J’ai lu Frankenstein adolescente. J’en avais un pas pire souvenir mais comme le roman était à l’honneur du Club Démenti, je me suis dit que ce serait une bonne idée de le relire. Surtout que je venais de recevoir cette très belle édition. C’était un signe!
De quoi ça parle
Voici l’histoire bien connue du Dr. Viktor Frankenstein, savant fou qui voulait créer la vie… et qui a réussi. Pris d’horreur devant sa créature, il l’abandonne à son propre sort, en faisant un être terriblement seul. La créature n’aura de cesse que de punir ce créateur, qui en a fait ce qu’il est.
Mon avis
Tout le monde sait que j’aime les classiques. J’aime leur prose parfois alambiquée, j’aime les « tropes » de l’époque (dont la plus fréquente est la coïncidence) et j’aime me replonger dans les croyances passées. Lire avec les références des différentes époques nous oblige toujours à nous mettre dans une position inconfortable ainsi qu’à réaliser à quel point, malgré le chemin qui nous reste à faire, les croyances ont évolué. Bref, ce roman a été publié en 1818 alors que Mary Shelley avait 18 ans, pendant la régence. Toutefois, la légende raconte que cette histoire avait d’abord été imaginée en 1815, lors d’une soirée où Shelley, son futur époux Percy et Lord Byron, avaient choisi de se raconter des histoires terrifiantes. Il y en a eu deux versions et je n’ai pour ma part lu que la dernière… mais je suis fort, fort curieuse de lire la première maintenant. Oui, on a bien compris, Mary Shelley avait 17 ans.
Ce récit est une histoire en poupées russes. Un explorateur qui souhaite trouver la route maritime du nord aperçoit un homme au bord de la mort, qui pourchasse une étrange créature. Il se prend d’amitié pour Frankenstein (parce que c’est lui), qui va lui raconter son histoire. Et dans son histoire, il y en aura une autre, celle de la créature. J’aime beaucoup cette structure, qui nous fait changer de point de vue plusieurs fois au cours de l’histoire. Bref, dans cette histoire, nous serons amenés à réfléchir sur le bien et le mal, sur leur possible coexistence dans chaque circonstances ainsi que sur les conséquences de nos actes et la responsabilité que ça implique. Parce qu’entendons-nous, Viktor Frankenstein est tout sauf sympathique.
Jamais dans l’histoire sa remise en question ne sera vraiment complète, même s’il finit par s’interroger. Il est davantage préoccupé par les conséquences pour lui-même que pour la créature qu’il a créé. Et le tout demeure très actuel car il fait réfléchir sur la responsabilité. Qui est le vrai coupable des meurtres? Le créateur ou la créature? Un être peut-il être brisé par la société? La différence et ce qui est considéré comme la laideur fait-il toujours aussi peur? Bref, énormément de questions universelles, auxquelles s’ajoute la nature du bien et du mal ainsi que l’aveuglement volontaire face à certaines situations.
Certes, il y a des coïncidences que je ne laisserais pas passer dans une oeuvre plus moderne. Des réponses qu’un homme aussi brillant aurait dû trouver. Mais il y a un vrai souffle dans cette histoire, qui doit être vue avec la lunette de l’époque et la vision biaisée du monde que pouvait avoir un jeune homme en moyens, dans un monde où la langueur était « à la mode ».
Bref, une relecture très intéressante pour moi, un très bon moment de lecture et je vous renvoie à notre discussion sur Youtube, sur la chaîne de Sylvain – où je pense que je dis que c’est victorien… SHAME ON ME!!
4 Commentaires
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Tu me donnes envie de le relire, alors que je l’ai déjà lu deux fois et que je l’ai trouvé bien ennuyeux les deux fois, hihi. C’est toutefois un classique que je suis ravie d’avoir lu pour connaître l’origine d’un mythe qui a bien changé quand il est entré dans l’imaginaire collectif.
Auteur
hahahaha si tu n’as pas aimé les deux premières fois, je ne pense pas que cette troisième fois soit mieux! Mais j’aime aussi connaître l’origine des mythes.
Je compte bien le relire un jour celui-ci 🙂
Auteur
J’ai beaucoup apprécié ma relecture adulte. J’y ai vu autre chose que ce que j’avais observé lors de ma première lecture. Et je l’ai exploitée à fond.