Présentation de l’éditeur
« M. de Guise ne se mêlait point de la conversation, et sentant réveiller dans son coeur si vivement tout ce que Mme de Montpensier y avait autrefois fait naître, il pensait en lui-même qu’il pourrait demeurer aussi bien pris dans les liens de cette belle princesse que le saumon l’était dans les filets du pêcheur. »
Commentaire
J’ai lu il y a un moment déjà « La princesse de Clèves » de Madame de Lafayette. J’avais, contre toute attente, adoré. Puis, il y a peu, ma mère m’a parlé d’une certaine princesse de Montpensier vue dans un film. Il ne m’en fallait pas plus pour avoir envie de lire la nouvelle, qui m’a sauté dans les mains au détour d’une certaine ombre blanche toulousaine. Limite que je plaide non coupable. Et que je vais rejeter la faute entière sur les prix des livres de poche au Québec.
Ce livre contient en fait trois nouvelles. « Histoire de la princesse de Montpensier », « Histoire de la comtesse de Tende » et « Histoire d’Alphonse et de Bélasire », extrait de « Zaïde », un roman de l’auteur. J’ai beaucoup aimé les deux premières nouvelles mais j’ai eu un peu de mal à vraiment me plonger dans l’extrait, écrit au « je », qui m’a semblé tourner en rond. Bon, ok, c’était voulu. Mais j’ai mis un moment à vraiment entrer dans cette histoire.
Les trois nouvelles parlent d’amour et surtout des dangers de la passion. Rien de très joyeux dans tout cela, les histoires se ressemblent dans le fond et dans leur morale, qui nous laisse croire que céder à l’amour et à la passion ne mène qu’à des fins malheureuses. Mais il y a malgré tout une réelle exaltation dans le coeur des amants dont elle condamne un peu l’attitude. À tel point que même si ça finit mal, on se demande s’il ne vaut pas mieux avoir aimé que pas.
La princesse de Montpensier se déroule au 16e et se termine presque avec le massacre de la St-Barthelemy. Les personnages sont souvent réels, l’histoire sert de toile de fond mais l’intrigue est avant tout inventée. Dans cette nouvelle, il s’agit d’une histoire d’amour contrariée entre la princesse et le duc de Guise, alors qu’elle est mariée au prince de Montpensier. J’ai beaucoup aimé cette héroïne, déchirée entre ses valeurs et son amour. Profondément centrée sur elle-même malgré tout, on sent son extrême jeunesse et sa cruauté involontaire, surtout envers M. de Chabannes (j’ai adoré ce personnage… il m’a énormément touchée) m’a semblé très réaliste malgré tout. Plus loin des intrigues de cour, il m’a semblé que le style de l’auteur était plus simple, moins fleuri que dans La princesse de Clèves (bon, ma lecture date… ça ne veut pas dire que c’est vrai), mais tout aussi délectable. J’ai beaucoup aimé.
Beaucoup plus courte, l’histoire de la comtesse de Tende est un peu une variation sur le même thème. Une femme adultère et ce qui en résulte. Ici, on est plus près de la cour, des intrigues, des petites cachotteries. Mais la plume m’a plu, l’histoire est très galante (chez Madame de Lafayette, les hommes ont une fâcheuse tendance à se jeter aux pieds des dames et sons sujets aux crises de passion suscitant des larmes) et la comtesse assume la conséquence de ses actes. Bon, la morale est éloignée de celle qui prévaut de nos jours (impossible de ne pas tiquer à la finale) mais il faut se remettre en contexte.
Quant à la dernière nouvelle, l’histoire d’Alphonse et de Bélasire, elle est un peu différente. C’est un extrait et il est raconté à la première personne par un homme (soit Alphonse) qui raconte sa folie jalouse à l’égard de Bélasire, la femme qu’il aimait. Si j’aime généralement ce genre de divagations répétitives (par exemple, sous la plume de Zweig), j’ai trouvé le procédé plus répététif associé au style relativement direct de Madame de Lafayette, qui relate les faits et les actions. Du coup, toute la partie où la jalousie s’installe était un peu rébarbatif. Il semble tellement hors de lui, tellement illogique et impossible à raisonner qu’il m’a semblé peu sympathique. J’ai préféré la fin de l’extrait, quand la folie et l’exaltaton se calme un peu.
