Résumé
« Rien ne va plus dans la chrétienté. Rebelles à toute autorité, des bandes d’hérétiques sillonnent les royaumes et servent à leur insu le jeu impitoyable des pouvoirs. En arrivant dans le havre de sérénité et de neutralité qu’est l’abbaye située entre Provence et Ligurie, en l’an de grâce et de disgrâce 1327, l’ex-inquisiteur Guillaume de Baskerville, accompagné de son secrétaire, se voit prié par l’abbé de découvrir qui a poussé un des moines à se fracasser les os au pied des vénérables murailles. Crimes, stupre, vice, hérésie, tout va alors advenir en l’espace de sept jours. »
Commentaire
J’ai terminé ce livre il y a déjà quelques jours mais j’ai eu besoin d’y réfléchir avant d’écrire mon commentaire ou de lire autre chose. Je ne crois pas être bien originale en disant que j’ai vraiment beaucoup apprécié cette lecture mais que je la qualifierais de difficile, du moins pour moi!
Tout d’abord, la religion et moi, ça fait deux. Les pratiques religieuses n’ont accompagné ni mon enfance, ni mon âge adulte. J’y connais très peu de choses, à part ce que nous avons appris à l’école primaire et ce que j’en ai lu dans les romans par la suite. Il est donc facile d’imaginer à quel point j’étais « perdue » dans les premières pages, qui mettent en relief les contextes historiques et religieux de l’époque! Le début de ma lecture a avancé tranquillement; j’avais trop de notions à assimiler. Je crois d’ailleurs que la plupart de ces précisions au sujet de l’histoire, des personnages et des diverses interprétations religieuses en général étaient importantes pour bien saisir la portée et la motivation des actions qui sont posées dans le roman. En effet, il s’agit d’une mentalité tellement différente de la mienne et de celle du milieu dans lequel je vis que sans ces précisions, cette imprégnation continuelle de l’atmosphère dans lequel sont plongés les protagonistes que je n’aurais pas pu apprécier le livre et l’intrigue à leur juste valeur.
D’ailleurs, j’ai appris énormément dans cette lecture, que ce soit au sujet de l’histoire de la religion catholique, des oppositions entre l’Empereur et le Pape, de l’hérésie de l’époque, de l’émergence de la science et des différentes communautés de moines. J’ai pu réaliser à jusqu’à quel point les diverses interprétations des Écrits pouvaient influencer le monde socio-politique de l’époque et mieux comprendre ce que ces diverses interprétations de ce qui était « saint » et de ce qui était « hérétique » pouvaient impliquer.
Lorsque j’ai eu bien assimilé « qui était qui » et « qui pensait quoi », j’ai vraiment pu plonger dans le roman et avoir de la difficulté à revenir de ce grand dépaysement. L’enquête de frère Guillaume est bien exposée, on nous mène sur de nombreuses pistes et l’angle sous lequel elle est menée (la religion, le savoir) est différent. J’avais deviné le « comment » et une partie du « pourquoi » mais j’avais des doute sur le « qui » et sur l’explication.
Le seul petit bémol pour moi (en raison, probablement, de mes intérêts), c’est que certaines discussions théologiques auraient pu être légèrement écourtées (ici, j’en connais qui ne sont pas d’accord avec moi!). J’ai trouvé quelques passages, particulièrement au début, un peu ardus et répétitifs. Je n’aurais jamais, jamais cru que mon latin du secondaire me servirait un jour!!!!
En résumé, un excellent livre, si on aime les romans érudits, théologiques et historiques… et si on a un peu de temps!
Au fait… question ouverte de la fille qui ne connaît rien de rien en théologie… pouvez-vous bien me dire pourquoi le livre s’appelle « Le nom de la rose »??? J’ai beau chercher… aucune idée!
9/10
34 Commentaires
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Je ne peux pas vraiment répondre à ta question puisque je n’ai pas lu celui-ci, mais j’ai lu Baudolino pour mon challenge 2007 et, même si j’ai beaucoup aimé, il faut être dans une bonne période pour le lire. C’est un roman difficile, qui demande beaucoup d’effort, du moins, il m’en a demandé. Mais j’ai d’autres Eco dans ma PAL et je le relirai un jour…
C’est exactement ça… ça demande des efforts, il faut être « tout » là pour lire ce genre de livre, je crois. D’autres titres de Eco m’intéressent mais je vais attendre un peu. Un jour, pas tout de suite! 😉 Je digère encore « Le Nom de la rose », je crois!
tu peux trouver un semblant de réponse sur le forum d’allo ciné: http://www.allocine.fr/communaute/forum/message_gen_communaute=2&nofil=328878&cfilm=2402.html
Fleur: Mais merci beaucoup!!!! L’explication n’est pas super évidente… mais au moins, ça me rassure…je ne suis pas la seule à ne pas comprendre du premier coup!!! 🙂
Je l’ai lu il y a très longtemps et j’en garde un très beau souvenir de lectures et je ne me rappelle pas de passages théologiques ardus. Pour le titre, je ne me suis jamais posée la question. Tu as vu le film ?
