J’avais acheté cette bio de Casanova quand je participais encore au projet non-fiction de Flo. C’était avant ma panne de lecture et de blog (qui a duré quoi… 4 mois) qui a fait que j’ai manqué deux sessions… trop pour pouvoir continuer. Et si je l’ai ressortie en ce beau (oui, vous pouvez rire) mois de juillet, c’est que c’est le roman choisi par Fille de lecture pour le challenge Pige m’en trois (si j’ai bien compris, c’est un peu comme le challenge Livra 2 de Livraddict… mais j’en ai manqué des bouts alors je ne saurais dire si c’est exactement pareil ou presque pareil… mais passons!). Toujours est-il que le petit groupe de blogueuses québécoise du groupe « Québec Livresque » a repris le principe… et que j’y ai participé.
Casanova, donc.
Avouons-le d’emblée, je n’ai pas lu (et je ne lirai pas) ses mémoires (c’est qu’il y a autant de pages dans ces fameuses mémoires que de rues à Barcelone… ceux qui étaient présents comprendront l’allusion!). Pourtant, les extraits présentés sont écrits dans une plume piquante et vive. Il semble réellement un grand conteur, sympathique, qui rit de lui-même. Je me suis surtout intéressée au personnage suite à la fan-ta-bu-leu-se prestation de David Tennant en Casanova (oui, je suis over-objective quand il s’agit de David-Chou) dont je vous ai parlé ici. La légende de Casanova fascine mais découvrir le personnage derrière est tout aussi intéressant.
Car il est difficile de séparer Casanova de son époque, le 18e, dans une Europe qui commence à s’ouvrir, qui bouge, où les gens peuvent se déplacer et où la grande vie est possible par l’intermédiare de contacts divers et de lettres d’introduction. Une Europe où il était normal de trousser les soubrettes et où une fille de 12 ans était prête à être mariée (ne généralisons pas, mais bon…). Selon les légendes, le grand libertin a cavalé dans toute l’Europe en s’envoyant joyeusement en l’air et en trompant joliment tout son petit monde. Mais quand on prend le temps de lire son histoire, on réalise qu’en fait, ça ne devait pas être reposant, d’être lui. C’est qu’entre petites combines et grandes arnaques, ses voyages ne sont pas dictés par le tourisme (la plupart du temps), mais plutôt par la nécessité. Toujours découvert, toujours déchu, il est banni, il fuit, et s’en va là où il peut, où les références le mènent. Malgré la fascination qu’il a suscitée, quand on lit son histoire jusqu’au bout, difficile de le voir comme un des gagnants.
Maxime Rovère se base à la fois sur « L’histoire de ma vie » de Casanova ainsi que sur des documents d’époque. À plusieurs occasions, il fait part des différents questionnements et interprétations de l’histoire de Casanova, met en doute le cours des choses, l’intention de l’auteur, qui veut selon lui revivre avec plaisir cette vie qui fut la sienne mais aussi parfois critiquer le monde tel qu’il le voit. Ceci l’emmènera à s’inventer une fille, à jouer avec l’échelle du temps, à améliorer les événements. L’auteur expose les plus plausibles hypothèses et retrace les déplacements de Casanova à travers l’Europe, d’un protecteur à l’autre, d’une loge maçonnique à l’autre.
Et si, au départ, je me suis dit « oh my, je vais lire la bio de Zweig pour me faire une autre idée », j’avoue qu’aux deux-tiers du truc, je me suis dit… que j’attendrais un peu. En effet, c’est qu’à la longue, ça devient… répétitif. Alors même si ça se lit tout seul, même si l’auteur réussit assez bien à distinguer l’homme du mythe, même si je suis consciente des perspectives historiques différentes, après un moment, on pourrait prédire comment ça va finir. Et est venu un moment où je me suis un peu ennuyée.
Ceci dit, j’ai beaucoup aimé le regard sur le personnage. Amoureux des femmes, souhaitant leur faire plaisir avant tout, voulant une conversation, de l’esprit chez celle qu’il séduira, il apparaît dans cette bio un homme pas du tout misogyne. Libertin mais pas nécessairement complètement débauché. Ceci dit, malgré ses maîtresse ma foi toutes jeunettes, les mensonges, les arnaques et les charlataneries de tout acabit… il réussit à séduire. À travers les siècles.
10 Commentaires
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Pas fan du personnage ! Par contre, comment est-ce possible d’avoir fait un tel plongeon dans le temps jusqu’au 15 juillet ????
Manu: Ben oui, qu’est-ce que ça fait dans les feeds, ça! Aaaah, les joies bloguesques!
Le premier volume de l’Histoire de ma vie est là, n’attendant plus que le signal du départ en vacances.
Je trouve que cette petite collection de biographies chez Folio est très bien faite et si je n’ai pas de trop plein casanovien après l’été, j’irai bien jeter un oeil dans celui-ci. Merci du conseil.
Voyelle et Consonne: Oui, je trouve aussi ça très bien fait. Simple sans être simpliste. tu me diras si tu viens à bout de l’histoire de la vie du monsieur!
Je n’ai jamais réussi à m’intéresser à ce personnage et ton billet ne va pas me faire changer d’avis
Aifelle: Moi, c’est la légende qui m’intéresse. Ce qu’il y a derrière, comment ceci est devenu cela…
J’ai encore ‘Histoire de ma vie’ édité par le Club Français du Livre en 1966. Une collection de petit format, papier fin, reliure cuir, bleue pour Casanova, numérotée – nettement sous-estimée aujourd’hui (6 euros volume de la collection « Privilège »).
Casanova n’est effectivement pas misogyne – personne n’est parfait ! On peut remarquer que dans sa vie sentimentale, il a connu cent vingt-deux femmes, environ trois liaisons par an. Ce n’est pas un « collectionneur », il ne « magazine » pas les belles qui passent comme ça.
S’il est « libertin », c’est par amour de la liberté.
« J’ai aimé les femmes à la folie, mais je leur ai toujours préféré ma liberté. » (la citation est probablement exacte, Karine et moi, nous souffrons, en silence, du même mal) C’est dire.
Lou: Tout à fait d’accord avec vous. Il m’a semblé plus humain que la légende. Et moins détestable!
j’aime bien cette collection Folio
Denis: Je la trouve aussi très bien faite!