HHhH, ça signifie « le cerveau d’Himmler s’appelle Heydrich » (Himmlers Hirn heisst Heydrich). Heydrich, c’est Reinhard Heydrich. Le bourreau de Prague. La bête blonde. Le « protecteur de Bohême-Moravie ». Le planificateur de la Solution Finale. Un homme puissant, cruel, pour qui la fin justifie les moyens. Le 27 mai 1942, il y eut un attentat à Prague. Deux résistants tchèques (bon, un tchèque et un slovaque) ont attenté à sa vie. Jan Kubis et Jozef Gabcik étaient résistants et l’auteur souhaite leur rendre hommage par ce récit (il ne faudrait surtout pas dire « roman ») qui le fascine (je dirais même « qui l’obsède » depuis des années).
Tiens, comme Binet, je vais raconter ma vie. Un peu. La partie de ma vie qui a rapport à ce thème. J’aime Prague. J’y suis allée et j’ai pu voir la fameuse église S-Méthode-et-St-Cyrille, criblée de balles. J’avais donc un peu entendu parler de la fameuse opération Anthropoïd et j’avais lu un peu à ce sujet. Du coup, quand j’ai vu de quoi il s’agissait, je n’ai pas hésité à lire ce roman. Laurent Binet a eu beaucoup, beaucoup plus qu’un intérêt de passage pour cet événement historique. Il l’a fouillé, il a fait des recherches et il a un but : rester fidèle à l’histoire. Surtout, ne pas faire de littérature. Des faits. Seulement des faits. Et avec ces faits, il parvient à tracer un portrait très attachant des résistants en tout genre. Il parvient presque à nous faire espérer pour ces personnages, même quand on sait comment l’histoire finit. Bref, j’ai été extrêmement intéressée par tout l’épisode historique, j’ai été transportée à Prague (et j’ai une envie folle d’y retourner) et on dirait que c’est CERTAIN maintenant que je retournerai en république Tchèque.
D’un autre côté, c’est tellement enrageant. Entendre les réflexions nazies, les plans d’Hitler et de ses sbires, leurs réactions… c’est terrible. Surtout quand on sait que c’est vrai de vrai. Les déclarations d’Hitler, la mauvaise foi, la propagande… j’étais hyper en colère. Disons que ce n’est pas un roman feel good. Pas pantoute.
Côté écriture, Laurent Binet a choisi de nous raconter son processus d’écriture. D’un certain côté, ça m’a fait penser à Un certain M. Piékielny (que j’ai lu avant), même s’il a été écrit après). Mais voilà. Si j’ai aimé le côté création, le personnage que j’ai deviné derrière m’a profondément déplu. Le « je » m’est apparu comme étant un personnage condescendant, souvent méprisant, très égocentré, qui tend à tout ramener à lui. J’ai eu beaucoup de mal avec cette voix au début (j’ai failli lâcher le tout, mais les courts chapitres m’ont gardée intéressée), puis je m’y suis habituée. Mais de temps en temps, j’avoue que mon agacement a ressorti par bouffées. Intenses, les bouffées.
Mais de cette oeuvre, je retiendrai l’hommage.
Toutefois, il paraît que « La septième fonction du langage » est beaucoup plus drôle. Comme la plume me plaît, je tenterai forcement le coup, surtout que les copines ont adoré. Quant à HHhH, Cuné a beaucoup aimé, Galéa est aussi conquise, Alicia a été passionnée et terrorisée et Nathalie est plus mitigée.
19 Commentaires
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C’est le côté processus d’écriture qui m’a retenue pour lire ce livre, dont le thème m’intéresse pourtant. J’ai vu qu’un film sortait cet été ; je me demande ce que ça va donner.
je n’ai lu que La septième fonction du langage et bien aimé (pas de billet, grosse paresse) alors ce hhhh est remonté dans ma LAL…
Auteur
Laurence m’a chaudement vendu la 7e fonction du langage!! du coup, je le lirai certainement.
Ce « HHhH » m’attend dans ma PAL depuis… Pffff !
Bon, j’hésite encore car ce que tu dis du « je » omniprésent risque aussi de m’agacer un peu beaucoup…
Auteur
En fait, j’aime ces « je »… mais là, il m’a gossée!
J’ai la septième fonction du langage toujours dans ma PAL depuis sa sortie……Je lambine.
Auteur
Idem! Je vais finir par me décider hein… le langage, c’Est un peu mon truc.
J’avais bien aimé le principe du « je » qui évoque souvent la difficulté de la reconstruction historique, c’était intéressant. Par contre, la septième fonction du langage, je n’ai pas supporté la posture de l’écrivain envers les personnages « réels » qu’il maltraite à plaisir ! .
Auteur
Oui, cette partie, c’est intéressant. Mais c’est quand il dénigre les autres et qu’il s’érige en maître que ça m’énerve. Et j’avoue que bon, dans ce cas-ci, même s’il massacre Heydrich… il a le droit. Quel homme terrifiant.
Je l’ai trouvé passionnant ce livre, d’autant plus que l’auteur nous explique son procédés de recherche et que l’on comprend bien ou est le roman et ou est le documentaire. Très bien fait et pas de bouffées d’agacement chez moi !
Auteur
Je pense que c’est un peu en lien avec l’audiobook… tu vois, j’en garde un souvenir très très fort malgré l’agacement.
Une lecture dont je garde un bon souvenir. La 7e fonction du langage est totalement différent.
Auteur
Cool alors! Hâte de voir ce que ça donne.
Ce roman me tente beaucoup, non seulement parce que la période me fascine, mais aussi parce que depuis que j’ai lu la Septième fonction du langage (que je recommande !), je me dis qu’il faut absolument que je découvre le reste de l’oeuvre de Binet.
Auteur
Malgré le « je » qui m’a énervée, c’Est un auteur que je relirai certainement. Et comme je suis aussi linguiste, c’est officiel que La 7e fonction du langagage me tente. Et retourner à Prague dans ce livre a été toute une expérience.
J’ai trouvé la septième fonction du langage tout bonnement rejouissant quoique un tantinet cruel ? j’avoue que je n’avais aucune idee de ce dont parlait celui-ci ?
Auteur
Bon, je vais définitivement lire cette 7e fonction. Tout le monde me le conseille.
Je n’ai pas voulu voir le film avant de lire le roman car il y a apparemment dedans une réflexion sur comment raconter l’histoire qui ne peut pas se faire à l’écran. Je vais donc faire les choses dans l’ordre. Normalement, il est dans mes prochaines lectures car je l’ai trouvé en poche, normalement ! 🙂 Merci pour ton avis. Comme d’habitude, je note tes remarques.
Auteur
Yep, il y a une réelle réflexion sur l’écriture, sur la recherche dans les romans historiques. C’est intéressant… mai sje pense que l’auteur et moi, on ne serait pas copains dans la vie. Ou du moins, pas avec son alter ego.