Il faut qu’on parle de Kevin – Lionel Schriver

Ce roman a rejoint ma pile en 2008. Il était hyper populaire à ce moment et je me suis dit que c’était du tire larme. Genre, James Patterson. Pourquoi me suis-je fait cette idée? Je ne sais absolument pas. Mais ce que je pouvais être loin du compte.

De quoi ça parle

Eva Khatchadourian est la mère de Kevin Khatchadourian. Ce même Kevin qui a assassiné 9 personnes de sang froid à son école. C’est à travers les lettres qu’elle écrit à Franklin, son mari avec qui elle n’a plus aucun contact, le père de Kevin.

Mon avis

Ce roman est dérangeant. Profondément dérangeant. Il est certes question d’un meutre de masse mais il s’agit surtout d’un roman qui parle de maternité, de maternité qui ne va pas de soi. Nous avons donc la voix d’Eva et son point de vue tout au long du roman. Peut-on s’y fier? Pas certaine. Elle n’est pas facile à aimer, en tout cas. Personne n’est facile à aimer. Eva est une femme de carrière, américaine qui méprise un peu les États-Unis, elle voyage beaucoup, écrit des guides de voyages et a beaucoup de succès. Sauf qu’un jour, elle décide de se lancer le défi de la maternité. Comme ça.

Entendons-nous, ce n’est pas nécessairement une bonne raison. Et Eva va le payer. Dès la naissance, Kevin refuse son sein, refuse tout d’elle. Et ça ne va pas s’améliorer. Avec Eva, le petit garçon est apathique, souvent méchant mais avec son père, il devient le petit homme presque parfait. Et cette situation rend la lecture terriblement malaisante. Au départ, Eva m’énervait. Puis, tout le monde m’a énervée (les gnagnagna de Kevin… arghhhhh…) et finalement, je ne pouvais plus supporter Franklin, même si on ne peut lui reprocher de ne pas avoir essayé avec Kevin. Et je ne pouvais pas comprendre l’attitude d’Eva à son égard. Non mais il était HORRIBLE avec elle. La maison! Sa façon de la traiter! Pendant toute la première partie, je me disais « c’est bien fait. Très bien fait. Bien écrit. Mais je ne suis pas certaine que j’ai du fun ». Toutefois, passé le premier tiers du roman… je ne pouvais plus le lâcher. C’était une lecture très inconfortable. Tellement que j’ai dû le reposer à plusieurs reprises. Le moins qu’on puisse dire, c’est que ce roman a eu un réel impact sur moi.

La question qui se pose ici, c’est bien entendu celle de l’inné vs. de l’acquis. Kevin est certes un sociopathe mais pourquoi? Est-il né ainsi? Son attitude est-elle le fruit du rejet initial de sa mère à son égard? La réponse est suggérée, certes, mais jamais clarifiée. Choisira-t-on de croire Eva?

Et oui, j’ai été secouée à la fin. Et non. J’aurais pu, mais non. Je sais, je ne suis pas claire, mais je fais exprès. Disons que les denières 50 pages rendent le tout encore plus poignant. Qui est Kevin? Fait-il semblant? Y a-t-il moyen de le récupérer?

Bref, un roman fort, bien écrit, profondément dérangeant… tentez si vous avez le coeur bien accroché. Disons que ça ne donne pas vraiment envie d’avoir des enfants.

1 Commentaire

  1. J’ai lu ce livre au moment de sa sortie et il m’avait également bouleversée. La construction est ingénieuse et avec un sujet aussi tragique, l’auteure a réussi un roman qui interpelle et ne laisse pas indifférent.
    Ma critique de l’époque : http://dviolante5.canalblog.com/archives/2007/04/06/33435757.html

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