Donc, encore une lecture bien agréable. J’aime de plus en plus les classiques, je crois. Et je sens que je vais tenter de lire davantage de classiques français. Oui, on peut rêver!
Chez Eliza (1/??)
22 Commentaires
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ça me fait le même effet avec les classiques : je les lis, les trouve souvent excellents, me dis qu’il faut que j’en lise plus … et puis j’oublie !
Leiloona: J’en lis quand même beaucoup, vu que je n’ai presque plus « d’obligations » de lecture! Je peux me le permettre!
Tiens, il n’y a pas la troisième histoire dans mon édition.
Je dois avouer que, pour ma part, je n’ai pas trop aimé. Je trouve les héroines de Madame de Lafayette irritantes par leur égoïsme volontairement aveugle. C’est mal de mélanger un récit et son personnage principal, je sais ^_^. Mais bon, je n’ai jamais été très réceptive à tout ce qui est intrigue de cour de toute manière, même si ces récits en sont plus éloignés.
Cachou: Ah oui, elles sont irritantes et c’est super moralisateur. J’aime le côté « je m’en fais croire et je me crois ». C’est vraiment ancré dans l,époque!
Je préfère largement la Princesse de Montpensier à la princesse de Clèves, à qui j’ai envie de coller des baignes !
L’Irrégulière: Ces héroïnes sont vraiment ancrées dans leur époque, et même si j’ai aimé les deux romans, disons qu’elles ne seraient pas mes copines!
J’avais bien aimé moi aussi, et je pense que tu es prête pour Zola maintenant (héhéhé) !
Lilly: Presque, presque! Un jour, je vais en acheter un et le lire dans la foulée!
je vais l’ajouter sur ma LAL
Niki: Voilà!
C’est amusant, j’ai relu la nouvelle récemment ( la princesse de Montpensier ) car je compte voir le film qui moisit dans ma Pile de DVD à lire… J’ai beaucoup aimé cette nouvelle notamment l’écriture sans fioriture et le mélange d’historique et de romanesque… As-tu vu le DVD ?
Maggie: Le film me tente aussi. Ma mère l’a vu, mais pas moi. Il va falloir que je le lui emprunte. Et oui, aucune fioriture ici!
Merci pour cette première participation Karine 😀 ! Je ne connais que la princesse de Montpensier, et je trouve comme toi cette héroïne assez cruelle avec Chabannes. Jeunesse, sans doute… Mais reste que la langue est magnifique !!
Eliza: C’est super triste pour Chabannes… le personnage m’a beaucoup touchée!
Comme j’avais beaucoup aimé La Princesse de Clèves, je suis très tentée! Surtout qu’il doit y avoir moyen de télécharger ça gratuitement sur la liseuse!
Grominou: Je suis pas mal certaine qu’il y a moyen! Ce sont des nouvelles plus courtes que La princesse de Clèves mais je pense en effet que tu peux aimer!
J’ai craqué aussi pour le comte de Chabannes surtout si tu l’imagines sous les traits de Lambert Wilson !
Syl: Ah oui, ça doit le faire!
Ta mère a aimé ???? Je l’ai dans ma PAL !!!! donc je ne sais pas quand je vais le sortir…
Maggie: Il me semble que oui. Ma mère est super bon public pour les adaptations, ceci dit!
J’aimerai beaucoup lire ce roman!! Je vais l’acheter ce livre cet été dès la fin du mois. J’ai très envie de découvrir cette auteure. Merci pour m’avoir donné envie de le lire. Bises
MissyCornish: J’ai bien aimé, en tout cas! J’aime m’imaginer dans un salon du 17e en train de lire ce genre d’histoires!