Présentation de l’éditeur
« L’enfant bleu, c’est Orion, un garçon psychotique âgé de 13 ans dont les médicaments peinent à apaiser les crises. Véronique, psychothérapeute dans un hôpital de jour parisien, va entrer dans l’imaginaire de cet enfant pour essayer de lui rendre la paix. Elle devine sa richesse, sa sensibilité extrême, et va le guider, avec patience et passion, vers l’expression artistique.
Henry Bauchau explore ici avec sa tendresse de poète et sa passion d’écrivain, la frontière entre art et folie. »
Commentaire
C’est Erzie qui m’avait parlé de ce roman et de cet auteur et psychanalyste et c’est le challenge « Un mot, des titres » de Calypso qui fait que je vous en parle dès que je l’ai terminé. Le mot, c’était « bleu ». Le roman était dans la pile… parfait.
Plonger dans « L’enfant bleu », ce n’est pas un voyage de tout repos. Cette écriture nous bouscule, nous chavire et nous transporte dans l’univers d’Orion, jeune garçon psychotique que nous verrons grandir au cours du roman. Orion qui est hanté par le démon de Paris qui le bombarde de rayons, qui ne peut appréhender le monde qui l’entoure, et qui voit de terribles menaces dans les situations les plus banales.
À 13 ans, Orion est considéré comme un cas désespéré. Puis, il rencontre Véronique, devenue psychothérapeute, qui croira en lui et qui l’encouragera à faire passer son imaginaire sur papier, puis en scupture. Et c’est l’histoire de cette rencontre entre deux personnes, d’abord patient et thérapeute, puis bien plus que ça, que nous suivrons dans ce roman. Nous verrons l’adolescent affolé, apeuré, qui se barricade derrière ses « on ne sait pas » quand on lui pose une question tenter d’être quelque chose en tentant non seulement de transposer ses démons intérieurs en images, mais aussi de révéler une partie de cet imaginaire, de ses îles intérieures, de cet enfant bleu qui est là, quelque part. Même si Orion dérange, même si chaque pas en avant est souvent suivi d’un pas en arrière, même s’il fait partie de ce « Peuple du désastre », impossible de ne pas s’y attacher. Il se sait différent, handicapé et ses « dictées d’angoisses » remplies de néologismes et de phrases mal construites sont bouleversantes de naïveté où se glissent parfois des images saisissantes. Je crois que dans tout le roman, ce sont ces fenêtres sur son monde à lui qui m’ont le plus touchée.
Je suis là à regarder mon écran et je réalise que j’ai vraiment du mal à parler de cette expérience de lecture. J’y ai réagi très fortement et je ne sais qu’en dire des banalités. On parle d’art, on parle de maladie mentale, de cette ligne si mince entre les deux, parfois, entre le génie et la folie. Entre Véronique et son mari Vasco, qui cherche la musique de sa vie, entre Orion, Jean, Myla ou Gamma, on est dans un monde différent où j’ai eu parfois l’impression d’entendre parler un autre langage, où on essaie de s’évader du banal en s’efforçant de s’élancer toujours vers le sublime. C’est différent de moi, j’ai parfois eu du mal à les suivre mais au final, j’ai refermé ce roman avec, comme Véronique, une bizarre de sensation. J’avais l’impression de le connaître, cet Orion.
Bien entendu, au départ, j’ai tiqué en voyant une psy parler librement de ses patients à son conjoint sans confidentialité (déformation pro… et non, je ne suis pas psy… mais si un jour j’allais en psy et que ma psy parlait de moi en me nommant à son conjoint, je serait ma foi dans tous mes états) mais rapidement, la relation dépasse ce cadre strict et bizarrement, j’ai changé mon cadre de référence et j’ai cessé d’être dérangée par cet aspect. Je suis partie ailleurs et j’ai eu dans ma tête pendant quelques jours des images particulièrement vivantes et saisissantes de squelettes, d’îles et de monstres peintes par un adolescent dans une détresse folle.
Une belle lecture, qui exige de son lecteur de par ses métaphores, son jeu avec les mythes et toutes ses interprétations. Je suis d’ailleurs certaine que j’ai manqué une grande partie de l’aspect psychanalytique… mais bon. Ça ne m’a pas empêchée d’être réellement touchée par ce roman.
40 Commentaires
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J’ai lu aussi ce livre il y a quelques temps, et comme toi j’ai été particulièrement marquée par le monde d’Orion qui débarque dans le texte au gré des mots très « parlants » qu’il utilise pour décrire ses démons… Un très, très beau souvenir de lecture !
Amélie: C’est fou, il réussit à rendre ses délires tellement vivants. Une lecture qui marque.
Tu me donnes envie de le lire 🙂
Adalana: Lance-toi alors! C’est vraiment particulier. C’est lent, il faut accepter de partir dans un style un peu psychanalytique où tout est analysé mais ça vaut le coup, selon moi.
Et, cocorico, c’est un auteur belge!
Belle lecture, en effet. Du même auteur, je te conseille surtout Oedipe sur la route.
Voyelle et Consonne: Yep, je me souviens avoir lu ça quelque part! J’ai « Antigone » de lui dans ma pile, ce sera donc celui-là en premier mais je note Oedipe. J’aime toujours les mythes et les réécritures.
J’ai évidemment entendu beaucoup de bien de ce livre par Erzie. J’avais déjà envie de le lire, mais là c’est sûr, je ne pourrais pas passer à côté !
Emeraude: Non, tu ne peux pas. Je me joins à Erzie, voilà!
Ton billet me fait penser que je n’ai toujours pas découvert cet auteur. Zut !
