Ann d’Angleterre – Julia Deck

J’avais en tête cette année de lire les principaux prix littéraires pour un concept vidéo. Bon, le concept vidéo a pris le bord (avec les vidéos en général, je pense), mais j’ai quand même lu Ann d’Angleterre.

De quoi ça parle

La mère de Julia Deck a fait un AVC. Elle est restée 28 heures sans pouvoir se lever sur le sol de sa cuisine avant que Julia ne l’y trouve. Le pronostic est sombre. Pendant qu’elle se débat dans les méandres des hôpitaux et des unités de gériatrie, elle se rappelle sa mère et raconte son histoire, à laquelle il manque des cahiers.

Mon avis

Si vous me suivez depuis un moment, vous savez que je suis toujours touchée par les récits au sujet des personnes âgées. J’aime me faire remettre en pleine face qu’elles ont été jeunes, qu’elles ont vécu et aimé. Peut-être parce que ça nous pend tous au bout du nez. Bref, Julia Deck nous raconte ici sa mère, une femme née en Angleterre, qui a fui en France, s’est baladée, s’est mariée et a souffert. Elle a aussi eu une fille, avec qui les relations ne sont pas toujours simples, les deux femmes ne réussissant pas toujours à se rejoindre et à communiquer. Ann était une femme secrète et maintenant qu’elle ne peut plus parler (ou presque), sa fille tente de mieux la cerner et surtout de retrouver la femme qu’elle était dans celle qui la regarde maintenant de son lit, avec de l’eau gélifiée sur le menton.

Nous avons donc un roman très bien écrit, à la narration qui passe du « je » au « elle » dans les parties au passé. Une fille recherche sa mère, qu’elle voit comme une étrangère, dans tous les sens du terme. Comme quoi l’amour n’a pas qu’une seule forme. Mais c’est aussi une rencontre difficile avec le système de santé, ses failles et ses incohérences. Entre les tracasseries administratives, les gens désabusés (et ceux qui ne le sont pas) et le manque de services, elle se retrouve dans la peau d’une proche aidante complètement perdue comme dans la maison qui rend fou. Cette analyse est à la fois touchante et cynique et elle joue avec les noms propres pour refléter ses sentiments par rapport aux gens et au système. Rempli de failles, le système. Et si c’est comme ici, ça ne s’améliore pas.

C’est autobiographique, c’est une histoire de famille et le reflet d’une époque révolue où certaines choses aberrantes étaient presque normales et où on balayait volontiers sous le tapis ce qui pourrait faire honte à la famille. Ann était une transfuge de classe, toujours plongée dans un livre et c’est d’ailleurs la littérature qui va soutenir le lien mère-fille. J’ai beaucoup aimé mais comme presque tous les autres romans de l’autrice sont spoilés dans celui-ci… je vais attendre d’oublier!

1 Commentaire

  1. J’ai aimé que l’auteure nous parle de ses précédents ouvrages (même si je ne les avais pas tous lu).

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