Premier aveu… je n’ai AUCUNE idée de la raison pour laquelle ce livre était dans ma pile. Vu chez Lilie? Bref, je ne sais plus du tout. Mais bon, ce matin, je bougonnais (mon sooo cute chapeau orangé avait disparu dans la brume… ou plutôt dans un garde-robe… reste juste à savoir lequel) et le noir de la couverture m’a irrésistiblement attirée. Inutile de préciser que je n’avais aucune idée de quoi ça parlait. Pas que ça m’aurait arrêtée (« Nous sommes éternels » de Fleutiaux traite – certes très différemment – du même sujet et c’est un roman que j’aime d’amour) mais j’aurais peut-être été… juste un peu moins prise au dépourvu.
Le roman s’ouvre donc sur les perspective alternées de Lochan, 17 ans, et Maya, 16 ans. Rien ne va plus chez eux depuis que leur père est parti. Leur mère est alcoolique, démissionnaire et irresponsable. Depuis qu’elle a un nouveau copain, elle se prend pour une adolescente et, de toute façon, a depuis longtemps délégué les tâches de la maison à ses deux aînés, qui forment un duo de choc et luttent pour tenir ensemble leur petite famille, composée également de Kit, 13 ans, en pleine crise d’adolescence, Tiffin, 8 ans, très actif, et Wila, 5 ans et adorable. Lochan est à la limite du mutisme sélectif à l’école tandis que Maya a des copines mais compte sur son frère pour tout ce qui est important. La meilleure copine de Maya a un gros crush sur Lochan alors que le play boy de l’école à un oeil sur Maya. Sauf qu’ils ont des responsabilités d’adultes et personne vers qui se tourner, de peur que les services sociaux leur enlèvent leurs frères et soeur.
Je pensais donc que j’allais vers ce genre d’histoire. J’avais déjà envie de secouer la mère qui est un personnage dé-tes-ta-ble. Les mères maltraitantes, j’ai du mal. Vraiment du mal. Sauf qu’il y a une histoire d’amour pour le moins atypique dans tout ça. Et sur le coup, on se dit « Oh boy! »… ooookay. Si vous ne voulez rien savoir, arrêtez ici… mais bon je m’explique un peu, quand même.
Cette histoire, c’est l’histoire d’une famille qui s’effondre, certes, mais c’est aussi l’histoire de Maya et Lochan, qui réalisent qu’ils s’aiment davantage qu’un frère et une soeur devraient. Bon, ok, peut-être pas davantage. Différemment. « Forbidden », c’est une histoire d’inceste consensuel. Les deux ont d’autres possibilités. Ils sont puckés (et pas rien qu’un peu) mais d’autres jeunes s’intéressent à eux. Mais c’est après une date que Maya réalise que celui qu’elle veut, c’est Lochan. Et vice versa. Et pendant une bonne partie du roman, nous les suivons à travers ça. L’acceptation, leur propre incompréhension, leur effroi initial, leurs questionnements et leurs craintes. Pas de faux semblants ici. Les choses sont nommées, décrites (sans pour autant être dignes d’un roman érotique, rassurez-vous) et, même si on ne comprend pas, on ressent beaucoup de compassion pour ces deux jeunes qui se raccrochent à ce qu’ils peuvent et qui ont dû grandir trop vite. On les voit aller tout droit dans le mur mais on espère quand même pour eux et le roman est fort touchant et émouvant, surtout dans la deuxième partie. Les sentiments ressentis par les personnages à la fin (bon… juste les enfants… la mère… humpf…) nous laissent le coeur serré.
J’ai un seul reproche à faire au roman et ça concerne le timing de l’événement qui mène à la finale. Je ne peux rien dire ici, pour ne rien spoiler, mais si ce truc arrivait un autre moment… plus tard… je trouverais ça moins moralisateur, même si ce n’était clairement pas le but de l’auteur, qui voulait vraisemblablement faire réfléchir. Et elle réussit. Mais je dois avouer que si le sujet ne me dérange pas du tout, du tout, dans les romans, ce doit être la seule chose que je ne peux juste pas concevoir dans la vraie vie. J’aime mes frères à la folie… mais ewwwwww!!! Not open minded enough, I guess.
Un roman différent, émouvant, déchirant par moments. L’épilogue est juste … bon… je me tais, sinon je vais spoiler! Qui l’a lu, déjà?
10 Commentaires
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Je l’ai lu et, euh… ben… ouais, voilà quoi. Je suis globalement de ton avis.
Je n’ai pas de frères, mais je peux imaginer que ça me paraitrait hyper bizarre ce genre d’histoire dans la vraie vie. Mais dans le livre, j’avais juste envie de dire « fichez-leur la paix, tout le monde, leur vie est déjà assez merdique comme ça, ils n’ont que ça qui les rend heureux, qu’est-ce que ça peut faire ? » Mais je crois qu’il faut être bien perturbé quand même pourqu’un truc comme ça arrive.
Nataka: Voilà. J’ai eu juste la même réaction. J’avais juste le goût de leur dire de leur foutre la paix… c’est fou hein… pourtant, yep, c’est difficile à comprendre.
Un sujet qui semble très épineux et difficile… Mais pourquoi pas, la littérature est l’occasion de tout explorer !
Lili: Je suis entièrement d’accord. C’est pourquoi je ne me bloque sur rien en littérature!
Sujet compliqué en effet. Et très casse-gueule, mais l’auteur a l’air de s’en être parfaitement sortie. Je ne suis pas spécialement tenté pour autant 😉
PS : tu as fait une petite faute dans le nom de l’auteur (dans le titre de ton billet). C’est Suzuma et pas Suzuka 😉
Jerome: Oui, elle s’en est super bien sortie, je trouve. Même si j’ai été surprise. Et je change le titre… j’ai fait cette faute 12 fois, à chaque fois que je cherchais ou écrivais ce nom. Je ne suis même pas surprise!
Wohhhh, ton billet me donne très envie de le lire, là, maintenant !
Bladelor: Sérieux, je pense que ça pourrait te plaire. Je serais bien curieuse de voir ce que tu en penserais, en tout cas!
Bougonneuse ! Toi !
Le Papou
Le Papou: Heu… oui. Des fois. Bon, pas souvent, mais des fois!