Très bon roman original. La solution de l’énigme n’est pas malheureusement pas risible vu le nombre de morts que cela a provoqué de tourner les pages d’un livre. C’est le seul ouvrage d’Umberto Eco que j’ai lu. J’ai l’impression que les autres sont difficiles d’accès.
Dasola: En effet, on peut dire que ça aura fait des ravages! Et oui, j’ai entendu dire que c’était le plus facile d’accès de Eco… et déjà que je ne l’ai pas trouvé particulièrement facile à lire… je crois que je vais passer pour les autres… du moins pour le moment!
Je viens de lire Le nom de la rose dans le cadre du challenge ABC 2008. Comme toi j’ai apprécié cette lecture qui m’a bcp appris! Et je me suis aussi posée la question sur le titre après une petite recherche sur google : l’hexamètre latin final [Stat rosa pristina nomine, nomina nuda tenemus] « Même si la rose disparaît, je conserverai d’elle un pur nom » (Bernard de Morlaix, De contemptu mundi, XIIe siècle, justifiant le titre du roman d’Umberto Eco le nom de la rose) et comment il a engendré le titre.
Pauline: Merci pour l’explication! C’est une lecture que j’ai beaucoup appréciée!
Bonjour à tous ! Je n’ai pas lu Le Nom de la rose, mais j’ai vu le film, que j’ai réellement beaucoup aimé. Est-ce que c’est un handicap d’avoir vu le film ? Le livre est-il mieux que le film (comme, à mon avis, c’est souvent le cas ?)
Pimpi: Mon visionnement du film remonte à tellement longtemps que je ne saurais te dire… C’est sur que si tu sais la fin, c’est moins intéressant de le lire!
En réponse à Pimpi, j’ai adoré le film mais le roman est encore meilleur car plus riche (mais difficile à lire car très érudit). On peut donc lire le livre sans problème en connaissant la fin mais bien sûr on a moins le plaisir du suspens. Ca dépend en fait ce que l’on recherche dans la lecture. Si c’est pour juste le côté « policier », c’est sûrement décevant mais pour tout le contexte historique, c’est une pure merveille.
J’ai lu ce roman (et précisément dans la collection que tu présentes ! )en 1986 ! J’avais beaucoup aimé cette lecture, certes ardue, mais captivante tant par l’intrigue que par l’érudition, ou encore par la condamnation de l’obscurantisme. Le film n’est vraiment pas si mal (Aaaah… Sean ! ), mais ne saurait être à la hauteur du roman. D’Eco, j’ai lu également « Le pendule de Foucault ». Beaucoup plus hermétique. Du coup, mon trip Eco s’est arrêté là (je ne compte pas un essai de lui dont je n’ai été capable de lire qu’une trentaine de pages).
Fantômette: J’hésite à relire Eco car il paraît que ce roman est le plus accessible. Je l’ai beaucoup aimé mais je ne sais pas si je serais capable de lire beaucoup plus complexe que ça!!! Et j’ai bien aimé le film aussi. Pas aussi bien que le livre mais quand même assez fidèle. Les enjeux y sont assez bien dépeints, selon mon souvenir!
Là encore, le livre et le films sont de vrais chefs-d’oeuvres! A découvrir absolument
Sourifleur: J’ai préféré le livre au film, mais j’ai bien aimé ce dernier aussi. Il est vraiment bien fait.
Bien que le film suive fidèlement le livre et soit fort bien joué, je préfère quand même le livre, plus étoffé et qui démontre si bien les mentalités et les discussions au temps où l’Inquisition faisait rage
Sybilline: En effet, ce livre nous en apprend beaucoup sur l’Inquisition et ses façons de faire. On se sent vraiment au Moyen Âge. Le film se concentre plus sur l’intrigue.
Bonjour, Pour celles et ceux qui seraient intéressés par une lecture un peu profonde de ce superbe roman, je vous incite à vous rendre sur le site Web que j’ai créé à cet effet : http://nomina.nuda.tenemus.free.fr Quoiqu’en cours de création (il me faudra sûrement plusieurs mois voire années pour le terminer !), il peut être utile je pense en l’état. Amicalement, Pascal Berne.
Pascal Berne: Intéressant comme idée! Merci pour le lien, j’irai y faire un tour!
