Hôtel Olympia – Elisabeth Vonarburg

Hotel-Olympia.jpgCe roman, c’est LE roman que j’ai acheté au Salon du livre de Québec.  Et parce que j’achète très peu ces temps-ci (faut lire la pile… yep, voeu pieux, je sais), j’ai décidé de le lire dans la foulée, histoire qu’il ne rejoigne pas le top de la dite pile.  Et puis bon, le Vonarburg nouveau, on ne l’oublie pas comme ça, n’est-ce pas!

 

C’est suite à une discussion fort intéressante avec l’auteur au salon (elle a même par sa verve convaincu Jules que je lui prête les Chroniques du pays des mères et le silence de la cité… c’est dire) que je me suis emparée de ce roman.  Selon elle, il est différent.  Parfois drôle, même.  Toujours est-il que j’avais bien hâte de constater par moi-même la dite différence!  Parce que oui, c’est bien différent de ce que j’ai lu d’elle jusqu’ici.  Ne serait-ce que parce que c’est une aventure qui se déroule en soi dans un court laps de temps (comparativement aux récits d’une vie que j’ai lus précédemment) et aussi parce que c’est résolument ancré dans le monde actuel.  Pour moi qui n’ai lu que les chroniques et Reine de mémoire, oui, c’est totalement différent.  Et oui, il y a des touches d’humour.  Mais de l’humour discret, souvent par référence interposée.  C’est que pour les amateurs de références (certaines implicites, certaines explicites), vous serez servis dans ce roman.  

 

Comme l’histoire doit être découverte petit à petit, je vais me contenter de vous raconter la mise en scène.  Danika a 58 ans, mais la cinquantaine rebelle.  Une âme restée jeune, en construction perpétuelle.  Peut-être parce qu’un bout de sa vie est flou; de toute sa jeunesse passée à l’hôtel Olympia, elle garde une  sensation de malaise et un certain soulagement d’en être sortie, à 12 ans, en compagnie de son père.  Parce que sa mère avait décidé que c’était son tour à lui.   Elle vit maintenant à Montréal avec son conjoint, Toomi et est hantée par des rêves récurrents où l’Hôtel de son enfance rêve et se transforme.  Puis, un jour, après qu’un piano ait failli lui tomber sur la tête (premier éclat de rire du roman… c’est moi qui parlait de discrétion, hein), elle trouve Stavros, son père, dans son appartement.  Son père, qu’elle avait renié 40 ans plus tôt et qu’elle n’avait jamais revu.   Olympia, sa mère, a disparu.  Elle est l’héritière.  Elle doit retourner à l’hôtel pour en prendre la direction.  Vous pouvez vous imaginer que Danika est moins que ravie… mais elle choisit quand même d’y aller, avec la ferme intention de refuser la charge et de revenir illico chez elle.  

 

Si ça se passait ainsi, il n’y aurait pas de roman, hein.  Danika ne sait même pas si elle est surprise quand elle réalise que certains de ses rêves étaient fort proches de la réalité.  

 

Fort intéressant et difficile à classer, ce roman.  Peut-on parler de roman d’apprentissage quand l’héroïne a la cinquantaine avancée?  Je crois que oui dans ce cas.  Apprentissage mature.  Danika va devoir confronter ce qu’elle croit savoir d’elle-même et de sa vie à la réalité, qui est définitivement hors du cadre réaliste dans lequel elle s’est rebâtie.   Réalité qui était enfouie dans son subconscient et qui revenait par bribes la nuit tombée.  Transformée par ses impressions d’enfant.  Et nous, lecteurs, nous comprenons lentement, avec elle.  L’auteur déroule son histoire habilement, disséminant des indices, des allusions, nous faisant voyager dans les souvenirs de Danika qui lui reviennent petit à petit alors qu’elle redécouvre ce monde qui avait été le sien mais qu’elle n’avait jamais vraiment compris.   Ce qui nous transporte dans un univers clos et fascinant où se côtoient passé, présent, insconscient collectif et futurs possibles.  

 

Dans ma petite tête de lectrice du dimanche, des questions en continu.  Peut-on réellement aller de l’avant sans connaître le passé?  En tentant de l’oublier?  Qu’est-ce qui fait agir les hommes?  Est-ce si différent d’une époque à l’autre?  Réécrit-on en fait toujours les mêmes histoires, les mêmes mythes, mais avec des couvertures et des habits un peu différents?  

 

Je sais, je ne suis pas claire, mais c’est volontaire.  Je veux vous laisser découvrir cet hôtel, je veux que vous soyez comme moi intrigués.  Je veux que vous vous amusiez des références, des clins d’oeil.  Je veux aussi que vous refermiez le roman en vous disant qu’il n’est jamais trop tard.  Qu’il est possible de choisir, peu importe son âge et que l’avenir appartient aux gens de tous âges.  Bien entendu, c’est de la SF et la découverte de l’univers et de la mythologie est parfois déroutante.  Mais c’est fort bien construit et l’auteur laisse de la place au lecteur dans son interprétation.  Et ça, ça me plaît.  

 

Différent, certes… mais tout aussi réjouissant!

16 Commentaires

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  1. Je le veux 🙂

    1. Yue: What a surprise!

  2. Je n’ai toujours pas lu Vonarburg depuis ma déception avec Chroniques du pays des mères

    1. Sandrine: C’est certain que si tu n’as pas accroché avec celui-là, je ne sais pas te dire par où poursuivre… ça avait été un méga coup de coeur pou rmoi.  Yue et moi prévoyons lire Tyranael bientôt…

  3. Toujours intéressant ces romans différents. Et bonne idée de lire un livre juste après l’avoir acheté … mais comment ont fait quand on en achète plusieurs ?

    1. Gambadou: Maintenant j’ai réglé le tout… je n’en achète PAS plusieurs… je suis devenue over, over, over sage!  Voilà!  Un seul livre depuis le début 2014!

  4. Eh bien, tu donnes rudement envie !

    Mais ce ne serait pas raisonnable, n’est -ce pas, vu que j’ai déjà « La maison au bord de la mer », d’elle (déjà commencé mais ce n’était pas le bon moment, il fallait un minimum de concentration que je n’arrivais pas à fournir) ?

    1. Brize: La maison au bord de la mer…  Ce sont des nouvelles, je crois hein??

  5. Je vais peut-être lire l’autre, mais celui-ci… je n’y suis pas encore (Will I ever be?)

    1. Jules: I don’t know, really!  Mais c’est très particulier comme univers, celui-là!

  6. Bon, bon, bon, tu restes bien mystérieuse sur cet Hôtel Olympia et j’aime ça 🙂

    1. Lhisbei: Yep, et c’est exprès.  Je veux laisser les gens découvrir par eux-mêmes.  Ca fait partie du plaisir!

  7. Oui, ce sont des nouvelles.

    1. Brize: Je n’ai jamais essayé ses nouvelles… il faudrait, un jour!

  8. Lu aussi, et beaucoup aimé évidemment.
    C’est marrant moi j’ai trouvé que c’était du pur Vonarburg, ceci dit comme je n’avais pas lu de texte d’elle depuis quelques années, c’est peut-être plus les ressemblances qui m’ont sauté aux yeux ^^.

    1. Ah oui, peut-être… peut-être aussi en as-tu lu plus que moi, qui me suis limitée au chroniques, à Reine de mémoire, et qui en est au milieu de Tyranael! Peut-être aussi que ma discussion avec l’auteur, qui se trouvait différente des autres romans dans celui-ci, a influencé ma perception! Mais c’est un très bon roman.

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