faut vraiment avoir le goût de ce genre de roman!
J’en ai pas entendu parler et tu as piqué ma curiosité… En tout cas la couverture fait froid dans le dos !
Maggie: La couverture et tout le reste, en fait… brrrrr!
J’allais dire la même chose que Maggie, la couverture est à glacer le sang! Brrrr!
Grominou: Yep… brrrrrr… et le roman aussi, en fait. Vraiment.
Aaah, Thomas Gunzig, son humour noir et son surréalisme bien belge… Les nouvelles « Il y avait quelque chose dans le noir qu’on n’avait pas vu » : excellent !
Anne: Pour être noir et surréaliste, ça l’est. Je ne connais pas du tout les nouvelles dont tu parles mais comme je ne suis pas très « nouvelles », je ne suis pas certaine que ce soit pour moi!
Cela semble valoir le détour, noté.
Moustafette: Ca a été un détour court mais intense!
Je croyais que c’était drôle… mais à te lire, on ne dirait pas…
Ys: Peut-être peut-on y voir de l’humour, très noir ou une certaine dérision mais ce n’est pas vraiment ce qui m’a frappée dans ce roman, non!
Pour cette fois tu me ferais plutôt renoncer à cette lecture . J’ai du mal quand je n’aime pas un tant soit peu les personnages.
Mango: Disons qu’il est très difficile de se sentir en phase, c’est le moins qu’on puisse dire!
j’allais évidemment poser la question au sujet du titre ! Car ce titre m’attire mais ce que tu en dis ne m’attire pas du tout !!! même s’il y a des côtés très intriguants…
Emeraude: Si tu trouves une réponse, tu me le diras… parce que je suis ma foi très perplexe. Je pensais au départ que c’était une histoire de bilinguisme français-flamand! C’est intrigant… et très bizarre!
tentée et réticente à la fois… drôle de dilemme!
Juliette: Je comprends le sentiment. C’est étrange, j’ai été dérangée mais j’ai apprécié ma lecture. Même si je n’ai aimé personne dans tout ça.
encore un livre qui m’a passionné !
bises
Mazel: Impossible d’y rester insensible, n’est-ce pas!
Contente qu’il t’ait plu. Un roman assez connu ici mais que je dois avouer ne pas avoir lu
Manu: Va falloir que tu voies pas toi-même! Noir et grinçant à souhaits!
10 mois, c’est effectivement un délais raisonnable ! Quant au livre, je me méfie, il ne me tente pas plus que ça. Beaucoup de bizarre !!!!
Géraldine: Yep, très raisonnable! En bas d’un an, je trouve que c’est limite rapide! Et oui, il y a beaucoup de bizarre. C’est un roman qui déstabilise et qui fait un peu peur à la fois.
Même impression que moi, je vois ! Dérangée tout en ayant aimé, c’est étrange, non ? (bizarre, curieux, insolité, space…). Beau billet malgré tout !
Et qui va nous expliquer le titre ?????
Liliba: Pour le titre, il va vraiment falloir envoyer un mail collectif à l’auteur, comme le disait Cynthia! Et oui, j’ai été dérangée mais ça m’a plu tout de même. Il y a quelque chose qui accroche et qui fait qu’on reste là même si on aime pas vraiment les personnages.
Tu m’ôtes les mots de la bouche avec ce commentaire tellement pertinent sur ce livre ô combien dérangeant mais génial!! Super chouette blog dynamique et déjà bien riche. Bonne continuation !
Laurence B: Merci, c’est gentil. Ce roman m’a vraiment donné le goût de découvrir davantage cet auteur. C’est particulier, ça dérange… mais ça m’a plu.
Mais elle a l’air horrible cette lecture !!!! Je ne suis pas tentée, mais alors pas tentée du tout !!!!
Marie: Horrible, non, je ne dirais pas. Mais très, très dérangeante. Je n’ai pu m’empêche d’écarquiller les yeux parfois… arghhh! Mais ça m’a quand même plu. Weird, non?
Thomas Gunzig, en bon belge qu’il est, est évidemment un grand adepte des titres surréalistes. « Mort d’un parfait bilingue » en l’occurrence, fait sans doute référence à cet idéal qu’on serine à tous les belges: ils doivent être parfaits bilingues français-néerlandais pour trouver un emploi dans la capitale (bilingue) mais aussi pour être un bon belge, ni wallon ni flamand, juste à la croisée de ces deux cultures qui ne s’entendent plus…
Laurence B: C’est ce que j’ai cru au départ, en fait, que ça parlerait du bilinguisme français flamand… mais non, pas du tout… peut-être que c’est une idée derrière tout ça mais je ne l’ai vraiment pas vue dans le roman. Mais si c’est si ancré dans la culture… sait-on jamais!