J’ai découvert l’existence de ce roman chez Cléanthe. (Au fait, vous connaissez ce blog? Il me plaît énormément! Je vous invite à aller y faire un tour.) Je me suis donc dit que c’était i-dé-al pour le mois anglais et j’ai drôlement bien fait car j’ai vraiment beaucoup aimé ce roman.
On sent clairement l’influence autobiographique dans ce roman qui nous promène d’un endroit particulier à l’autre. Une narratrice orpheline dont nous ne connaîtront pas le nom et dont le caractère est d’ailleurs assez flou nous raconte sa famille, désargentée mais profondément ancrée dans les traditions. Le personnage de l’arrière grand-mère Webster, où la jeune fille est amenée à passer une convalescence, règne comme un oiseau de mauvais augure, assise bien droite dans son inconfortable chaise de salon. Great Granny Webster n’est qu’apparence, correctitude, courage à toute épreuve. Vous savez, le motto anglais, keep calm and carry on? Ben c’est ça. Dans son cas, on pourrait dire « keep still (on your ass) and carry on ». Notre narratrice passe quelques mois infernaux et quitte ensuite cette maison.
Ce sera par contre le point de départ pour tenter de reconstituer sa famille, son héritage. C’est sa voix à elle, condensé d’humour noir tout en restant très factuel, prosaïque et en faisant ressortir malgré tout le comique dans la tragédie, qui fait tout le sel du roman. Ce personnage, qui donne le ton au récit, demeure malgré tout très flou, comme si nous ne savions pas quelle part de l’héritage familial elle avait vraiment en elle. Entre son père décédé en Birmanie dont elle tente désespérément de se souvenir, sa tante alcoolique, suicidaire et perpétuellement joyeuse et légère (en apparence, bien entendu) et la grand-mère folle et persuadée de parler aux fées, nous découvrons petit à petit cette famille, cette histoire, inspirée de celle de l’auteure, flamboyante femme issue de la petite noblesse Anglo-Irlandaise et ayant vécu une vie mouvementée.
Mais par dessus tout, je me souviendrai des atmosphères. Du manoir en ruines en Irlande du Nord, froid, humide, limite gothique, habité par un grand-père faible et ne voulant que le bonheur de sa femme qu’il a perdue depuis longtemps dans un univers féériqu à l’appartement londonien surchauffé et parfumé au lys de sa tante Lavinia (je n’ose même pas m’imaginer dans quel état je serais avec une telle odeur… ce serait l’urgence direct) en passant par la maison impeccable et sombre ou habite Great Granny Webster avec sa servante borgne et aussi âgée qu’elle, les lieux sont évocateurs et l’écriture de l’auteur nous amène directement dans ces bizarres d’endroits, habités par les personnalités fantasques (ou pas) de ceux qui les habitent. Si nous ne voyons pas tant que ça la fameuse arrière-grand-mère, son influence est présente dans tout le roman. Ultime survivante (ou presque) de sa lignée, elle pèse sur ses proches, quitte à les rendre un peu fous.
Un portrait d’époque (celui du père de la narratrice, raconté par un ami à lui, homme déboussolé dans un monde en pleine effervescence), des personnages abîmés mais une plume vivante, caustique et ironique à souhaits, qui nous amène directement dans cet univers à la fois glauque et glamour. Le tout en 108 pages. Ce n’est pas peu dire. Et quelle fin! Et lucky you, il est traduit et dispo en poche chez Livre de Poche!
Un roman qui se lit rapidement, mais auquel on pense longtemps.
34 Commentaires
Passer au formulaire de commentaire
Bon bon ça va, je suis convaincue, je me propose de lancer les recherches 🙂
Yue: Je pense que ça te plairait. Ce n’est pas conventionnel et c’est mordant!
Livre lu grâce à Lou (l’été dernier), et mes impressions de lecture étaient mitigées. Comme je disait à Cléanthe ce roman n’est pas passé au oubliette de ma mémoire. Donc, il est probable qu’une relecture s’impose peut-être un jour !
Malice: Je pense que je fais partie de celles qui ont le plus aimé! J’ai vraiment aimé le principe de partir de cette Granny pour découvrir toutes les origines…
En poche et traduit : Noté ! il a l’air fou.
