Putain – Nelly Arcan

putain.jpg Résumé

« J’ai alors décidé d’écrire ce que j’avais tu si fort, dire enfin ce qui se cachait derrière l’exigence de séduire qui ne voulait pas me lâcher et qui m’a jetée dans l’excès de la prostitution, exigence d’être ce qui est attendu par l’autre, et si le besoin de plaire l’emporte toujours lorsque j’écris, c’est qu’il faut bien revêtir de mots ce qui se tient là derrière, et que quelques mots suffisent pour être lus par les autres, pour n’être pas les bons mots. Ce dont je devais venir à bout n’a fait que prendre plus de force à mesure que j’écrivais, ce qui devait se dénouer s’est resserré toujours plus jusqu’à ce que le nœud prenne toute la place, nœud duquel a émergé la matière première de mon écriture, inépuisable et aliénée, ma lutte pour survivre à ma mère qui ne répondait pas lorsque je l’appelais et qui ne m’appelait pas car elle avait trop à dormir, ma mère qui dans son sommeil a laissé mon père se charger de moi ».  
 Commentaire
 
Même si ce livre ne m’a pas plongée dans un état de grâce, j’ai adoré la plume particulière de Nelly Arcan!   Les phrases sont longues dénuées de points, ininterrompues et haletantes. Le texte est une autobiographie (jusqu’à quel point réelle, je n’en ai aucune idée) racontée par une femme à son psychanalyste, sans ordre chronologique arbitraire, où elle évoque le parcours qui l’a menée à être escorte de luxe. Le texte comporte de (trop) nombreuses répétitions et fait écho à son travail d’escorte, qu’elle décrit comme très répétitif. Les propos sont très crus, très directs. Le dégoût des hommes qui est omniprésent m’a interrogée.
 
L’histoire n’a rien d’extraordinaire en soit… des parents absents à leur façon, le choix de devenir escorte… Mais j’ai adoré la façon de la raconter!
 
7,5/10

10 Commentaires

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  1. je crois que je vais quand même un de ces quatre m’y plonger tout de même, même si À ciel ouvert m’a vraiment déçue.

  2. Comme je te l’ai mentionné sur ton blog, j’ai trouvé « A ciel ouvert » carrément indigeste!!! Un paquet d’arbres perdus selon moi!!! J’ai apprécié « putain » mais beaucoup moins « folle » et j’ai détesté son dernier… On commence à le connaître, son petit ego!!! Tiens… une journée où je serai vraiment « fru », je ferai une critique de ce livre… ça risque de me défouler… mais de ne pas être joli-joli!!! 😉

  3. Pour ma part, je n’accroche pas du tout au style de Nelly Arcand. Je n’ai même terminer ce livre et je ne crois pas en lire d’autres.

  4. Amiedeplume: Cette lecture date de plusieurs années et je ne crois pas nécessairement renouveller l’expérience avec l’auteure… ma dernière expérience ne m’a vraiment pas plu. Par contre, tu n’est pas la première que j’entends dire que ça ne lui plait pas du tout!

  5. Nelly fut très malheureuse. Sa vie fut un cauchemar. Elle a eu le temps d’en écrire un bout. C’est un livre très dur, je dirais, personnel, comme une thérapie. Pourquoi a-t-elle voulu le faire lire par d’autres? J’ai cru que l’écriture lui avait permis de survivre (à sa vie). Mais elle raconte elle-même avoir prévu sa mort, à quinze ans. Certains laissent des lettres, avant de se suicider. Nelly a laissé quelques livres. Tout cela est bien triste. Mais je me demande encore ce qui a bien pu attirer les éditeurs francais. Peut-être l’exotisme? Nous avons d’autres auteurs québécois…

    1. Yvon Perrier: Je trouve son histoire personnelle très triste aussi et j’ai l’impression que ses livres ont été une thérapie.  Et dur est exactement le mot qui convient.  On sent réellement une souffrance dans tout ça, une perception des choses différente.  Et je trouve qu’elle avait quand même une plume particulière.

  6. Mon humble avis sur ce livre qui fut une lecture obligatoire (exit Michel Tremblay dans les écoles, maitenant c’est Nelly Arcand): je ne l’ai pas aimé. Je dois avouer que mon principal obstacle fut ce que vous avez aimé. Lire une phrase de deux pages, quand j’arrive à la fin j’ai oublié le début, ça m’énerve vraiment. En plus j’ai trouvé qu’on tombait parfois dans le « too much ». Je comprend que sa vie a été difficile et si c’est près de sa réalité, pauvre femme. Mais je ne crois pas que cela en fait un roman ayant un quelconque intérêt (le bout des « mottes » de poil pubien qui roulent…. really?)

    1. Mathilde: Bizarrement, je n’aurais pas eu idée de faire lire Nelly Arcan en lecture obligatoire… j’ai aimé le monologue, l’écriture mais bon, qui me perdait un peu mais dans lequel je me plaisais, malgré le fait que parfois, oui, ça va un peu loin et que disons qu’elle a des trips un peu particuliers!

  7. J’ai cette chance, de ne plus subir les lectures obligatoires. Je lis par plaisir, et par curiosité. C’est ainsi que j’ai lu Nelly Arcan. Je l’avais connu autrement, sous un autre nom. Mais, c’est une facon de parler. En lisant Putain, j’ai bien compris que je ne l’avais pas vraiment connu.

     

    Je n’avais pas remarqué ses longues phrases. Ce qui m’avait frappé, c’est l’absence de sturcture. Elle écrit comme cet homme soul, au bout du comptoir. Il raconte toutes sortes de choses, et personne ne l’écoute. Après quelques pages, j’en avais assez. J’ai quand même continué jusqu’à la fin, par curiosité. J’ai appris d’autres choses, sur sa vie, ses parents. Mais le livre était déjà complet, dès les premières pages. Aussi, de lire ses autres livres, (j’ai quand même essayé Folle), ca ne m’a pas apporté plus.

     

    La plupart des écrivains racontent leurs vies, leurs rêves, leurs espoirs, et ils essaient, en même temps, d’intéresser leurs lecteurs. Chez plusieurs, on sent le désir de plaire. Je pense que Nelly n’avait pas ce besoin. Pourquoi a-t-elle publié ses livres? Je pense que c’était une sorte d’appel à l’aide, et non une tentative de pénétrer le monde de la littérature. Pourquoi a-t-on pubié ses livres en France? Elle fut presque totalement ignoré, au Québec, alors qu’elle faisait les premières pages des journaux français. Seule sa mort, fut publiée dans nos journaux.

     

    Mais il faut dire, à regret, le Québec n’est pas une référence, en publication d’auteurs. Il ne l’est pas non plus en lectures. Si Marcel Dubé et Michel Tremblay n’avaient pas été des lectures obligatoires, ils n’auraient jamais vendu de livres au Québec. Et si maintenant, on fait lire Nelly Arcan, alors que d’autres jeunes auteurs attendent leurs tours, il me semble que ce qu’on devrait analyser, ce ne sont pas les livres de Nelly, mais les raisons qui motivent les professeurs de littérature, à les faire lire.

    1. Tout à fait d’accord pour l’absence de structure et pour le monologue un peu décousu, ça m’avait plu parce que je trouvais ça particulier « d’entendre » un tel texte, malgré que le thème ne soit pas mon thème de prédilection.  C’est un peu long, ça tourne en rond mais quand même, j’avais été touchée par cette détresse.  Et non, je ne pense pas que Nelly Arcan ait écrit pour plaire…  je pense que ça a été une tentative de thérapie qui, quand on connaît le résultat final, semble avoir été peu efficace…

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