On pourra dire que cette lecture n’aura pas été une lecture facile. En effet, toute la virtuosité du roman repose sur la voix du héros (ou plutôt anti-héros… tres anti-héros), tueur en série génial qui luttera toute sa vie contre lui-même. Avec un succès tout relatif, comme vous pouvez vous en douter étant donné qu’au début du roman, Al purge une peine de prison à vie. Il reste complètement en retrait de ses sentiments et passe le temps en lisant des romans pour les aveugles. Et il décide d’écrire pour raconter sa vie.
Ce récit n’est pas une accumulation de faits sordides. Bien entendu, il y en a. On parle d’un tueur en série psychopathe/sociopathe/schizophrène (je ne sais pas trop, en fait… en tout cas, ça ne va pas bien du tout dans sa tête). Mais cette incursion dans son esprit se révèle à la fois dérangeante et fascinante. On sent l’escalade, le contrôle qu’il tente d’exercer sur ses pulsions, ses pensées et ce malgré la voix distante du narrateur, sa froidenr, son absence de remords. On ne se demande pas « si » mais « quand » et « comment » ça va exploser. Et malgré tout, étrangement (et ça, c’est un peu freakant), on ne parvient pas à détester tout à fait Al Kenner. J’ai eu plus d’antipathie pour sa mère que pour lui, c’est tout dire. Et la relation entre les deux est tellement malsaine que ça nous fait physiquement réagir.
Le narrateur nous entortille dans son histoire sans chercher à se rendre sympathique mais sans tout dire non plus. Sa pensée erre un peu, il tente de se comprendre d’un point de vue psychiatrique, analytique, de se libérer de l’étouffement qu’il ressent, de ne pas être ce qu’il est. Il jette aussi un regard étranger, externe sur la côte ouest américaine mythique des années 70, sur le Viet Nam, le mouvement hippie. les grandes routes et les les valeurs de l’époque.
Un roman qui déroute, qui dérange, parce que basé sur une histoire vraie, celle d’Ed Kemper et parce que le narrateur a réussi à tromper tout le monde, à déjouer les gens, professionnels ou non, à attirer la confiance. Ça fait froid dans le dos. Et on réalise qu’en tant que lecteur, malgré la vérité toute crue, on s’est peut-être un peu – juste un peu – faits avoir.
Une plume qui va droit au but, qui coule, et qui rend parfaitement cette histoire où s’entremêlent détails très réalistes et réflexions détachées sur la mort. Une rencontre réussie pour moi!
28 Commentaires
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Chroniqué en tout début d’année, je l’avais adoré! Je connaissais bien l’histoire, mais je me suis laissée porter par l’écriture et j’ai (presque) oublié où tout ça allait nous conduire. Et Dugain est un écrivain que j’aime beaucoup.
Lisa: J’ai été agréablement surprise, en tout cas… Ca frappe mais c’Est du bon.
J’adore Marc Dugain, celui-ci est dans ma PAL mais j’aimerais lire La malédiction d’Edgar avant !
Anne: La malédiction d’Edgar me tente bien aussi. C’est très tentant. Et je veux découvrir davantage de cet auteur.
Une bonne lecture pour moi! (et tu as raison, la mère , qui finit mal, on ne la plaint pas…)
Keisha: Tout à fait… on est limite contents!
Je suis tenté alors je le note.
Merci
Le Papou
Le Papou: Bonne idée!
J’ai bien l’intention de le lire bientôt celui-ci. Après ton avis et celui de Loesha, je suis obligée. Et puis, ce sera l’occasion pour moi de découvrir cet auteur.
Petite Fleur: C’est un auteur que je suis bien contente d’avoir découvert, en tout cas. Cet auteur est dérangeant. Cette histoire est dérangeante. Mais j’ai aimé.
J’avais lu la Malediction d’Edgar, de ce même Dugain.
Tietie007: Et tu avais aimé?
Un très bon roman sur un sujet tant rebattu.
Alex: Je ne connaissais pas vraiment, en fait….. du coup, j’ai apprécié ma lecture.
j’ai noté cet auteur à lire
Denis: C’Est une étonnante expérience que cette lecture.
Très envie de le lire celui-ci !!!! Mais j’hésite avec celui sur le patron de la CIA !!!
Manu: Le patron de la CIA me tente beaucoup beaucoup aussi!
Il me faisait envie depuis un moment… du coup je me le suis offert il y a peu. J’espère que j’aimerais autant que toi !
Noukette: J’Espère aussi que tu aimerais autant!
bbbrrrrrr ça fait un peu peut à lire comme ça… je ne sais pas si c’est bien pour moi comme roman
Yue: Ca fait froid dans le dos… le personnage est… particulier.
Celui-là aussi me tente !
GeishaNellie: C’est glaçant… et la narration est très particulière vu qu’il ne nous dit que ce qu’il veut bien nous dire!
Ce furent des retrouvailles réussies pour moi aussi. Je pense même que c’est mon préféré des trois romans que j’ai lus de lui.
Valérie: Il dérange, en tout cas. Moi j’ai été vraiment à l’envers après!
J’ai biem aimé le style de l’auteur, mais j’ai de la misère à me prononcer sur l’histoire en tant que tel. Un avis mitigé donc, mais une plume qui donne le goût de lire la livre jusqu’à la fin.
Amiedeplume: Sur une telle histoire, difficile de se prononcer, en effet… j’en suis sortie triste, je dirais.