Syl: J’ai adoré. C’est super court mais il a réussi à me toucher.
Un roman avec une atmosphère ? Je prends.
Alex: Avec DES atmosphères, je dirais!
Voilà une phrase de conclusion qui me pousse à noter le livre !
Gambadou: En fait, j’ai pensé à la famille, à l’héritage, aux influences du passé, au bien paraître… et à comment ça peut nous définir. le fait qu’on ne sache pas grand chose de la narratrice m’a poussée à me demander vers quoi elle allait aller, dans ses choix de vie…
Je suis comme Alice, un peu mitigée par la lecture de ce livre mais à voir ton avis et celui de Cléanthe (dont j’adore le blog également), je me dis que je suis passée à côté de quelque chose. ça sent la relecture !!
Titine: Gnak gnak gnak! En fait, si on aborde le roman avec dans l’idée une vraie histoire, bien normale, ce n’est pas du tout ça… c’est plutôt une quête des origines, dont on ne sait pas grand chose de l’issue, en raison de ce narrateur qui nous file entre les mains…
Bon, tous ces compliments dans ton billet et dans les commentaires vont finir par me faire rougir!
Je suis tout à fait d’accord avec toi sur les atmosphères. Les maisons – à l’image des personnages – sont de véritables personnages eux-mêmes. Je note ta remarque sur la narratrice, qui reste un peu en retrait. Il y a là un de ces effets de flou qui sont aussi une des choses très attachantes dans ce livre.
Cléanthe: Mais j’aime ton blog :)) Il fallait bien que je le dise, non! D’accord pour l’effet de flou dû à la narratrice. En fait, on se demande qui elle est et comment le personnage titre va l’influencer, elle… si influence il y a…
Merci pour cette chronique. Ce livre a l’air très intéressant. Je le note de suite. Par contre il est édité chez Le livre de Poche! 😉
Fanny: Oups, merci! J’ai corrigé! Je mêle livre de poche et J’ai lu (je trouve que les logos se ressemblent) et Livre de poche et Pocket (c’est le même mot pas la même langue). Du coup, je suis TOUT LE TEMPS dans les patates!
Je l’ai lu en français l’année passée (ou l’année d’avant) et n’en ai pas un souvenir si enthousiaste que toi. Aimé mais pas adoré non plus.
Lewerentz: je pense que je suis l’une des plus enthousiastes. J’aimes ces étranges histoires de famille… surtout quand ça a un petit côté autobio!
« Un roman qui se lit rapidement, mais auquel on pense longtemps. » et en plus avec de l’ambiance : c’est tout à fait ce qu’il me faudrait en ce moment !
Kikine: j’espère que tu vas trouver et aimer, alors. Je suis particulièrement sensible à ce genre d’histoire!
J’aimerais beaucoup lire cette histoire comme je les aime !
Anis: C’est particulier mais j’espère que tu aimeras!
Un roman déjà repéré et que je note définitivement après ton billet;
Manu: Je pense que ça peut te plaire. J’espère, en tout cas!
Roman à atmosphères et paru en poche, je note
Aifelle: Oui, atmosphères, héritages familiaux, personnages hors-normes… c’est tout ça!
ça a été un coup de coeur pour moi, je l’avais lu à sa sortie en France, un régal ! J’aimerais bien lire d’autres textes de Caroline Blackwood.
Lou: Moi aussi. On en trouve d’autres et on se fait une LC quand ça adonnera?
Bonjour Karine, désolée, pas passée ces derniers jours… Oui, j’ai déjà visité le blog de Cléanthe, une réussite ce blog. Euh, ce roman tu l’as lu en anglais ? Il est traduit en français ? Bon weekend !
Coccinelle; Oui, je l’ai lu en anglais mais il est traduit et dispo au livre de poche!
Mais c’est vrai qu’il a l’air très bien ce livre, moi qui adore les manoirs en ruine 🙂
Sandrine: Les atmosphères sont vraiment différentes, c’est fou. Et il ya une notion de famille, de poids de l’histoire qui m’a réellement rejointe.
Il faut vraiment que je le lise celui-là, tu onnes vraiment très envie pour changer.
Lilly: Je pense sincèrement que ça pourrait te plaire.