Leiloona: Je pense que ça pourrait te plaire, en fait. J’ai vraiment été happée par cette histoire et par ce monde étrange.
J’ai abandonné « Oedipe sur la route », je n’arrivais pas à rentrer dedans. Du coup, j’hésite à lire autre chose de l’auteur.
Aifelle: J’ai vraiment aimé mais c’est un roman qui demande qu’on accepte que ce soit lent et que ça parle et réfléchisse vraiment beaucoup. Je ne peux pas comparer avec Oedipe, que je n’ai pas lu, mais je suis quand même bien curieuse…
Ca me fait très plaisir que tu aies lu ce roman, et je t’assure que tu en parles avec une telle délicatesse que ça va forcément en séduire quelques autres au passage ! (Emeraude, sens-toi visée… 😉 )
Pour moi aussi, c’est le personnage d’Orion le plus touchant, je trouve ça percutant de voir comment il exprime ses souffrances, son isolement, ses peurs… Je pense souvent à lui.
Erzie: Ce doit en effet être incroyable de se sentir ainsi, dans une logique toute différente. Il vient vraiment d’ailleurs. Merci pour l’idée de lecture, en tout cas… sans toi, je ne l’aurais jamais lu, c’est certain!
J’ai un tel mauvais souvenir d’Antigone, étudié à l’école, que je n’ai plus jamais eu envie de lire cet auteur (honte à moi je sais)
Manu: Hmmmm… ça, ça fait peur, vu que j’ai Antigone dans ma pile… Je verrai ce que je vais en penser mais si tu as un tel mauvais souvenir, je ne gage de rien, hein!
Voici un sujet qui me parle beaucoup plus que celui du livre où je viens de laisser un comm. Même si tu sembles avoir du mal à évoquer ce livre, tu m’as donner bien envie de le lire. Je note.
Géraldine: Oui, j’ai du mal, parce que c’est une histoire qui me dépasse. Très touchante, très particulière… j’espère que ça te plaira!
Quel joli billet, vraiment ! Tu donnes envie de découvrir ce texte.
Merci d’avoir participé à cette première session.
Calypso: Ce fut un plaisir de participer! Bon pour la prochaine, je ne sais pas, je n’ai rien avec « soleil » dans ma pile… Si le mot est en anglais ça va ou pas? Parce que bon, je n’en ai pas no plus en anglais mais je vais peut-être magasiner en librairie ce week-end!
Je note car le sujet m’intéresse, mais je vais attendre d’être « prête » à le lire, car ce genre de lecture me touche toujours profondément…
Liliba: C’est en effet très touchant. Un moment, j’en suis venue à perdre mes repères, vraiment.
Ce roman a été un coup de coeur pour moi… Henry Bauchau est vraiment un auteur qui me touche beaucoup.
Marie: Cet Orion m’a beaucoup touchée aussi… vraiment. Et j’ai lu après le billet d’Erzie, qui mentionne qu’il est inspiré d’un ancien patient de Bauchau… encore plus touchant.
Niet. Pas pour moi. Ça a l’air de ressembler à « Déluge », autre livre de l’auteur que je n’ai pas du tout aimé et qui m’est tombé des mains (en plus, il a l’air d’écrire sans arrêt le même livre, Henry Bauchau !)
Turquoise: Je ne sais pas s’il écrit tout le temps le même livre, c’est le seul que j’ai lu! Mais bon, c’est un style particulier qui ne plait pas à tout le monde, en effet. Disons que c’est beaucoup de réflexion à « voix haute »… Déluge, ça parle de quoi?
J’ai lu ce livre et je l’ai adoré, je me suis attaché à Orion et Véronique, son histoire me boulversée, j’ai passée des soirées entières à lire se roman dont je me souvient parfaitement encore aujourd’hui. « L’enfant bleu » fait parti de mes plus belles lectures.
Minouchette: C’est une lecture dont je vais également me rappeler, c’est certain. J’ai vraiment été touchée par Orion, ses délires, sa façon d’être un artiste, d’être tellement lucide en même temps… bref, ça m’ aplu.
@ Karine:) : « Déluge » c’est l’histoire d’un artiste fou qui brule ses toiles…Je te donne le lien de mon billet (lapidaire et pas sympa, je le reconnais…et j’assume !)
http://lecturesdeturquoise.blogspirit.com/archive/2010/09/05/henry-bauchau-deluge-actes-sud.html
(Sais pas trop si il va fonctionner, mon lien…Oui, jfais partie de la tribu des cyberquiches…)
Turquoise: Welcome dans la tribu hein! Hmmm… artiste qui brûle ses toiles… ya un peu de ça dans l’enfant bleu mais pas complètement… curieuse je suis!
Heu..je viens de comprendre…Je recommence !
Le lien est ici
Turquoise: Je vais voir!
Pas de souci pour le titre en anglais 😉
Calypso: Je verrai si je trouve… Là, à cause de ce challenge et de ce fameux mot « soleil », je chante l’ouverture des cités d’or depuis hier… « Enfant du soleil, tu parcours la terre et le ciel… » Hmmm, je ne te remercie pas hein! Et mes voisins de bureau non plus!
Hi hi !
Calypso: :))
je crois que je l’ai déjà noté.
et on cherche toujours une solution pour un enfant différent, même si sa différence semble si légère par rapport à celle évoquée ici !
Lystig: Vu que je travaille quotidiennement avec des enfants différents, je suis toujours touchée, bien entendu. Et bon, les solutions miracles… c’est pas facile à trouver, hein!
Je me suis vraiment laissée embarquer dans le monde l’Orion. C’est un souvenir de lecture éblouissant et « boulversifiant » comme dirait Orion.
Sylire: Yep, bouleversifiant. Tout à fait!