Résumé
« Elle ne boit pas, ne fume pas, couche encore à 36 ans dans le lit maternel et aime bien rester chez elle. Chaque fois que ses horaires de professeur de piano au conservatoire de Vienne le lui permettent, elle se plaît à fréquenter les cinémas pornos, les peep-shows et les fourrés u Prater. Et quand un de ses étudiants tombe amoureux d’elle, Erika Kohut ne sait lui offrir en échange qu’un scénario éculé, propre à redorer la vielle relation du maître et de l’esclave.
Cru, féroce et en même temps d’un comique irrésistible, ce livre n’épargne ni l’amour maternel et ses vaines ambitions, ni la vénérable institution qu’est à Vienne la grande musique, ni le sexe et ses névroses ».
Commentaire
J’ai fini par le finir. Je suis allée jusqu’au bout en me disant qu’il y avait peut-être quelque chose à en retirer même si à plusieurs reprises, je me suis dit intérieurement « Ça suffit la torture« !!! Mais non. Prix Nobel de littérature ou pas Prix Nobel de littérature, ce livre a été pour moi déplaisant du début à la fin. Je n’ai vu nulle part de « comique irrésistible »! Nous ne sommes tout simplement pas sur la même longueur d’ondes lui et moi.
On y rencontre Erika, professeur de piano et concertiste manquée, qui vit sous l’emprise d’une mère horriblement manipulatrice et contrôlante. Erika est froide, elle s’auto-mutile, court les peep-show et espionne les gens qui s’envoient en l’air dans un parc. Pour tenter de ressentir quelque chose, elle qui ne sent rien et qui ne sait pas non plus ce qu’elle veut sentir.
Le premier mot qui me vient à l’esprit pour décrire mon impression est froideur. Froideur et détachement. On y raconte des névroses, des scènes fortes mais je n’ai été que spectatrice et n’ai eu de sympathie pour aucun des personnages. La mère, qui considère sa fille comme son objet, sa propriété, sa gloire, m’exaspérait à un point fou; presque à chaque fois qu’on en parlait, j’étais tentée de refermer le livre… et on en parle souvent. Erika ne me rejoingnait pas du tout (il n’y a que vers la fin où je l’ai trouvée moins désagréable derrière toutes ses défenses) et Klemmer et son pédantisme klemmerien m’agaçaient prodigieusement. J’ai eu l’impression que l’auteur détestait ses personnages. Sachant que ce roman serait hautement autobiographique, c’est inquiétant. Le seul passage qui m’a un peu touchée est la toute fin, quand la vie continue pour certains quand d’autres sont démolis.
La musique, ici, devient presque un terme insultant. Une punition, un snobisme. Je n’ai pas aimé.
Et non le moindre, Erika, 36 ans, y est décrite comme vieille (dit au moins 100 fois), ridée, flasque, en décomposition, en train de pourrir… etc. Sachant que dans 4 ans et quelques semaines j’aurai cet âge… ça m’a fait royalement grincer des dents! Je sais, je sais… probablement un signe de non-acceptation de mon propre vieillissement… mais dans 4 ans, je ne serai pas vieille, ni en train de pourrir, ni totalement fini, bon-e!!!
Je suis consciente que le livre est bourré de métaphores, de symboles, que l’emprise de la mère (toujours nommée ainsi dans les passages la concernant… la mère, la fille… comme si elles n’étaient que ça) déteint partout, dans toutes les sphères, toutes les relations d’Erika. L’écriture est riche, pleine d’images fortes et, surtout au début, bourrée de retours en arrière (là où on désigne Érika par ELLE, en majuscules, comme l’explique Emeraude)… mais ce n’est pas pour moi. Ce n’est pas le genre de livre que j’ai le goût de lire. Mais il est souvent désigné comme chef d’oeuvre… peut-être plaira-t-il davantage à d’autres!
2/10
25 Commentaires
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Je l’ai depuis une éternité et n’ai jamais osé le lire par peur d’un ton trop cru et de cette froideur dont tu parles. Vais-je le lire un jour?!…
Sophie: Peut-être que ça te plaira davantage qu’à moi… Mais je me suis vraiment sentie extérieure à tous ça.
Ça m’arrive à moi aussi qu’un livre ne m’accroche pas même en tentant de le lire et de le relire. Y’en a un justement que je dois relire… erf !
Ilmariel: Faut croire que ça arrive aux meilleurs d’entre nous!!! ;)) Et quel est ton futur instrument de torture?
et tu as fini par le finir quand même ! bravo !
J’ai vu le film et j’ai été mal à l’aise pendant toute la projection … C’est une histoire très spéciale que je n’ai pas non plus aimé.
Emeraude: En fait, je l’ai fini pour savoir où ça allait mener tout ça… mais sincèrement, je n’aurais rien perdu à l’abandonner… Romanza: Une chose est certaine, je n’irai pas voir le film! Mais certainement que ça plait à certaines personnes!
j’ai vu le film et j’ai ressenti la même impression que toi….une grande froideur….en plus j’étais assez mal à l’aise face à cette femme et à sa relation à l’autre….une chose est sûre c’est un livre que je ne lirai pas!!!!
