Le comment du pourquoi
Je pense que c’est la photo qui m’a attirée au départ. Je ne suis pas au départ hyper attirée par les « memoirs » mais je suis nez seulement quelques années de moins que Alysia Abbott et cette période me touche particulièrement. Ado, j’avais une peur bleue du sida, surtout pour mes amis gay. J’étais outrée de voir que toute une communauté mourait et que personne ne semblait vouloir lever le petit doigt et en même temps, je freakais. Mais vraiment. Bref, encore aujourd’hui, je ressens le besoin de lire à propos de ces gens, pour qu’on n’oublie pas.
De quoi ça parle
Alysia Abbott a été élevée à San Francisco dans les années 70, par son père, un poète gay, après la mort accidentelle de sa mère. Vingt ans plus tard, elle écrit son histoire, leur histoire à tous les deux, de son enfance dans ce monde à part qu’ils ont construit à la mort de celui-ci du sida. Et c’est bien.
Mon avis
Si vous êtes rendus là dans mon billet, vous savez que ça m’a plu. L’autrice nous parle surtout de son père, certes, qu’elle a redécouvert par le biais de ses journaux après sa mort, mais avec qui elle a toujours eu une relation particulière, autant pendant son enfance qu’après son départ, par le biais de lettres à coeur ouvert, parfois assez différentes de ce à quoi on s’attendrait entre un père et une fille. (Cette phrase est interminable. Sorry.) Leur relation entière est atypique, en fait. Alysia vit dans un univers adulte, un univers de poètes, un univers queer, où les règles sont mouvantes, quant elle existent. Ils sont bohêmes, souvent fauchés Alysia est trimballée d’une lecture à l’autre, ou alors est gardée par l’un et l’autre quand son père participe à des manifestations. Elle fait partie de cette communauté gay de San Francisco, elle va la voir s’épanouir, briller et s’éteindre… et le tout est très émouvant.
Alysia Abbott ose se mettre en danger avec ce témoignage. Elle ne se dépeint pas comme une fille parfaite et ne dépeint pas non plus son père comme un père parfait. Il a une petite fille, il ne sait pas trop comment faire, est souvent égoïste, plus souvent encore immature, pris dans son travail et parfois peu réceptif aux besoins de sa fille, qu’elle soit enfant ou adulte. Leur relation est étrange mais ô combien poignante, surtout que nous savons très bien, dès le début, comment ça va se terminer.
Mais surtout, elle peint un portrait vibrant de cette génération d’hommes qui ont été sacrifiés dans le silence odieux. On a dit qu’ils l’avaient bien cherché, qu’ils étaient punis et qu’Il fallait surtout qu’ils évitent de contanimer les « innocents ». On a tardé pour la recherche, pour publiciser, pour donner accès au traitement. Sous la plume d’Alysia Abbott, ce monde reprend vie, cet univers d’écrivains et de militants, le tout vu à travers les yeux d’une enfant qui doit, malgré tout, vivre avec les secrets et les préjugés et qui s’est longtemps sentie inadéquate sans comprendre pourquoi.
Un témoignage à lire, et je le revisiterai probablement, mais en anglais. La traduction est certainement parfaite pour un européen mais pour une québécoise, c’était parfois étrange de devoir chercher les références… alors que ce sont en fait les miennes!
Du bon!
6 Commentaires
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Mais pourquoi est-ce que je laisse traîner ce livre dans ma PAL !!!
Auteur
Oui, en effet, pourquoi! Je suis curieuse de savoir ce que tu en penserais!
C’est vraiment excellent ce livre ! Une belle découverte pour moi aussi cette année.
Mais tu me fais rire car j’ai découvert une coquille très drôle dans ton billet.
Je suis nez au lieu de je suis née !
Auteur
Oh, elle est trop cute, la coquille! Je la laisse!!
Il me tentait à sa sortie, mais j’attendais un avis. Merci pour le tien, je vais maintenant lire ce roman.
Auteur
C’est une biographie, mais qui se lit comme un roman! J’ai vraiment aimé.