Dernière lecture pour le Prix des libraires du Québec, probablement l’une de celles que je n’aurais jamais tentée de moi-même. On dirait que Gallmeister me fait peur. Je m’imagine toujours du nature writing (et je ne suis pas très nature writing, comme vous le savez) et ici, ce n’est pas du tout le cas. J’aurais manqué quelque chose, je pense, parce que j’ai beaucoup aimé.
De quoi ça parle
Dans une cité de Brooklyn, entre buildings et les docks, le vieux Sportscoat, un diacre alcoolique qui parle quotidiennement à sa femme décédée depuis quelques années, tire sur Deems, le plus gros dealer du coin, en plein jour. Il y a de nombreux témoins sauf que lui, qui était rond comme une balle, ne s’en souvient plus du tout. Nous sommes dans les années 60 et le quartier est petit à petit envahi par la drogue qui a des effets assez dévastateurs.
Cet événement va déclencher une enquête, certes, et ce sera l’occasion pour l’auteur de dresser le portrait de toute une galerie de personnages dans une communauté tissée serrée malgré tout.
Mon avis
Avouons-le d’emblée, j’ai mis un bon moment avant de réussir à rentrer dans ce roman. En effet, l’auteur prend le temps de nous dresser le portrait de cette communauté, principalement noire (mais les italiens ne sont pas loin) qui vit avec les moyens du bord, et qui est tissée plus serrée qu’il ne le semble au premier abord. Il y a pas mal de personnages, pas mal de tenants et aboutissants et pendant une bonne partie de la mise en place, je me demandais vraiment où ça s’en allait, surtout que l’événement déclencheur, le fait que Sportscoat tire sur le jeune dealer, anciennement un joueur de baseball prometteur, avait déjà eu lieu depuis un moment.
Cette phrase est interminablement interminable. Je sais.
Puis, petit à petit, je me suis attachée à tous ces personnages fantasques et à cette communauté haute en couleurs. Mine de rien, il y a énormément d’humour dans tout ça, même si le contexte n’est pas facile. En effet, c’est l’époque où arrive la drogue et les dealers dans les quartiers pauvres de Brooklyn et plusieurs membres de la communauté voient ça d’un fort mauvais oeil. Comme s’ils avaient besoin de ça, et ce n’est pas comme s’ils pouvaient y faire quelque chose. Sportscoat a frôlé la mort plusieurs fois, tout lui est arrivé, et là, entendons-nous, le jeune dealer et ses fournisseurs ne sont pas ravis.
Ajoutons à tout ça une mystérieuse livraison de fromage hebdomadaire, un mystérieux paquet disparu il y a longtemps et tous ces personnages démontreront dans tout ça une grande solidarité et beaucoup de tolérance. Il y a également un représentation poignante de la solitude et d’une communauté qui sent que leur monde lui échappe. Il y a certes une bonne composante de foi et de religion, qui faisaient partie intégrante des communautés de l’époque (habituellement, c’est ça ne passe pour moi que quand c’est dans un cadre historique, bizarrement, mais ici, ça a vraiment bien passé, même que ça ajoute au récit). C’est très bien écrit, pas lourd du tout, après un départ où il faut s’accrocher un peu.
Bref, une très agréable surprise et une très belle découverte. Je relirai l’auteur.
2 Commentaires
Je n’ai lu qu’un titre de cet auteur, l’oiseau du bon dieu, qui n’est pas nature writing non plus. Et ton premier paragraphe, j’aurais pu l’écrire presque mots pour mots. Mais pas les deux suivants … J’étais restée dubitative jusqu’à la fin du roman.
Auteur
JE n’ai pas lu l’oiseau du bon dieu donc je ne peux comparer. Il me reste des points d’interrogation à la fin mais somme toute, j’ai été agréablement surpise. C’est un univers que je connais très peu, en fait.