Jumy: Une froideur et un malaise, c’est exactement ça. Je suis consciente de la valeur littéraire de ce livre… mai ce n’est vraiment pas pour moi!
Je n’avais pas aimé le film non plus… Et tu as raison, 36 ans c’est loin d’être vieux! (s’exclame la jeune femme de 42 ans…) 😉
Grominou: Je te seconde totalement! Ca me faisait rager à chaque fois qu’on parlait de la décrépitude d’une femme de 36 ans!!! Ca a franchement nui à mon appréciation du roman.
Je passe !
Cathulu: Ce n’est certainement pas moi qui vais tenter de te convaincre du contraire 😉
à Karine: Mon futur instrument de torture ? lol Un livre d’Anne Hébert (pourtant, j’adore son écriture) dont j’ai de la difficulté à « embarquer dedans » comme on dit ! Et 36 ans, ce n’est pas si vieux que ça (ouais, c dans 4 ans ! :P)
Ilmariel: J’espère que tu réussiras à y embarquer! Et non, 36 ans, ce n’est pas si vieux que ça!
Je l’ai commencé mais j’ai rapidement été incapable de continuer. Je me sentais vaguement coupable parce que c’était le cadeau d’une élève que j’aime beaucoup… Je retenterai peut-être le destin dans deux ou trois ans1
Lucie : En effet, pas facile de lâcher un livre que quelqu’un qu’on aime bien nous a offert… Mais je peux parfaitement comprendre qu’on puisse arrêter celui-ci. J’ai bien failli moi aussi!
Je suis comme toi, j’ai détesté ce livre.
Meli: J’ai eu beaucoup de difficulté à l’avaler en effet… disons qu’il est passé de travers!
Dommage de gaspiller un tel talent d’écriture, parce que madame Jelinek sait écrire, à des thèmes aussi plats, crus et au vice dans toute sa sordidité. J’ai déteste ce roman, comme toi, deliregirl
Sybilline; En effet, c’est dommage. Et j’avoue que j’ai pas nécessairement le goût de lire autre chose de cette auteure après avoir lu « La pianiste »… Je manque peut-être quelque chose…
Bonjour Karine, je n’ai jamais réussi à terminer ce livre, c’est surtout le style qui m’a heurtée. Je n’ai pas non plus trouver d’humour ou alors ce n’est pas mon humour. J’avais vu le film de M. Hanecke qui n’est pas non plus humoristique mais j’y suis allée pour Huppert qui est absolument sensationnelle. C’est un film tragique, interdit au moins de 16 ans en France (c’est dire). Mais c’est très bien. En revanche, on peut se passer de lire le roman qui ne m’a pas donné envie de découvrir plus Jelinek. Bonne journée.
Dasola: Ce fut réellement une lecture pénible pour moi aussi et je n’ai pas non plus le goût de renouveller l’expérience avec cette auteure. Si tu dis que film est bien, peut-être le verrai-je pour me réconcilier un peu!!
Bonjour, j’arrive tard pour donner mon avis, mais je viens tout juste de découvrir votre critique sur « la pianiste ». J’ai vu en premier temps le film. Oui,je me suis sentie aussi mal à l’aise au début du film,les scènes touchent en nous quelque chose de très profond, abscons,intouchable. C’est qu’en prenant du recul que l’on peut sentir la beauté et la richesse du film. Ensuite, j’ai lu le livre. Mon Dieu, il m’a fallu aussi une force incroyable pour rester en dehors et pouvoir apprécier le style, la profondeur, la richesse, les métaphores. C’est magnifiquement bien écrit. Arriver à mettre en évidence les sentiments les plus détestables, les plus grotesques qui se cachent dans les recoins les plus intimes du personnage,Erika, peindre toute sa souffrance intime,très personnelle et très névrotique, il faut être vraiment un bon écrivain. Pour pouvoir lire ce livre, il faut surtout ne pas chercher à s’identifier aux héros, aux personnages. Comprendre qu’ils sont « uniques » et « seuls » dans leur intériorité, dans leur vécu. Je n’ai pas aimé les personnages, mais j’ai aimé le livre, je crois que c’est le seul livre sur lequel je dis ça : j’aime le livre sans aimer les héros. Le livre, l’histoire décortique la souffrance de certains gens plongés dans une névrotique sans retour, auxquels on ne peut pas s’identifier, mais on ne peut pas non plus les ignorer. Ils existent ces gens, parfois même autour de nous. bonne journée, Valentina
Valy Christine: Vous avez parfaitement raison sur le point de la langue et des métaphores… elles sont partout et la langue est très belle. Mais bon, j’ai été tellement « saisie » par l’histoire que vraiment, vraiment, je n’ai pas été capable de l’apprécier. Comme vous le dites, j’ai cherché à m’identifier aux personnages, j’ai tenté de les aimer, sans y parvenir. Pour l’aimer, j’aurais dû l’aborder autrement, c’est certain. Je suis bien contente de lire l’avis de quelqu’un qui a vraiment apprécié, en tout cas!