La déesse des petites victoires – Yannick Grannec

deessecoup-de-coeur2Quelle belle surprise que ce roman.  J’en avais entendu parler en bien par Hajar il y a quelques mois déjà et j’ai choisi de lire celui-ci après qu’Abeline m’ait dit qu’un nouveau roman de l’auteur sortait bientôt (oui, ce billet date… je sais).  Je n’avais aucune idée du sujet.  J’ai ouvert le livre comme ça, au hasard.  Et je suis visiblement bien tombée car tant le fond que la forme m’ont énormément plu.

 

L’histoire s’ouvre sur Anna Roth, une jeune documentaliste que je qualifierais d’errante, qui est envoyée dans une résidence pour personnes âgées afin de convaincre une vieille dame Adèle Gödel, de céder à Princeton les archives de son mari, le célèbre mathématicien Kurt Gödel.   En effet, la dame n’est pas toujours facile à vivre, elle prend tout le monde à rebrousse-poil et comme elle a la réputation d’être un peu cinglée, tout le monde a peur qu’elle foute les papiers à la poubelle.  Anna va arriver là par hasard, en se posant – malgré elle – la même question que tout le monde se pose : mais pourquoi un tel grand homme a-t-il passé sa vie avec cette femme, ancienne danseuse de cabaret viennois, affublée une énorme tache de naissance sur le visage.

 

Mais – tel que le mentionne Adèle – personne ne se demande pourquoi Adèle est restée toute sa vie avec Gödel.   Et elle va  donc faire un deal avec Anna, et nous raconter sa vision des choses, cette vie fascinante qu’elle a vécue aux côtés d’un homme génial mais inadapté, à côtoyer Einstein, Oppenheimer, Pauli et Morgenstein.    Bien entendu, une amitié va aussi se tisser… et vous verrez!

 

C’est une fresque incroyable sur fond des grands événements du 20e siècle en Europe (Vienne, à cette époque, ce n’était pas évident, avec la montée du nazisme)  mais aussi aux États-Unis lors de l’âge d’or de Princeton… et de sa suite, teintée de McCarthysme.    Ce sont aussi des personnages terriblement humains, terriblement imparfaits et aussi très fragiles, malgré les apparences.

 

Femme sortie de nulle part, qui semble ne rien avoir en commun avec le monde dans lequel elle vit, elle va raconter sa version, que personne n’a jamais voulu écouter auparavant parce qu’elle n’était que « la femme de ».    Elle qui survivait à travers les « petites victoires » par lesquelles elle gardait son mari vivant, n’a plus de mission, plus personne à sauver, et se laisse mourir.   Ce roman nous montre l’envers de la médaille et nous fait découvrir une femme forte, bourrée de défauts, qui évolue dans un monde à des années lumière de ce à quoi elle s’attendait au départ.

 

L’écriture est fluide, tout se tient et on s’attache malgré nous à ces personnages très différents, bien ancrés dans l’histoire.  Croiser tous ces grands génies à travers les pages du roman, vus par les yeux d’une femme qui les voit comme des hommes avant tout, est rafraîchissant et remarquable.

 

Bref, j’ai adoré!

Encore!

8 Commentaires

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  1. Je n’ai pas fait partie des enthousiastes sur ce coup-là ! http://legoutdeslivres.canalblog.com/archives/2012/10/10/25295563.html

    1. Tu n’es pas seule. Yueyin non plus. Je ne sais pas pourquoi ça m’a touchée tant que ça. Mais ça a vraiment fonctionné avec moi.

  2. Je le garde à l’esprit au cas où je le croiserais en bibliothèque ! 😉

    1. Bonne idée! Hâte de voir ce que tu en penseras!

  3. Son second roman m’attend !

    1. Lucky girl!

  4. Moui je suis moins enthousiaste que toi sur ce coup là… j’ai bien aimé mais sans plus dans le même genre j’ai de loin préféré Le Principe de Jérôme Ferrari et l’écriture m’a moins enthousiasmé que toi, cette rage de nous replacer tous les aphorismes d’Einstein !!!! j’en aurais jeté la le bouquin par la fenêtre mais bon c’était ma liseuse 🙂 (par contre j’ai beaucoup aimé la vieille dame 🙂 )

    1. Comme je ne connaissais pas tous les aphorismes… je n’ai pas réagi. Et en effet, on a eu un total avis opposé, c’est rare!

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