J’ai déjà lu Laurent Binet. Entre autres, j’ai trouvé « La septième fonction du langage » complètement jouissif (j’ai d’ailleurs oublié d’en parler… je sais, c’est mal) et j’ai également aimé HhHH. Du coup, quand mon amie Yueyin m’a mentionné que celui-ci était tout aussi bien, j’ai lu. Of course.
De quoi ça parle
Imaginez que les Vikings ne soient pas tous repartis de leurs explorations du nouveau monde.
Imaginez que Christophe Colomb arrive face à des Incas qui ont déjà fait face à certaines maladies et qui connaissent les armes en fer. On s’en va tout droit vers l’uchronie et le visage de la Renaissance va recevoir un extreme makeover.
Mon avis
Quel étrange roman que celui-ci! Séparé en quatre parties, Laurent Binet réussit à nous transporter dans quatre univers différents, avec des tons très différents. Le tout est très bien documenté et sérieusement un peu déjanté. Il fallait oser… et avoir de l’imagination.
La première partie, courte, peut sembler aride mais le style est calqué sur les sagas nordiques et on jurerait lire l’une de ces sagas. La deuxième est un pastiche des journaux de Christophe Colomb (et pour en avoir lu beaucoup d’extraits… on croirait en lire des passages textuels, avec les bondieuseries d’usage. La plus longue est la troisième, qui rappelle les récits de la renaissance, est celle qui m’a le plus intéressée et j’ai adoré voir le regard externe sur cette Europe qui semble ma foi incompréhensible avec son dieu cloué et ses chasses aux hérétiques. C’est qu’un certain Atahualpa va débarquer à Lisbonne avec sa princesse cubaine et que de dire qu’il va un peu bouleverser les choses est un euphémisme. Finalement, la quatrième partie est un pastiche des aventures de Don Quichotte… et j’avoue que celle-ci, je me suis questionnée à savoir à quoi elle servait. Bref, j’aurais terminé l’histoire à la fin de la troisième.
La réflexion est intéressante car avec quelques anticorps en plus et quelques armes, l’histoire aurait pu être fort différente. J’ai beaucoup aimé croire qu’il s’en est fallu de peu. J’imagine que l’auteur s’est vraiment demandé ce qu’aurait pu faire Atahualpa à son arrivée : avec qui s’allier, de quelles faiblesses profiter. On revisite donc les guerres de religion, l’arrivée des feuilles qui parlent, la montée de Luther et on rencontre des royaumes à bout de souffle qui n’en demandaient pas tant.
Une histoire réjouissante, une vision de la renaissance… étonnante mais il m’a manqué d’attachement aux personnages pour réellement m’y impliquer. J’ai bien aimé la fameuse princesse mais c’est surtout le clash des cultures qui m’a plu. La dernière partie est selon moi totalement dispensable à mon humble avis.
Un auteur que je vais clairement continuer à suivre… et mon préféré reste La 7e fonction du langage!
8 Commentaires
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je me demande quelle est cette septième fonction du langage et aussi les cinq autres .. j’en connais une seule la communication
Auteur
Oh boy… yen a pluuuuusieurs! Et dépendant des théories, leur nombre varie. Mais de mémoire, Jakobson en nommait 6 : référentielle, expressive, poétique, conative, phatique (ou métalinguistique). Tandis que si on va dans les modèles plus pragmatiques, ça varie un peu!
J’avais adoré La 7e fonction du langage, mais le sujet de celui-ci ne me tente pas.
Auteur
Le sujet, c’est quelque chose… mais je crois que pour moi, l’exercice de style sera ce qui restera marqué.
c’était marrant quand même hein 😀 et je suis d’accord pour les personnages absolument !!!
Auteur
Oui, très particulier. L’exercice de style est génial.
J’ai beaucoup aimé Hhhh mais j’avoue que ses autres titres me font un peu peur par leurs thèmes.
Auteur
La septième fonction du langage était génial, un peu moins accessible… mais pas tant! Ceci dit, celui-ci se lit super bien. Mais Hhhh était glaçant.