Vraiment un très très bon roman en effet. Il y a bien quelques difficultés, comme les débats complexes ou les citations latines non traduites, mais ça fait aussi partie du charme. Très bien écrit et construit, documenté et instructif, Le nom de la rose est un pur chef-d’oeuvre.
Nicolas: Je trouve aussi que ce roman a vraiment quelque chose de particulier… ce n’est pas n’importe quelle histoire qui m’aurait fait lire du latin ou encore tenter de comprendre tout ça!!
je l’ai lu pour les cours. il et vraiment bien.
pour mieux le comprendre, je te conseille de lire apostille au nom de la rose.
ca eclaircit pas mal la lecture !
Anneso: Merci du conseil… je ne connaissais pas du tout mais ça peut m’intéresser!
J’ai beaucoup apprécié le film et le livre, mais je me pose toujours la même question : mais pourquoi « le nom de la Rose » ? C’est qui la « Rose » c’est quelqu’un ou c’est la fleur ? et si c’est la fleur pourquoi la rose ?quelqu’un pourai-t-il m’éclairer ? MERCI.
Maria: Je me rappelle avoir lu un grand article à ce sujet sur le net mais j’ai oublié l’explication, qui était très complexe et pas vraiment claire d’interprétation même après cette lecture. Tu peux aller voir sur ce blog: http://garydexter.blogspot.com/2009/09/142-name-of-rose-by-umberto-eco.html si tu lis un peu l’anglais!
Cette citation vient de la dernière phrase d’un poème de Bernard de Morlais. Je ne peux pas traduire le poème en Français. D’autres l’ont fait, et je ne saurais dire qui a raison. Dans le film, on a coupé la scène où William explique au jeune Adso: all that remains from a dead rose, is its name. Ca me semble assez loin de la réalité.
Mais, à la fin de sa narration, Adso déclare: je n’ai jamais su le nom de la rose.
L’utilisation de cette citation amène un étrange jeu de mot. Rose est le nom de la fleur, dont il ne reste que le nom. Mais c’est aussi le surnom qu’on donnait à une jeune fille, dont on ne connaissait pas le nom. Et justement, Adso n’a jamais su le nom de cette rose…
Yvon Verrier: Merci beaucoup pour ces explications! Je trouve ça quand même un peu loin de l’intrigue principale mais c’est une question que je me posais depuis un bon moment!
N’est-ce pas que ce livre laisse une impression durable ? J’ai adoré plusieurs fois me perdre entre ses pages, malgré de nombreuses scènes, on va dire difficiles.
L’auteur est lui-même un mystère : un monstre d’érudition, et je crois un vrai gentil, sans une once d’orgueil. J’ai trouvé le film intelligent : il retire, par force, quelques couches à ce mille-feuilles de significations, et conserve l’essence.
Et je ne recommanderais pas précisément, pour en avoir lu quelques uns, ses autres romans pour une lecture « détente ». C’est passionnant… à condition d’avoir une solide encyclopédie à portée de main, et pas mal de temps !
Dryade de brume: Ah non, ce n’est pas une lecture détente mais c’est une lecture qui marque réelllement. On s’y croirait dans ce monastère et en plus, il réussit à nous passer une partie de son message et de ses connaissances. C’est un roman demandant mais je ne l’ai pas trouvé lourd.
Tu as raison, pas lourd du tout. Sans doute en grande partie parce que les personnages sont très vivants, bons ou méchants, bons et méchants…
Et aussi ce décor ! Et cette bibliothèque !
Et puis les gens vraiment intelligents, je trouve, nous donnent l’impression (au moins) de l’être davantage nous-même, contrairement à certains qui nous écrasent de leur morgue et de leur savoir. Et Eco est une vraie intelligence souriante.
Dryade: Ah oui, cette bibliothèque… vraiment, c’est terrible, cette bibliothèque. J’aime beaucoup ton impression d’intelligence souriante parce que tu as raison, il ne nous prend pas pour des imbéciles, et ce n’est pas une leçon. Contrairement à certains autres.
je viens de finir le roman. J’avais vu le film un nombre de fois incalculable, donc en effet pour le côté policier/suspense, c’était foutu. Mais par contre, quelle richesse en effet. Et je te rejoins: c’est souvent ardu! Les discussions théologiques sont parfois difficiles à suivre. Pour la rose, j’ai toujours pensé que c’était de la fille dont il parlait, et qui tiens quand même une place importante dans le roman ou du moins dans ses réflexions de jeune homme.
Choupy: C’est un roman qui a énormément à offrir, je trouve. C’est parfois difficile à suivre mais quand même, ça transporte dans une toute autre atmosphère.