Catch-22 – Joseph Heller

Catch-22 était le roman préféré de mes amis fils-de-militaires quand j’étais ado. Ils étaient un peu anarchistes sur les bords et ne juraient que par ce roman, eux qui ne lisaient pas. Et, of course, comme moi, je lisais, ils TENAIENT à ce que je le lise. Ce que je n’ai pas fait, of course. Esprit de contradiction, moi? Trente ans plus tard, je me suis décidée… et je l’ai traîné UN AN ET DEUX MOIS avant de le finir. Des fois, je me désespère moi-même!

De quoi ça parle

Catch-22 raconte le quotidien d’un bataillon américain pendant la toute fin de la deuxième guerre mondiale. Ils sont stationnés sur une île italienne et sont à la merci de leurs supérieurs… et il n’y en a pas un pour rattraper l’autre. Yossarian, le personnage principal, est prêt à tout pour sauver sa peau. Mais il y a la Catch-22 : un homme est considéré comme étant fou s’il veut continuer à voler dans de dangereuses missions de combat, mais s’il fait la requête formelle nécessaire pour en être dispensé, le seul acte de faire cette requête prouve qu’il ne veut pas voler et qu’il a donc toute sa tête. Donc, il ne peut pas être relevé de ses fonctions.

Logique non?

Mon avis

Ce roman est considéré comme l’un des incontournables du 20e siècle. Publié au début des années 60, avec l’ombre de la guerre du Viet Nam, il a fait fureur dans tous les cercles antimilitaristes. En effet, tout cet ouvrage a pour but de dénoncer l’absurdité de la guerre et de l’armée. Et pour être ridicule, ce l’est. Et le pire, c’est que souvent, en lisant, on se dit que certains événements du roman ont peut-être un fond de vérité. Peut-être.

Pendant les trois quarts du roman, il n’y a pas d’histoire à proprement dit. On passe d’un personnage à l’autre… et ils sont nombreux. J’ai donc mis BEAUCOUP de pages pour bien comprendre qui était qui et quels liens ils avaient les uns par rapport aux autres. Nous avons donc droit à plusieurs scènes, dans un ordre variable, et on se demande sérieusement dans quoi on s’est embarqué. C’est absurde. Vraiment. Il n’y a souvent pas de lien entre la réponse et la question posée, les réactions des gens sont kafkaïennes et le temps que l’on réalise que le récit n’est pas raconté dans l’ordre, on trouve que ces gens ont un talent très particulier pour ressuciter. Disons que malgré le côté « roman humoristique », ce n’est pas une histoire qui peut se lire rapidement et il faut avoir toute notre concentration.

J’ai ri à voix haute à certains moments et plus ça allait, plus j’appréciais ma lecture. Suis-je contente de l’avoir terminé? Certes. Est-ce que je comprends sa popularité? Yep. Ai-je vraiment pris du plaisir pendant ma lecture? Let me think about it a bit more.

Je ne sais trop, en fait. J’avais du mal à lire le roman longtemps et même si j’appréciais ma lecture, je n’avais pas non plus une envie folle d’y retourner pour savoir ce qui allait se passer. La narration est hyper intelligente et on sent qu’il y a une vraie réflexion derrière tout ça. Toutefois, ce n’est pas toujours… agréable? C’est long par moments (beaucoup de moments, en fait) et il faut ne s’attendre à rien et accepter n’importe quoi. C’est que dans toute cette galerie de personnages… il n’y en a pas un pour rattraper l’autre!

Entre Yossarian qui semble croire que la guerre est un plan machiavélique destinée à le tuer LUI, celui qui trouve le moyen de s’écraser à chaque vol, celui qui hurle toute la nuit dans son sommeil dès qu’il a fini ses missions réglementaires et le chef qui veut dorer son propre prestige en augmentant sans cesse des missions obligatoires à ses hommes, il faut chercher longtemps pour trouver quelqu’un le moindrement sain d’esprit. Il y a des magouilles, des jeux de pouvoir, des injustices incroyables (et absurdes) et toute action est maquillée pour faire briller l’un ou l’autre des dirigeants. C’est tellement courageux, n’est-ce pas, d’envoyer d’autres personnes à la boucherie pour se faire dire qu’on est un bon commandant?

En fait, on a affaire à une armée complète en choc post traumatique à une époque où ce n’était pas reconnu, et on se demande pourquoi rien ne va dans ces missions qui n’ont jamais de fin.

Un point de plus pour ma culture générale donc.

Mais un plaisir de lecture mitigé.

1 Commentaire

  1. on se demande pourquoi rien ne va dans ces missions qui n’ont jamais de fin. : en voilà une bonne question.

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